Chapitre 41

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« Il faut vaincre [...] la colère par le sang-froid [...] », Miguel de Cervantes

EDOUARD

— Comment va votre blessure ? me demande ma mère en me servant une tasse de thé.
— Mère, tout va bien, ce n'est rien, je vous assure, soupiré-je.

Cela fait deux jours qu'elle me pose cette question plusieurs fois par jour. Depuis mon altercation avec le fils illégitime du Roi ; Bryony, Comte de Cheshire. Trop malheureux à cause de son mariage gâché avec Annabeth, il est venu ici pour venir régler ses comptes avec moi et me le reprocher, disant que tout est de ma faute. Il m'a donné un coup à l'arcade qui a beaucoup saigné, mais depuis, ça va beaucoup mieux, mais Mère ne cesse d'être inquiète.

— Mais vous avez tellement saigné ! Laissez-moi regarder.

Je soupire une nouvelle fois, mais accepte car de toute façon, me battre avec elle serait vain.

— Oui, bon, ça a l'air d'aller, conclut-elle.
— Je vous l'avais dit.

Je prends ses mains dans les miennes.

— Mère, cessez de vous en faire, je vais bien, je vous assure.
— Je vous prie de m'excuser, mon fils, je sais bien que je suis trop sur votre dos, mais je m'inquiète tellement pour vous.
— Il ne le faut pas, vraiment.
— Bien sûr que si ! Vous avez été accusé de trahison par le Roi de France, si votre amoureuse n'avait pas eu le courage de vous libérer, j'aurais perdu l'un de mes fils ! s'exclame-t-il. Mais en plus de cela, notre souverain a refusé la libération de votre frère, il a forcé votre sœur a épousé un homme qu'elle n'aimait point et vous, vous êtes brouillés avec elle. Je n'aime pas cela, Edouard.

Je prends son visage en coupe, lui caresse les joues et la regarde dans les yeux.

— Malgré cela, je vais bien, Mère, cessez de vous en faire.

Elle secoue la tête et, du pouce, je rattrape une larme qui coule le long de sa joue. S'il y a bien quelque chose que je ne supporte pas, c'est voir ma mère malheureuse, surtout alors que c'est en partie de ma faute.

— Non, cessez de me mentir, Edouard, je sais très bien que ce n'est point le cas. Enfin, vous n'avez même pas assisté au mariage de votre sœur et voilà près d'une semaine que vous refusez de lui parler ! Et cette petite française, Elisabeth, vous manque beaucoup, je le vois.
— En effet, elle me manque, mais je m'inquiète aussi pour elle. J'espère qu'elle est en sécurité, mais depuis que je suis de retour en Angleterre, je ressens comme un... poids dans ma poitrine, comme un mauvais pressentiment et je n'aime pas cela. Et quant à Annabeth... disons que j'ai encore besoin de digérer, mais vous vous méprenez si vous me pensez insensible à son sort. Croyez-moi, en échouant volontairement à ma mission, je n'ai jamais souhaité qu'elle soit mariée de force à ce Lord qui ne m'inspire pas confiance. Je pensais être le seul à avoir des répercussions, mais je...

Je me passe la main derrière le crâne.

— C'est de ma faute si Anna' est malheureuse dans son mariage et pour cela, je m'en excuse et m'inquiète pour elle, mais... je préfère rompre le dialogue avec elle pour le moment.
— Oh, mais Edouard, tout ce qui arrive n'est point de votre faute.

Je lui envoie un regard furibond et me lève, furieux.

— Si, bien sûr que si, Mère ! Si je n'avais pas saboté ma mission, papa serait de retour parmi nous et Annabeth aurait épousé l'homme qu'elle aime et Elisabeth...

Je pose de nouveau mes yeux sur les siens.

— Tout est de ma faute, Mère, et désormais, je vais devoir vivre avec cette culpabilité.

Vices à Versailles - S'aimer est interdit tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant