Chapitre 15

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« La dispute alimente la dispute et engloutit ceux qui s'y plongent », Sénèque

ELISABETH

— Nous pouvons y aller, je suis prête, annoncé-je à ma sœur et Antoine lorsque je sors de ma chambre pour les rejoindre dans la pièce principale.

Plongés dans une grande conversation qu'ils marmonnent, ils ne semblent pas m'avoir entendu ni vu. C'est pourquoi je me racle la gorge pour leur signaler ma présence et, cette fois, ils ne parlent plus, mais leur mine grave m'inquiète.

— Tout va bien ? leur demandé-je.
— Allons à la messe avant d'être en retard, mais au retour, il faudra que nous parlions, Elisabeth, me prévient ma sœur.
— D'accord, approuvé-je, légèrement angoissée.

Ce n'est qu'à ce moment-là que je remarque l'absence de mon neveu et de ma nièce.

— Où sont les enfants ?
— Avec Claudine. Allez, allons-y avant d'être en retard.

Je n'aime pas du tout cette atmosphère tendue. Pourquoi me semblent-ils... en colère ou du moins pas contents de quelque chose ? Il me tarde que la messe soit terminée pour avoir le fin mot de cette histoire.

🔆🔆🔆

Je n'ai pas pu m'empêcher de sourire tout le long de la messe lorsque j'ai vu qu'Annabeth et Edouard étaient présents. Revoir celui pour qui mon cœur bat plus fort m'a fait tout drôle et m'a surtout ramené à sa première leçon d'hier, dont j'ai rêvé toute la nuit. Après cela, à la sortie de la chapelle, Françoise m'a proposé de venir boire le thé dans ses appartements en compagnie de ma nouvelle amie, mais me rappelant de la discussion que voulait avoir Louise, j'ai gentiment décliné l'invitation.

— Alors, comment ça s'est passé hier avec mon frère ? m'interpelle Annabeth avant que je n'aille rejoindre Louise et Antoine.

Je rougis à l'évocation de l'après-midi d'hier.

— C'était... très intéressant, hésité-je.

Le sourire de la jeune anglaise naît, mais malheureusement je n'ai pas le temps de m'épancher car Louise m'appelle, m'invitant à les suivre. À contre-coeur, je quitte mon amie et marche derrière ma soeur qui, quand nous dépassons Edouard, mettant mon coeur à rude épreuve, lui envoie un regard noir qui me coupe le souffle. Et si... ? Je secoue la tête, non, impossible.
Je passe à mon tour à côté de lui et pendant un bien trop court instant, nos mains se frôlent, mais cela est suffisant pour me donner des frissons dans l'entièreté de mon corps.
De retour dans les appartements, l'angoisse m'envahissant soudain, j'essaie d'esquiver la future conversation en me réfugiant dans ma chambre dans l'idée de jouer du piano, mais la voix de ma soeur m'interpelle :

— Restez-ici, s'il vous plaît.

Je me fige et me retourne vers elle. À côté de son époux, ils sont tous les deux debout et me regardent avec attention, je me sens épier de toute part.

— Laissez-nous, vous autres, ordonne Antoine à Jeanne et Marie.

Celles-ci ne se font pas prier et quitte les appartements.

— Pourquoi ne pas nous avoir rejoint hier après-midi, quand nous étions dans les jardins avec les enfants ? me demande Louise, calmement, une main d'Antoine dans la chute de ses reins.

D'abord, je fronce les sourcils, déroutée par sa question. Mon cœur comprend avant mon cerveau, si j'en crois son accélération soudaine. Puis, c'est limpide dans ma tête. Non... ce n'est pas possible, comment elle a pu... être au courant ? Je n'ai justement gardé aucun témoin pour être tranquille ! Cependant, pas certaine que ce soit de cela dont elle veut parler, je décide de déformer la réalité :

Vices à Versailles - S'aimer est interdit tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant