𝗖𝗵𝗮𝗽𝗶𝘁𝗿𝗲 𝟵 🁒

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Jungkook


Les franges nacrées de la robe d'Emma effleurent le sol lustré du bar quand elle se baisse pour ramasser le fume-cigarettes qu'elle vient d'échapper.

Elle soupire, agacée, et se redresse en remontant ses verres sur son nez en reniflant.

« Il ne viendra pas, Jungkook. »

Occupé à fixer l'entrée du bar, empêtrée par divers corps qui se pressent à la fois pour aller fumer dehors, mais aussi pour rentrer à l'intérieur vu le froid qui règne dans la rue, je me détourne, et reprends une gorgée de ma bière.

Un sourcil arqué, je pince les lèvres quand le liquide pétillant et alcoolisé descend dans ma gorge, et pousse un faible « aaah » de contentement lorsque ma bouteille revient se déposer sur le dessous de verre.

À l'effigie du Ricard, il ne rend pas vraiment hommage à ma Heineken.

« Mais si. Kim n'est pas du genre à faire des promesses en l'air. »

Emma en doute vu l'expression médisante qui lui fait faire la grimace, mais n'ajoute rien en observant la rondelle de citron accrochée au verre de son cocktail.

Ce dernier est une spécialité de la maison, apparemment.

Déjanté, pétillant, aux mille et une couleurs flamboyantes, le bar n'est pas du tout comme je me l'imaginais.

Je me dessinais un paysage médiocre, détérioré par le temps, et habité par de nombreux amoureux de la boisson venus noyer leur chagrin dans une flopée de bières plus étourdissantes les unes après les autres.

Je n'imaginais en rien les tableaux expressifs qui décorent les murs, ni toutes les guirlandes aux ampoules jaune vives qui courent au plafond et autour des piliers de plusieurs lampadaires.

Les étagères derrière le barman sont pleines de bouteilles d'alcool de collection, que le patron semble avoir amassées tout au long de ces dernières années, et même avant.

« 1762 ! s'exclame soudain Emma, en pointant un flacon de Cognac du doigt, dont les joues rouges pourraient se fondre dans la nappe orientale qui couvre le bois du bar sur lequel nous sommes avachis.

— Impressionnant, pas vrai ? »

Le barman, dont les mains sont occupées à nettoyer plusieurs verres au-dessus de l'évier encombré, s'adresse à nous malgré son dos qui nous fait face.

« Est-ce que c'est la fameuse bouteille, la plus chère du monde, vendue à Londres à 132.000 Livres Sterling il y a de nombreuses années ?

— C'est celle-là même, lui répond-il en riant, avant de se retourner en jetant son torchon sur son épaule. C'était un rêve pour le patron de l'acheter. Alors, il s'était promis que le jour où il parviendrait à l'acquérir, il créerait son propre bar. »

Emma semble pendue à ses lèvres, ses yeux brillants accrochés à ceux, joueurs, de l'homme face à nous.

Avec son teint basané, sa peau aussi lisse que du caramel, et ses cheveux afro relevés sur sa tête en un maigre chignon, il est beau garçon.

Un tablier lui enserre la taille et se marie à merveille avec le costume professionnel qu'il porte dessous.

« Vous mentez. »

Un sursaut ébranle ma cage thoracique quand la voix de Kim résonne, caverneuse et profonde, juste derrière moi.

Emma tente de l'ignorer, les pupilles en phase avec celles du barman, et sourit bêtement avant de se redresser comme si elle venait de se rappeler de l'endroit où elle se trouve.

𝑀𝑢𝑟𝑑𝑒𝑟(𝘩)𝑒𝑟  〕  𝑡𝑎𝑒𝑔𝑔𝑢𝑘Où les histoires vivent. Découvrez maintenant