𝗖𝗵𝗮𝗽𝗶𝘁𝗿𝗲 𝟰𝟲 🀵 🀷

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Jungkook


Colette Jane Duval Cross -Cross étant le nom de feu son mari-. Première du nom, si je puis dire. Et le dernier, je l'espère.

Je n'ai jamais pensé qu'énoncer son prénom puisse me procurer autant de frissons de dégoût.

J'aime cette femme comme ma grand-mère. Je me refuse à employer le passé, puisque c'est inutile. On ne cesse pas d'aimer quelqu'un par la seule force de sa volonté.

Sinon, il y aurait moins de cœurs brisés qui joncheraient les ruines des cimetières amoureux.

Mais j'aime Colette, et au fond de moi, perdu dans les limbes d'un déni que je refuse de dissiper, j'espère me tromper.

Que ce n'est qu'une coïncidence. Que rien de tout ça n'est réel.

« Arrête Jungkook. Tu fronces tellement les yeux que tu vas les faire exploser.

— Et toi tu devrais regarder la route, je rétorque sans aucune pointe de douceur dans la voix, à cran.

— Tu es plus intéressant que cette route bétonnée. »

Lentement, je souris. Ça ne m'enlève en rien mon agacement et ma frustration apparente, mais j'esquisse un sourire quand même, ce qui déclenche automatiquement celui de Taehyung.

Comme si nous étions les mêmes gouttes d'eau. Le même reflet d'un miroir. Les mêmes piliers d'un temple.

« Ralentis s'il te plaît, je vais être malade sinon, je lui demande après un moment, conscient qu'il dépasse la limite de vitesse autorisée depuis que nous avons quitté la maison de mes parents. »

Après la découverte du nom de la mère de Colette, nous avions tout de suite voulu rentrer avec Taehyung pour confronter la vieille femme.

Mais mes parents, plus avisés et réfléchis, nous avaient plutôt enjoints à profiter de Noël et du repas, et d'y aller après.

Ma mère me connaissait plus que quiconque. Si je partais le ventre vide, je n'irais pas bien loin.

Je peux devenir très aigri et méchant quand j'ai faim. Elle aime d'ailleurs dire qu'ainsi, je ressemble à mon père. Ce qui tout de suite irrite celui-ci, qui tente à chaque fois de lui prouver par A + B qu'elle a tort.

« Pourtant, ta bidoche qui dépasse de ton pantalon parle pour toi, répond-t-elle à chaque fois, provocant mon hilarité. »

« Excuse moi, admet Taehyung qui lève le pied pour permettre à l'engin de ralentir. »

La route est calme, lui permettant pendant une brève seconde de tenir le volant à une main, et de passer ses doigts las dans ses cheveux pour y remettre de l'ordre.

Il soupire, observe le soleil qui commence peu à peu à se coucher derrière la cime des arbres qu'on aperçoit par la vitre de la voiture, et reporte ensuite son regard concentré sur la route.

Nous ne nous sommes pas dit grand-chose depuis que nous avons quitté mes parents, juste après avoir bu un fond de champagne et ouverts nos cadeaux respectifs.

Nous n'en ressentons pas l'utilité. Nous pensons la même chose.

Tout cela doit s'arrêter, et nous avons décrété que ce serait ce soir. J'en suis si certain au fond de moi que je ne pense même pas à la possibilité que ça ne puisse pas se faire.

« Tu penses qu'Eda a un lien avec tout ça ? prononce doucement Taehyung en modérant le ton grave de sa voix pour qu'elle se mêle délicieusement à la musique instrumentale qui sort de la radio.

𝑀𝑢𝑟𝑑𝑒𝑟(𝘩)𝑒𝑟  〕  𝑡𝑎𝑒𝑔𝑔𝑢𝑘Où les histoires vivent. Découvrez maintenant