Chapitre 30

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« Rien n'est jamais sans conséquences [...] », Confucius

EDOUARD

Dépité, j'abaisse mon violon ainsi que mon archet. Cela ne sert à rien de forcer, je n'arrive pas à me mettre à la musique aujourd'hui, mon moral n'est pas assez bon. Je décide donc de ranger mon instrument dans sa protection puis je sors de ma chambre pour rejoindre la pièce principale. Là, se trouve ma sœur, assise sur le divan, en train de lire un livre. Elle semble concentrée. Lentement, je m'approche, mais quand elle détecte ma présence, elle claque son livre avec force et se lève sans l'ombre d'un regard pour moi. Je soupire et passe une main à l'arrière de mon crâne.

— Anna'...

Mais elle ne répond pas et se dirige vers sa chambre en claquant la porte. Une nouvelle fois, je soupire. Ce n'est pas vrai... Depuis que je lui ai parlé de la grossesse d'Elisabeth il y a quelques jours — j'y ai été contraint puisqu'elle n'a pas cessé de m'interroger sur mes hématomes — elle m'en veut et je ne parviens pas à lui faire changer d'avis. Des jours que l'ambiance est morose entre nous et cela m'énerve, ce n'est point dans mes habitudes d'être en froid avec ma petite sœur. Et je ne vais plus le supporter très longtemps alors je me dirige vers la porte, qu'elle a bien évidemment verrouillée. Je grogne et donne deux coups contre celle-ci.

— Annabeth, ouvrez, l'imploré-je.

Pas de réponses.

— Anna'... je sais que vous m'en voulez et j'en suis désolé, mais vous ne croyez pas qu'il est tant de parler ? Des jours que vous m'éviter et que vous n'avez point de paroles pour moi.

Son mutisme va finir par me rendre fou. Lassé par son comportement, je m'énerve et donne un coup puissant contre la porte.

— Anna', ça suffit maintenant, ouvrez !

Je ne sais comment je parviens à garder un tant soit peu de calme pour ne pas casser cette porte.

— Cessez de faire l'enfant et parlez-moi, Annabeth. Enguirlandez-moi, insultez-moi s'il le faut, mais je vous en supplie, cessez ce silence !

Toujours pas de réaction.
Seigneur, préservez-moi de la furie.

— Anna' ! hurlé-je cette fois. Je vous préviens, si vous n'ouvrez pas cette porte dans les secondes qui suivent...

Cette dernière s'ouvre à la volée sur une Annabeth au moins autant en colère que moi.

— Sinon quoi ? me provoque-t-elle. Que feriez-vous ? 
— Arrêtez tout de suite avec ce ton.

Elle rit jaune.

— Vous me donnez des ordres, maintenant ?

Je ferme les yeux, les poings serrés, pour me calmer, ça ne nous avancerait pas si je m'énervais davantage.

— Bon, vous m'en voulez, je l'ai bien compris, mais cela ne concerne qu'Elisabeth et moi et...
— Du moment que vous êtes mon frère et qu'elle est mon amie, cela me concerne également, m'interrompt-elle, furieuse.
— Nous n'avons pas fait exprès de concevoir un enfant, Anna', nous...
— Encore heureux ! me coupe-t-elle encore, ce qui commence très sérieusement à m'agacer. En revanche, vous avez couché ensemble délibérément.
— Ce genre de détail ne vous regarde aucunement, Annabeth, quand bien même vos liens avec nous.
— Cela me concerne car mon amie est dans une situation délicate, bon sang ! Même si Elisabeth en avait envie, vous auriez dû la retenir, lui expliquer plusieurs fois, voire même jusqu'à l'épuisement, pourquoi ce n'était point recommandé de le faire alors que vous n'êtes même pas marié ! Mince, Edouard, depuis quand êtes-vous si peu réfléchi ? Si la cour apprend qu'elle est enceinte...
— Sa réputation en sera entâché, merci je suis au courant, pesté-je. Sauf que nous avons prévu de se marier pour, justement, gérer cette situation.
— Sauf que vous ne pouvez pas vous marier sans avoir l'accord du Roi, tout cela est hors de votre contrôle, Edouard, et vous le savez très bien ! Et si le souverain ne donne son accord que dans deux mois, quand son ventre sera légèrement visible, qu'allez-vous faire ? Tout le monde parlera sur son dos ! Pas sur le vôtre car vous êtes un homme, mais elle...

Vices à Versailles - S'aimer est interdit tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant