« Chez les amis, tout s'excuse, tout passe [...]», Jean de La Fontaine
ELISABETH
C'est enfin une belle journée aujourd'hui après des jours de pluie. Les températures ne sont pas très élevées, mais le soleil est présent. C'est pourquoi je n'ai pas hésité un seul instant avant de me rendre dans les jardins après ma séance de piano matinale.
Je me trouve devant le bosquet des Bains d'Apollon, situé tout de suite à l'ouest du château, c'est la première fois que je m'y rends et je le trouve merveilleux. Somptueux. La grotte se situe au bout d'un chemin terreux, lui-même entouré d'une prairie où l'herbe est si verte que cela crée un très beau contraste avec le bleu du ciel sans nuage. Émerveillée par cette beauté, je n'arrive pas à en détourner mes yeux. Autour de la grotte, de l'eau. Dans celle-ci se trouvent plusieurs structures : au centre, il y a le Dieu des arts, entre autres choses, entouré de cinq nymphes et derrière lui, une cascade d'eau qui vient se déverser quelques pouces plus bas. Un peu plus loin, à sa gauche et sa droite, se trouvent des chevaux. Pourquoi Louise ne m'a pas encore emmené ici ? Elle m'a fait voir bon nombre de bosquets depuis que je suis ici, mais nous ne sommes encore jamais venu ici et pourtant, cela vaut le détour.
Mon sourire s'évapore quand je pense à ma sœur. J'aurais aimé qu'elle vienne avec moi cet après-midi, mais elle ne se sentait pas en forme. Elle se repose avec Antoine qui veille sur elle. Il m'a avoué que cette cinquième grossesse était plus difficile que les précédentes et cela m'inquiète, elle était si blanche ce matin que j'en ai eu le souffle coupé quelques instants. Pourtant, le médecin venu la voir a assuré que tout allait bien, qu'il n'y avait pas de quoi se faire de mouron, qu'il lui fallait seulement du repos. Elle ne voulait pas se ménager, quand elle a su que j'allais me promener, elle a voulu m'accompagner, mais Antoine l'a obligé à rester aliter et j'ai appuyé sa décision. Après tout, même si j'aurais aimé passer ce temps avec elle, ce n'est pas si mal d'être toute seule.
Plongée dans mes pensées, je sursaute en entendant une voix derrière moi :— Bonjour Elisabeth.
La main sur le cœur, je me retourne et fais face à l'épouse du Roi, Madame de Maintenon.
— Oh, b... bonjour madame, la salué-je en me baissant légèrement. Comment allez-vous ?
— Très bien, merci. Mais je vous en prie, appelez-moi Françoise.
— Oh euh... d'accord Françoise.Elle rit face à ma timidité, je lui souris. J'ai encore du mal à m'habituer à croiser des membres de la famille royale presque quotidiennement, mais je dois avouer que cette femme est d'une gentillesse incroyable.
— Cela vous dérange si nous nous promenons ensemble ? me propose-t-elle.
— Oh non, avec plaisir !Je ne sais pas ce qu'elle me trouve où ce qu'elle voit en moi, mais cela me plaît qu'elle veuille passer du temps avec moi, une jeune courtisane qu'elle ne connaît finalement pas, si ce n'est juste de nom grâce à ma sœur.
— Votre sœur n'est pas avec vous ? m'interroge-t-elle en me prenant le bras.
— Elle aurait voulu, mais elle est souffrante. Le repos est préconisé alors son époux veille à ce qu'elle obéisse.Nous rions ensemble.
— C'est sa grossesse qui la rend malade ? s'inquiète-t-elle.
— Oui, elle semble plus difficile que les autres, mais elle ne s'est pas ménagée ces derniers jours avec la Soirée d'Appartements d'il y a quelques jours et mon arrivée.
— Je ne sais malheureusement pas ce que c'est, mais vous lui direz que je suis de tout cœur avec elle.Je lui lance un regard reconnaissant.
— Ce sera transmis, réponds-je. M... Françoise, puis-je vous poser une question ?
— Tout ce que vous voulez, ma chère.
— Pourquoi êtes-vous avec moi ? Oh, non pas que cela me dérange, votre compagnie m'est très agréable, mais... Je ne suis pourtant pas une dame importante de la cour et...
— Car je vous apprécie, Elisabeth.
— Vous m'appréciez ? Mais... Vous ne me connaissez point, fais-je, perdue.
— Il est vrai, mais j'aimerais que cela change. Votre compagnie m'est agréable, j'aimerais que nous devenions amies. Enfin, si vous le souhaitez, évidemment.
VOUS LISEZ
Vices à Versailles - S'aimer est interdit tome 2
Roman d'amour1685. Jeune noble arrivée à la cour de Versailles il y a peu, Elisabeth Brailly, petite soeur de Louise, veut profiter pleinement de cette nouvelle vie dans ce château aux mille et une splendeurs. Elle veut tout savoir, tout voir, rencontre tout le...