Chapitre 1

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« Avoir une sœur, c'est comme avoir une âme divisé en deux corps », Anonyme

ELISABETH

Cela fait maintenant deux jours que je me trouve à la cour et même si parfois, j'ai encore un peu de mal, je m'y acclimate plutôt bien. En bonne grande sœur, Louise m'a inculqué toutes les règles de bienséance à savoir ainsi que le règlement de l'Étiquette qui indique, en partie, comment nous, courtisans, devons nous comporter en présence du Roi. Elle m'a même appris quelques noms de nobles que je dois éviter et parmi eux, évidemment, la Marquise de Montespan.
Aujourd'hui, nous profitons qu'il fasse enfin beau pour sortir du château, j'ai de suite accepté quand elle m'a proposé une promenade dans les jardins, rien que toutes les deux, Antoine étant occupé à faire je ne sais quoi avec Philippe. Mais avant cela, je tenais absolument à aller voir la Galerie des Glaces, qui était, il y a encore un an et demi, une grande terrasse ouverte donnant directement sur les jardins.

— C'est extraordinaire, commenté-je en tournant sur moi-même, pour ne rien rater de cette salle exceptionnelle avec ses plus de trois-cents miroirs, ses lustres majestueux et ses splendides peintures.
— Oui, c'est magnifique, commente Louise, ses deux mains sur son ventre.

Beaucoup de personnes se croisent en ce lieu, nous tombons même sur Madame de Maintenon.

— Bonjour Majesté, la salué-je quand elle passe à côté de nous.

Elle s'arrête net et se retourne vers nous. Elle me porte un regard que je n'arrive pas à interpréter avant de se tourner légèrement vers Louise.

— Bonjour, Duchesse.
— Bonjour, madame. Permettez-moi de vous présenter ma petite sœur, Elisabeth. Elle est arrivée il y a deux jours.

Madame ? Pourquoi l'appelle-t-elle ainsi ? Elle est tout de même la deuxième épouse du Roi, je doute que c'est judicieux de l'appeler ainsi. Pourtant, Louise n'est pas du genre à se tromper de la sorte.

— Bonjour, Elisabeth, me salue-t-elle d'un sourire. Je ne suis pas Reine, vous n'avez pas à m'appeler Majesté, mais j'apprécie le geste.

Je m'étouffe avec ma salive, honteuse. Mais oui, suis-je bête ! Pourtant Louise me l'a dit, qu'elle ne portait pas le titre de Reine de France, mais seulement d'épouse du Roi.

— Alors... je dois vous appeler Votre Altesse ?

Elle grimace, ce qui me fait rire.

— Un simple madame suffira. Et je vous prie, pas de révérence.

Je hoche la tête. Elle me semble sympathique et très humaine, j'espère avoir la chance de la connaître un peu plus amplement.

— Comment se passe votre grossesse, Duchesse ? s'intéresse-t-elle.
— Très bien, madame. Ma soeur et moi allions nous rendre dans les jardins, voulez-vous vous joindre à nous ?
— Non, c'est gentil. Je vais vous laisser en famille.

Elle nous adresse un dernier sourire avant de partir dans le sens opposé.
Ma soeur et moi descendons dans les jardins où ici encore, il y a beaucoup de monde. Ce lieu est majestueux, encore mieux que ce que m'avait décrit Louise.

— Suivez-moi, je vais vous montrer le bosquet des trois fontaines, il est splendide, m'intime Louise en me prenant la main.
— Cela ne va pas faire trop pour vous, cette marche ? m'inquiété-je.
— Ne vous en faites pas, ce n'est pas très loin.
— Vous auriez dû prendre votre éventail.
— C'était inutile, il ne fait pas très chaud.

Elle s'arrête et pose ses mains sur mes épaules en me souriant.

— Elisabeth, c'est très gentil à vous de vous inquiétez pour ma santé, mais je vous promets que je vais bien. Venez, les trois fontaines sont par là.

Vices à Versailles - S'aimer est interdit tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant