Chapitre 20

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« La guérison n'est jamais si prompte que la blessure », Sagesse populaire

ELISABETH

Une semaine que ma sœur a mis prématurément son enfant au monde et que celui-ci est mort-né.
Une semaine que mon coeur saigne, autant pour cette perte que pour l'autre. Edouard me manque un peu plus chaque jour, mais c'est mieux ainsi. Je l'ai vu à mes dépends, notre relation n'a amené rien de mieux et j'ai trop de culpabilité en moi pour continuer de le voir alors que ma sœur est totalement brisée.
Une semaine que l'ambiance entre Antoine et moi est électrique car si Louise est détruite par cette perte, son époux l'est tout autant. Voire plus car depuis, ma sœur est comme éteinte, jouant profondément sur notre moral qui n'est déjà pas au beau fixe. Je ne supporte plus cette atmosphère entre mon beau-frère et moi, mais comment faire le premier pas alors que c'est en partie de ma faute si leur enfant est mort ? Je me blâme déjà suffisamment pour qu'il n'ait pas à en rajouter. La Princesse Palatine a bien essayé de venir lui rendre visite, mais Antoine refuse l'entrée des appartements à quiconque. Il préfère ne recevoir aucune visite pour faire son deuil tranquillement, mais aussi pour prendre soin de ma sœur qui, plus les jours passent, plus sa santé devient inquiétante. Une semaine qu'elle n'est pas sortie de son lit, trop faible après le sang qu'elle a perdu et le moral plus bas que terre. Voilà des jours que je n'ai pas entendu le son de sa voix et cela me fend le cœur. La voir comme ça me lapide, je ne le supporte pas, mais je ne peux pas l'abandonner. je n'en ai pas le droit. Je me fais du souci. Beaucoup trop. Si bien que je n'arrive même plus à jouer la moindre note. J'espère que Louise va s'en remettre, je ne supporterai pas de la perdre. Surtout pas à cause de moi.
Comme je n'en peux plus d'attendre dans la pièce principale, je décide d'ouvrir doucement la porte de la chambre conjugale. Antoine est à côté d'une Louise toujours allongée, presque inerte. Je ravale un sanglot.

— Louise, vous devez manger un peu, l'implore son époux en posant une assiette pleine de chocolat près d'elle.

Elle tourne la tête de l'autre côté pour ne plus le voir, comme si elle le rendait responsable de cette perte alors qu'il l'a subi tout autant qu'elle. Il soupire et passe une main sur son visage.

— Louise...
— Peut-être ne devriez-vous pas la forcer, suggéré-je. Elle le fera quand elle s'en sentira capable.

Il tourne rapidement la tête vers moi avant de reporter son regard émeraude sur son épouse.

— Je me passerai de vos conseils, me répond-il d'une voix colérique, mais en même temps pleine de tristesse. Allez plutôt vagabonder je ne sais où, mais loin d'ici.

Je m'offusque.

— Comment osez-vous ? m'approché-je de lui en criant. Il s'agit de ma sœur !
— Et c'est également ma femme ! hurle-t-il en se levant, furieux et des larmes pleins les yeux. Ma femme qui a mis au monde notre enfant près de quatre mois à l'avance, ne permettant pas au bébé de survivre et qui depuis, est plongé dans une forte dépression ! Et tout ça pourquoi ? Parce que vous n'avez pas été capable de l'écouter quand elle vous a dit de ne pas vous lier d'amitié avec cet anglais ! C'est...

Il pince les lèvres et laisse couler une larme sur sa joue qu'il essuie rageusement.

— C'est... en partie à cause de son inquiétude à votre égard que le bébé est arrivé trop tôt, continue-t-il plus calmement, mais avec une telle douleur dans la voix que cela me poignarde.
— Je le sais ! pleuré-je. Ne croyez-vous pas que je m'en veux suffisamment ? Cela me tue à petit feu, je n'en dors plus la nuit !

Il crispe la mâchoire, laisse échapper une nouvelle larme, ouvre sa main avant de la refermer presque immédiatement, prêt à dire quelque chose, mais il est interrompu par une Jeanne qui arrive à grands pas dans la pièce.

Vices à Versailles - S'aimer est interdit tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant