Chapitre 34

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« L'État c'est moi ! », Louis XIV

EDOUARD

Je suis réveillé en sursaut de ma sieste — deux jours que je ne dors pas, je me suis écroulé après le repas — par des coups tonitruants donnés contre la porte de mes appartements.

— Ici la garde royale, ouvrez immédiatement ! hurle un homme à travers la porte.

À l'entente de cette annonce, mon cœur prend une envolée fulgurante dans ma poitrine. Une maine sur ma poitrine, je tente de reprendre une respiration normale, mais je n'ai pas le temps ne serait-ce que de souffler qu'Odile entre dans ma chambre, affolée.

— Monsieur, je suis désolé, je...

Elle n'a pas le temps de terminer sa phrase. Cinq gardes entrent dans la pièce. À leur tête, le lieutenant de police du Roi. Mon cœur s'accélère davantage et mon village se peint d'interrogations.

— Qu'est...

Je n'ai pas le temps d'aller au bout de ma question : un des gardes s'approche de moi et me donne un puissant coup de poing dans la joue qui m'assomme quelques instants. La mâchoire douloureuse, je tente de calmer ma respiration qui se fait angoissée. Je ne comprends rien à ce qu'il se passe, mais un étrange et très mauvais pressentiment m'assaille.

— Lord Edouard Godwin, Sa Majesté souhaite vous voir dans les plus brefs délais, m'annonce La Reynie.

Je n'ai pas le temps de dire deux mots, ni même de réaliser réellement ce qu'est en train de me dire le lieutenant que deux autres gardes s'avancent et plaquent mes mains dans le dos sans aucune délicatesse pour me maintenir fermement. Je grimace et tente de contrôler le tremblement de mon corps face à ce mauvais pressentiment qui se fait plus puissant que jamais. Dans ma poitrine, mon cœur me fait un mal de chien tellement il est comprimé, j'ai l'impression de respirer de moins en moins bien, ce qui annonce une probable crise.
Sans doute alertée par le raffut, ma soeur déboule comme une furie dans ma chambre, mais se stoppe net quand elle fait voit ma position. Ma respiration s'arrête en même temps que la mienne. Non, non, non, je refuse qu'elle fasse face à ce spectacle. Je refuse qu'il lui arrive quoi que ce soit, il faut qu'elle reparte d'où elle vient et vite ! Avec un regard, je tente de lui faire comprendre de s'en aller, mais trop estomaquée, elle ne réagit pas et ne semble même pas me voir réellement. Deux gardes s'approchent d'elle, ce qui l'a fait enfin percuter, mais si j'étais affolé, cette fois, je suis totalement paniqué à l'idée qu'ils lui fassent quoi que ce soit.

— Non, pas Annabeth ! crié-je quand un garde commence à l'empoigner. Quoi que vous me reprochiez, elle n'a rien à voir là-dedans ! Je vous en supplie, laissez-la tranquille !

Anna' m'envoie un regard plein de questions, mais je ne la capte quasiment pas, trop occupé à reprendre une respiration on ne peut plus normale lorsque je vois La Reynie faire signe à ses hommes de la lâcher. Je soupire de soulagement. Mais mon apaisement n'est que de courte durée car, deux des hommes du lieutenant commencent à mettre ma chambre sans dessous, ce qui accentue un peu plus mon angoisse. Que cherchent-t-ils ? Soudain, ma respiration se fait très difficile lorsque je me rends compte qu'ils pourraient tomber sur ma Bible, ce qui pourrait leur faire faire découvrir non seulement le pot-aux-roses, mais également faire réaliser à ma sœur que je lui dissimule bien plus de choses qu'elle ne le penche. Puis soudain, ma respiration s'arrête. Et si... Non, c'est impossible, j'ai pris beaucoup trop de précautions.

— Edouard ! m'appelle ma petite soeur, des sanglots dans la voix alors que les deux gardes et leur chef me font sortir de force de la chambre pour nous retrouver dans la pièce principale.

Annabeth, qui nous suivait, brave la barrière qu'érige les gardes devant moi et me saute au cou, en pleurs.

— Que se passe-t-il ? me demande-t-elle dans notre langue natale.
— Je ne sais pas, avoué-je, la gorge nouée. Restez ici, ça va aller, je vous le promets.
— Mais les gardes, ils...

Vices à Versailles - S'aimer est interdit tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant