𝗖𝗵𝗮𝗽𝗶𝘁𝗿𝗲 𝟰𝟵 🀵 🁒

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Jungkook


Le pronostic vital est engagé.

Les bruits des machines m'étourdissent quand je pénètre dans le bloc, toutes perceptions du monde alentour effacées.

J'y vois sans voir. Je sens sans sentir. Je touche sans toucher, comme dans un état second.

Mais ça ne dure qu'une fraction de seconde à peine. Quand je fais face à la table d'opération, tout me revient en pleine tête comme un boomerang.

Comme si on venait de baisser le son de la sono, et qu'on le remontait d'un coup.

J'entends mes collègues discuter, le matériel qui tinte contre les récipients, l'odeur des gaz chirurgicaux quand ils en ouvrent les sachets stérilisés.

J'essaie de respirer convenablement, et me mets au travail.

Assisté pendant toute l'opération, je m'occupe de Taehyung, concentré comme je ne l'ai jamais été.

Mes mains enfermées dans le latex ne tremblent pas, ma voix est stable, mes mots compréhensibles.

Je manie les outils de chirurgie avec aplomb et certitude.

Je ne m'en pensais pas capable mais visiblement, le professionnel qui sommeille en moi sait quand il doit refaire surface, et comment.

« Il a un pneumothorax traumatique. Il va me falloir des sondes, un tube thoracique pour drainer l'air, et il faut que je referme aussi le tissu pulmonaire. »

Je donne les directives, et ressens soudain le manque de la présence d'Emma me frapper en plein visage.

Je vacille légèrement sur mes pieds, cligne des yeux, perdu, et regarde devant moi à la recherche de sa silhouette familière.

Mais rien.

La seule chose que je perçois, ce sont tous les autres qui s'activent autour de moi pour maintenir Taehyung en vie, dont la jauge vitale s'affole sur l'électrocardiogramme.

Mais je reste malgré tout optimiste, puisque dans son malheur, il a eu de la chance.

Je devrais remercier Eda de ne pas savoir viser, étant donné que les deux premiers coups de couteaux qu'elle lui a infligés n'ont causé que peu de dégâts.

Le troisième par contre, est plus mortel. Il lui a touché les poumons et lui a fait perdre des litres de sang considérable en plus de le priver d'oxygène.

« Johns, refermez cette plaie, juste ici. Davies, tenez l'aspirateur chirurgical près du poumon perforé. Evans, vous vous allez m'aider à recoudre les parois, tout en veillant à ne pas introduire de fluides dans l'espace pleural. »

Je les regarde tour à tour, le visage fermé, sérieux. Ils acquiescent tous, et se mettent au travail après avoir terminé de brancher Taehyung au concentrateur d'oxygène.

Mais même avec un masque sur le nez pour aider ses troubles respiratoires, sa poitrine se soulève à peine.

Je tremble face à la terreur que cette opération m'inspire, puis me reprends la seconde qui suit en me mordant fort la joue pour ne pas pleurer.

Pas maintenant. Pas s'il reste une chance de le sauver.

Un scalpel dans une main, un écarteur dans l'autre et six mains de spécialistes autour de moi pour m'assister, j'inspire lourdement et entaille la poitrine de Taehyung avec assurance, prêt à entamer l'exploit qui fera de moi un héros, ou un tueur.


***

Je n'ai plus d'ongles à me ronger. Assis dans la salle d'attente, les avants bras couverts de sang à plusieurs endroits, j'attends.

𝑀𝑢𝑟𝑑𝑒𝑟(𝘩)𝑒𝑟  〕  𝑡𝑎𝑒𝑔𝑔𝑢𝑘Où les histoires vivent. Découvrez maintenant