Chapitre 17

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« Là où il y a la musique, il n'y a pas de place pour le mal », Miguel de Cervantes

EDOUARD

Il n'est pas loin de 15h, Elisabeth ne devrait pas tarder à toquer contre ma porte. Je suis nerveux à l'idée qu'elle sera bientôt ici pour la première fois. Nous ne nous sommes pas revus depuis que nous nous sommes retrouvés derrière les rideaux lors du bal masqué. Je me suis surpris à éprouver un sentiment de manque, il me tarde qu'elle arrive. Pour la revoir mais également pour avoir une autre leçon de piano. Ces deux derniers jours, entre deux promenades avec ma sœur et deux conseils des ministres avec le Roi, je me suis exercé sur les morceaux qu'elle m'a appris, j'espère ne pas être trop mauvais.
Des coups contre ma porte se font entendre. Je me relève d'un bond de mon lit et me racle la gorge avant d'aller ouvrir la porte. Elisabeth est là, resplendissante, comme toujours. Ses longs cheveux blonds sont évidemment coiffés en une tresse élégante qu'elle a placée sur son épaule droite et sa robe beige se confond avec sa peau claire, mais elle lui va parfaitement. De nouveau, je suis subjuguée par sa beauté.

— Venez, entrez, dis-je après de longues secondes de silence.

Je lui prends la main et l'entraîne à l'intérieur pour ne pas risquer qu'elle soit vue.

— Qu'avez-vous dit à votre sœur pour pouvoir venir me rejoindre ? m'intéressé-je.
— Que je passais l'après-midi avec Annabeth.

Je hoche la tête. Oui, c'était la meilleure excuse.

— Vous souhaitez un verre d'eau ? proposé-je.
— Vous n'auriez pas du thé, plutôt ?

Je souris.

— Je peux demander à ma domestique d'aller en préparer dans les cuisines du château.
— Oh non, de l'e...
— Odile ! l'appelé-je.

Elle arrive tout de suite.

— Allez préparer une théière, je vous prie.

Elle acquiesce et s'en va déjà.

— Vous n'étiez vraiment pas obligé, dit Elisabeth, gênée.
— Bien sûr que si. Auriez-vous amené les partitions de votre composition ?
— Oh euh... non, je n'y ai pas pensé, répond-elle, le regard bas.

Je pose une main sur son épaule.

— Ce n'est pas grave, lui souris-je. Nous nous y mettons ?

Elle sourit à son tour et acquiesce en se dirigeant vers l'instrument, en plein centre de la pièce. Elle s'y installe et presque immédiatement, joue un morceau qui, une nouvelle fois, me transporte. Subjugué, je n'ose pas m'approcher avant qu'elle n'ait terminé et lorsque je la rejoins, elle me regarde, comme mal-à-l'aise.

— Veuillez m'excuser, je n'ai pas pu m'en empêcher.
— Ne vous excusez surtout pas, Elisabeth, réponds-je en posant une fesse sur le bord du piano, mes yeux plantés dans les siens.

Mais alors qu'elle me contemplait également, elle rompt le charme en détournant ses yeux et en se raclant la gorge.

— Bon, nous commençons ?

Sans parole, j'acquiesce et me relève dans le même élan qu'elle. Alors qu'elle se place là où j'étais encore il y a quelques secondes à peine, je m'installe sur le petit banc en face de l'instrument en faisant craquer mes poignets.

— Bien, vous vous souvenez de l'enchaînement que je vous ai fait faire la dernière fois ?
— Oui.
— Alors allez-y.

Je ferme les yeux, souffle un bon coup, légèrement anxieux d'être jugé par une experte et une fois mes pupilles ouvertes, je commence, mais elle m'arrête presque tout de suite.

Vices à Versailles - S'aimer est interdit tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant