Chapitre 31

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« L'homme n'est que mensonge », La Bible

ELISABETH

— Avez-vous eu le temps d'apprendre un peu l'anglais ? me demande Annabeth, une tasse de thé à la main.

Je bois quelques gorgées puis je secoue la tête.

— Non, pas encore. Il faut dire que c'était... compliqué, ces derniers jours.
— Oui et d'ailleurs, comment cela se passe-t-il avec votre sœur et son époux ?

Je secoue les épaules.

— L'ambiance est... lourde. Antoine a du mal à accepter, il est très protecteur envers moi et... il n'arrive pas à comprendre pourquoi Edouard n'avons pas attendu avant de... Et Louise, disons que nous nous souvenons toutes les deux de notre guerre lorsque j'ai commencé à fréquenter votre frère et aucune de nous ne veut que cela se reproduise alors... nous nous parlons, mais j'ai comme l'impression que quelque chose s'est cassé entre nous.
— Mais elle accepte que vous vous mariez ?

Je pique un petit gâteau sur l'assiette posée entre nous.

— À la seule condition que le Roi nous y autorise, mais...
— Cela semble compromis puisqu'il a appris que vous portez un enfant, termine-t-elle.

J'acquiesce, la mine grave.

— Vous en voulez à mon frère de lui en avoir informé ?
— Pas le moins du monde, je sais qu'il l'a fait pour éviter d'être emprisonné et puis je me dis que je suis la petite sœur de Louise, que le Roi  apprécie beaucoup alors j'espère qu'il finira par l'accepter, même si ce n'est que pour Louise.

Elle pose une main rassurante sur mon avant-bras.

— Je suis certain qu'un mariage entre vous va être possible, ayez confiance.

Je hoche la tête et finis ma tasse.
Voilà une heure que je suis venue la rejoindre dans ses appartements, profitant de l'absence de son frère — en réunion avec le Roi, paraît-il — pour passer du temps et discuter avec elle. Elle m'avait informé en vouloir à Edouard pour l'enfant dans mon ventre, je suis contente qu'elle lui ait pardonné car nous sommes tous les deux fautifs. Et, en réalité, je suis la plus à blâmer car c'est moi qui ai voulu aller si loin, lui a tenté de résister.

— Puis-je vous poser une question personnelle ?
— Bien sûr, affirme mon amie avec un sourire. Que voulez-vous savoir ?
— À Londres, est-ce que vous et votre famille habitez à la cour du Roi ? Je ne crois pas l'avoir demandé à Edouard.

— Non, Edouard, Henry et moi vivons dans notre demeure avec notre mère.

Je fronce les sourcils.

— Sans votre père ?

À l'évocation de son paternel, Annabeth se tend et ses yeux s'humidifient presque immédiatement. Mince, ai-je dit quelque chose qu'il ne fallait pas ? Je me sens bête et surtout, très embarrassée car il est clair que ma question l'incommode.

— Oubliez ma question, ce n'était point approprié, répliqué-je en me resserrant une tasse.
— Non, non, aucun problème, simplement... je n'ai point l'habitude de parler de Père.
— Pourquoi cela ?
— Eh bien, disons que... c'est compliqué. Mes frères et moi avons toujours été très complices avec lui, mais depuis quelques mois... c'est plus dur. J'ai espoir qu'il revienne un jour à la maison.

La séparation d'avec son père semble beaucoup lui peser et j'en suis navrée pour elle, je ne peux m'empêcher de me rapprocher d'elle et de lui montrer mon soutien, qu'elle semble accueillir avec plaisir. J'ignore ce qu'il se passe avec monsieur Godwin, leur histoire de famille semble assez... difficile. J'espère pour eux que tout cela va s'arranger et qu'ils finiront par se retrouver.

Vices à Versailles - S'aimer est interdit tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant