𝑀𝑢𝑟𝑑𝑒𝑟(𝘩)𝑒𝑟 〕 𝑡𝑎𝑒𝑔𝑔𝑢𝑘

𝗖𝗵𝗮𝗽𝗶𝘁𝗿𝗲 𝟯𝟬 🁙 🁙 🁙

Taehyung

« Aïe ! »

Je m'excuse d'une voix basse et libère doucement la cheville de Jungkook après y avoir appliqué une bonne dose de crème pour le soulager.

Emmitouflé dans un gros plaid qui traînait sur la couette matelassée du lit, j'entrevois à peine son visage entre les contours du tissu duveteux.

Il grelotte encore suite à l'averse glaciale que nous nous sommes pris juste après avoir fui le château, en courant comme des acharnés.

« Tiens. »

Après nous avoir débarrassés de nos habits trempés pour en enfiler des plus confortables et des plus chauds, je suis allé demander à la réception s'ils pouvaient nous préparer justement des boissons pour achever de réchauffer nos os gelés.

À mon retour, un plateau dans les mains contenant nos chocolats chauds dont la délicieuse odeur n'a pas tardé à emplir la chambre, je ne m'attendais pas à retrouver un Jungkook tout recroquevillé contre les coussins du lit, une main autour de la cheville.

La chute l'avait blessé, mais il n'avait émis aucune plainte de douleur pendant toute la course aux nuances irréelles que nous avions entrepris pour échapper aux agents de sécurité du château.

Préoccupé par le gonflement de son pied, je m'étais alors empressé de venir le soulager après avoir fouillé dans le kit de secours présent dans la salle de bain.

« Attention, je lui intime en lui tendant l'anse de la tasse, la porcelaine autour étant brûlante. »

Jungkook acquiesce, puis s'en saisit avec une avidité apparente malgré mon avertissement.

Il tremble encore malgré ses vêtements secs et épais, et s'empresse de prendre une gorgée de son chocolat même si une fumée consistante s'en échappe.

« Je suis désolé, je murmure en réajustant le plaid sur son épaule, faisant fi de nos corps rapprochés et du sentiment belliqueux qui enflamme mon sang.

— Ne le sois pas. Je me suis juste mal réceptionné, me rassure-t-il, en déposant sa tasse sur la table de nuit après en avoir bu de longues gorgées. »

Il s'essuie la bouche du revers de la main et resserre le plaid autour de son corps, qui s'est peu à peu calmé.

Dehors, des petits flocons de neige aussi légers que de la peluche papillonnent dans le vent, jusqu'à se déposer sur les trottoirs goudronneux, les toits métalliques des voitures, les bonnets laineux des passants, ou bien le rebord des fenêtres.

Instinctivement, je réaffirme ma prise sur ma tasse et cesse d'observer cette poussière de nuage qui tourne gaiement dans le fuseau doré et lumineux du lampadaire présent juste à côté de notre lucarne.

« Donc, qu'est-ce que tu as vu sur ce papier ? »

Jungkook, dont la nuque est penchée en arrière contre la tête de lit, se redresse de quelques centimètres en fronçant les sourcils pour s'en souvenir.

« Ce couple d'aristocrates, les Walls, commence-t-il pour reposer le contexte, ils étaient très proches de Victoria. Tu l'as vu.

— Pas vraiment, mais...

— Taehyung, me rabroue-t-il pour que je conserve mon sérieux. »

Je retiens un rire et lui fais un petit signe pour qu'il continue.

« Tu l'as vu sur le papier, insiste-t-il. À l'époque, il n'était pas rare d'avoir des dames de chambre ou de compagnie avec qui on était très proches. Mais avec d'autres nobles, c'était plus anodin.