𝑀𝑢𝑟𝑑𝑒𝑟(𝘩)𝑒𝑟 〕 𝑡𝑎𝑒𝑔𝑔𝑢𝑘

𝗖𝗵𝗮𝗽𝗶𝘁𝗿𝗲 𝟮𝟭 🀳 🀲

Taehyung

« Vous ne savez pas à quoi il ressemblait ? »

Le commissariat sent fort le café. Cette odeur est mélangée à d'autres, moins proéminentes, qui viennent des différentes personnes qui vagabondent dans le bâtiment.

Gel douche, transpiration, fragrances de parfum sucrées, chimiques. Il y en a pour tous les goûts.

« Je viens de vous le dire, répète Jungkook en articulant platement, de plus en plus agacé par l'air las et flegmatique qu'affiche le policier devant nous. Il portait une capuche qui masquait son visage, et il était habillé en noir. »

De nouveau, et cela depuis que nous sommes entrés pour déposer notre plainte, l'homme soupire et dépose de manière nonchalante son calepin et son crayon sur la table qui nous sépare.

Nous sommes installés face à son bureau blanc, dans une petite alcôve séparée des autres, mais de peu, nous permettant de bénéficier d'une intimité limitée.

« Écoutez..., commence-t-il en se massant les tempes, nous ne pouvons rien faire si nous n'avons aucun indice sur la personne qui vous a agressés.

— Alors, quoi ? »

Mon ton ferme, immuable, et rêche, claque dans l'atmosphère en un signe d'un profond agacement que je ne sais masquer.

Jungkook me lance un léger regard d'avertissement, mais je n'en ai cure. Je l'ignore, les bras croisés sur mon torse, les yeux imbriqués violemment dans ceux de mon vis-à-vis.

Tout cela commence à devenir lourd et ennuyant.

Même si nous sommes en week-end, j'ai autre chose à faire que passer ma matinée avec un type qui se moque bien de ce qu'on peut lui délivrer comme témoignage.

« Monsieur Kim, reprend-il durement lui aussi, comme s'il avait besoin de montrer qui impose la loi sur son lieu de travail. Je fais de mon mieux pour vous aider, mais je ne peux pas faire de miracle, surtout quand nous possédons si peu d'informations sur l'agresseur. Je ne suis pas devin.

— Ça, c'est certain. »

Je me retiens de ricaner devant tant d'imbécilité et de tour de force qui ne m'impressionnent pas le moins du monde.

À la place, je commence à me redresser, prêt à quitter cet endroit trop lumineux et inintéressant.

Mais ça n'a pas l'air d'être au goût du professionnel, puisqu'il reprend son stylo entre son pouce et son index pour le tapoter sur son carnet de notes.

« Il y a une chose que je ne comprends pas, fait-il en nous observant tour à tour. »

Jungkook, depuis le début très coopératif, et sûrement très intimidé, reste sagement assis à sa place, les mains à plat sur ses cuisses, le regard attentif.

« Qu'est-ce que vous faisiez dans les archives, à une heure aussi tardive ? »

Mon sang ne fait qu'un tour au moment où je vois où il veut en venir. Quelque part, il essaie de nous incriminer.

Il doit aussi évidemment chercher des réponses à toute cette situation, mais je vois au travers de ses yeux arides et vifs, qu'il veut surtout nous mettre certaines choses sur le dos.

Comme si c'était de notre faute si on s'était fait agressés, parce qu'on n'était pas restés tranquillement chez nous à regarder le programme TV.

Bon, c'est aussi vrai dans un sens. On a voulu continuer cette enquête coûte que coûte, et se rendre sur le lieu de la mort d'Emma. On connaissait les risques.