Chapitre 40

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« L'autorité contraint à l'obéissance [...]», Richelieu

ELISABETH
Une semaine plus tard

Je suis transis de froid. Voilà des jours que je suis ici, enfermée dans cette cellule humide, sans savoir exactement combien de temps s'est passé. Edouard me manque si fort que je pleure souvent, toute seule au fin fond de cette cellule. Je suis inquiète, pour Edouard, pour ma sœur, mais aussi pour moi car même si je suis consciente de ce qu'il va m'arriver, je n'arrive toujours pas à le réaliser complètement. Quand cela aura-t-il lieu ? Je ne veux pas mourir, mais je ne vais pouvoir y échapper, le Roi ne reviendra pas sur sa décision, les faits sont trop graves. De plus, en plus de l'inquiétude, je ressens une forte fatigue dont je n'arrive plus à faire face. Je dors de nombreuses heures, mais ici, sur ce sol avec des cauchemars qui ne cessent de me hanter, je ne me repose pas, je ne fais que... sombrer et attendre que le temps passe.
Au loin, j'entends des pas, ce qui me fait me redresser. Dans ma poitrine, mon cœur tape fort et ma respiration, elle, se hache. Le lieutenant de police se dresse devant moi. À côté de lui, deux gardes. Je n'arrive pas à les quitter du regard. Mon souffle s'arrête. Non...

— Mademoiselle Brailly, le Roi souhaite s'entretenir avec vous, m'apprend le lieutenant.

Je secoue la tête affolée. Non, non, non, non... Qu'est-ce que cela veut dire ? Est-ce un plan machiavélique pour me faire croire je ne sais quoi pour, au final, me faire monter dans un carrosse direction Paris et la place de Grève ? Une main sur la poitrine, je peine à respirer.

— Levez-vous, m'ordonne La Reynie. Il serait malvenu de faire attendre Sa Majesté.

Allez Elisabeth, prenez votre courage à deux mains et obéissez.
Lentement et toute tremblante, je me relève sur mes jambes et m'approche de la porte uniquement faite de barreaux. La Reynie me scrute puis l'ouvre. Je dépasse l'encadrement, pas très rassurée, puis les deux gardes me maintiennent les bras. Le lieutenant en tête, nous quittons ce lieu lugubre. Mon cœur se calme un peu lorsque je me rends compte que nous ne nous dirigeons pas vers un carrosse, mais en direction du château. Donc, le Roi souhaite vraiment me voir ? Pourquoi ? Je me sens légèrement soulagée, mais je ne peux m'empêcher d'être toujours anxieuse car ne pas connaître la raison de cet entretien me rend beaucoup trop nerveuse pour que je garde le contrôle sur ma respiration.
Arrivés devant le Cabinet du Conseil, La Reynie entre en premier, sans doute pour annoncer ma présence, puis il fait signe aux gardes de me lâcher avant de me faire signe de le suivre. Les mains jointes sur mon ventre Lorsque je rentre dans la salle, j'ai la tête baissée sur mes pieds, trop paniquée à l'idée de croiser le regard du Roi, mais comme je ne peux lui manquer de respect, je la lève légèrement tout en faisant une révérence. C'est à ce moment-là que je remarque la présence de Madame de Maintenon aux côtés du souverain. Sa présence me rassure, calme un peu les battements de mon cœur. Mes lèvres, elles, s'étirent très légèrement et je me sens un peu mieux quand je la vois me sourire à son tour. Bien que je ne comprenne pas pourquoi elle est ici, aux côtés de son époux alors que je croyais que cela allait être un entretien privé, je suis contente de la voir, elle, ainsi que son regard maternel qu'elle me porte toujours malgré ce que j'ai fait.
Cependant, lorsque je reporte mon regard sur le Roi, mon sourire s'efface et mon cœur se met automatiquement à reprendre de la vitesse.

— La Reynie, laissez-nous, lui ordonne le Roi d'une voix grave.
— Vous êtes sûrs, Sire ?

Au lieu de répondre, le souverain lui envoie un regard équivoque. Le lieutenant salue et sort de la pièce. Aussitôt, Françoise s'approche de moi et me prend contre elle, comme une seconde mère et m'embrasse délicatement le front, toujours avec ce sourire bienveillant. Mes yeux s'humidifient et je lui envoie un regard reconnaissant car de cette étreinte, j'en mourrais d'envie, que ce soit d'elle ou de quelqu'un d'autre. Je suis aussi contente de constater que malgré sa dévotion envers le Seigneur et l'Église, elle ne semble pas me tenir rigueur de ma grossesse, qui pourtant aurait dû l'horrifier. Ou bien n'est-elle pas au courant ?

Vices à Versailles - S'aimer est interdit tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant