𝑀𝑢𝑟𝑑𝑒𝑟(𝘩)𝑒𝑟 〕 𝑡𝑎𝑒𝑔𝑔𝑢𝑘

𝗖𝗵𝗮𝗽𝗶𝘁𝗿𝗲 𝟰𝟱 🀵 🀶

Taehyung

Je ne crois pas qu'il soit possible que du sang se change en glace. Pourtant, en cet instant précis, lorsque les mots s'élèvent à peine des lèvres du père de Jungkook, c'est la sensation que j'en ai.

Mon être entier se fige contre le dossier rembourré de la chaise style régence cannée. J'en tremblerais si mes cuisses n'étaient pas autant fichées contre le matériau luxueux.

Ma bouche s'assèche, et je suis tant criblé par la surprise que je n'ai plus la force d'écarquiller les yeux.

Trop de questions se chevauchent dans mon esprit. Il m'est devenu impossible d'espérer faire un quelconque tri.

Comment ? Pourquoi ? Depuis quand ? Et surtout, pourquoi personne n'en a jamais parlé à Jungkook avant ?

J'aurais pu le soupçonner de savoir quelque chose, étant donné qu'on parle de ses parents, mais quand je tourne les yeux vers lui, son visage est autant tétanisé que le mien.

Il est même révolté.

« Je... Je vous demande pardon ? s'écrit-il, les tonalités de sa voix partant dans les aigües sous le choc de cette révélation digne d'un polar. »

Frisson, exaltation, émerveillement et réjouissance auraient pu être au rendez-vous et ébranler la pièce entière, mais non.

Seules des houles de colère et d'amertume s'échappent par ondulations puissantes de l'aura de Jungkook.

« Vous avez ce bijou en votre possession, et vous ne l'avez jamais remis aux autorités ? Vous n'en avez jamais parlé à personne ? Pourquoi ? Pourquoi, vous... »

Jungkook se tait, incapable de poursuivre sans tempérer ses émotions. Des larmes de frustration commencent à perler aux coins de ses yeux.

Je préfère rester muet, et ne pas interférer dans cette affaire commune devenue soudain familiale. Pour autant, mes gestes en disent bien plus que n'aurait pu le faire ma langue, quand je viens poser ma main sur la cuisse Jungkook.

Elle l'englobe presque tout entière, tandis que je m'emplois à faire de délicats cercles près de son genoux.

« Jungkook, ce n'est pas aussi simple, inspire Fred en se pinçant l'arête du nez. »

Sa mère garde le regard baissé vers son verre, les mains à plat sur ses cuisses.

Ses épaules sont voutées, preuve qu'elle savait quelle serait l'échéance s'ils choisissaient de tout nous dévoiler, avec son mari.

« Sans vouloir vous manquer de respect, commencez peut-être par nous dire comment vous vous êtes retrouvés avec ce bijou entre les mains, clamé-je avec un calme presque surnaturel au vu de tout le fourmillement qui grouille dans mes pensées. »

Mon intervention a l'air d'étancher la situation tendue qui pourrait presque faire se craqueler les murs de la maison.

Jungkook se détend un peu plus, tandis que ses parents n'hésitent pas à se redresser pour affronter nos regards à tous les deux.

Le mien raide, celui de Jungkook aliéné.

« Il nous vient de ton grand-père, entonne dans un murmure son père, comme si les murs avaient des oreilles. C'est la reine qui le lui a donné peu avant sa mort. Elle lui a même adressé une lettre, que j'ai toujours conservée.

— Mais... Grand-père était un ouvrier, émet Jungkook, le front plissé. Comment un homme comme lui a pu obtenir un bijou pareil de la main de Victoria ?