Chapitre 42

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« Tout ce qui doit être sera », Cicéron

ELISABETH
Huit mois plus tard...

— Allez, Elisabeth, encore un petit effort, m'encourage ma sœur en me tenant la main.

En sueur, je secoue la tête.

— Non, non, je ne veux pas, ça fait trop mal... pleuré-je.
— Je le sais, mais vous êtes à deux doigts de découvrir votre enfant, vous devez effectuer une dernière poussée.

Tout mon corps est endoloris. Voilà de longues minutes que je tente de mettre mon bébé au monde, mais c'est beaucoup plus dur et douloureux que ce que je pensais. Louise a eu beau me préparer à ce jour, j'étais loin de m'imaginer ce que c'était réellement.

— Mademoiselle, il faut y aller, m'impose le médecin.
— Nous sommes là, avec vous, intervient Antoine qui, lui aussi, me tient ma seconde main.

Avec leur courage, j'effectue une dernière poussée et enfin, des pleurs de bébé retentissent. Je relâche tout et éclate en sanglots. Ce jour va rester graver dans ma mémoire très longtemps car il signe ma rencontre avec mon bébé, une rencontre que j'aurais aimé partager avec Edouard, mais malgré le manque atroce qui ne m'a pas lâché ces derniers mois, je reste forte en me réconfortant sur le fait que je le revois bientôt.

— Félicitations, mademoiselle Brailly, vous avez une magnifique petite fille, m'apprend le médecin.

Un nouveau sanglot m'échappe et ma sœur me chuchote des doux mots à l'oreille, tout en ne cessant de me tenir la main.

— Puis-je la voir ? demandé-je d'une petite voix.

Le médecin approuve. Louise et Antoine m'aident à me rasseoir puis le docteur dépose ma fille dans mes bras. Je pleure davantage quand je la vois car elle ressemble beaucoup à son père. Edouard me manque à un point tel que j'ai la sensation que cela fait huit ans que je ne l'ai point vue. Chaque mois passait comme une année et même si je remercie tous les jours Françoise de m'avoir permis de vivre, rester enfermé dans ses appartements à longueur de journée sans avoir le droit d'y sortir a parfois été très compliqué. Voir du monde me manque atrocement, mais ma captivité est bientôt car dans deux jours, je devrai partir. Durant ces derniers mois, Louise a espéré que le Roi me gracie et me permette de rester ici, mais cela n'a pas été le cas. Au final même si cela va être un crève-cœur de la quitter et de quitter ce château et ce pays, je suis contente de partir vivre en Angleterre auprès d'Edouard, ensemble, avec notre fille, nous pourrons démarrer une nouvelle vie.

— Bonjour, mon coeur, dis-je à ma fille qui serre mon index dans sa main.
— Comment souhaitez-vous l'appeler ? me demande Antoine d'une voix douce.

Tout à coup, mon cœur s'accélère et ma respiration devient irrégulière. L'appeler ? Lui donner un prénom ? Oh mon Dieu, je n'y ai pas réfléchi un seul instant !

— Je... je... je n'en ai aucune idée, avoué-je, honteuse, avant d'éclater en sanglots une nouvelle fois. Je... C'est avec Edouard que j'aurais dû prendre cette décision et je...

Je ne parviens pas à terminer ma phrase, trop paniquée.

— Chuut, ce n'est rien, prenez le temps de réfléchir, me calme ma sœur en caressant mon cuir chevelu.

Je hoche la tête tandis que le médecin reprend ma fille pour effectuer quelques examens. Après m'avoir annoncé qu'elle était en excellente santé, il s'en va. Ma soeur lui passe un vêtement puis la prend dans ses bras car ressentant le manque d'Edouard si atrocement à ce moment, je suis incapable de la tenir dans mes bras. Un prénom, il me faut un prénom... Mais comment choisir ? Il n'y en a tellement qui me plaise, mais il faut qu'Edouard choisisse lui aussi, je ne peux pas prendre cette décision toute seule, c'est aussi son enfant !

Vices à Versailles - S'aimer est interdit tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant