Chapitre 32

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« Le péché vaut encore mieux que l'hypocrisie », Madame de Maintenon

ELISABETH

Ce n'est pas possible. Je n'arrive pas à y croire. Je dois être dans un cauchemar, il n'y a pas d'autres options envisageables. Je cauchemarde, c'est forcé. Sinon, pourquoi aurais-je découvert cela, qui me fait remettre tout en question ? Instinctivement, je pose mes mains sur mon ventre, baisse ma tête pour le regarder et étouffe un sanglot, avant de reporter mon regard sur l'objet du délit. Une bible. Protestante. Une foutue bible protestante ! Cela veut donc dire qu'il est... Non, je refuse de le croire. Il n'a pas pu, pendant des mois, mentir ainsi sur sa religion. Ou alors est-ce Annabeth qui l'est ? Non, impossible. Mais alors dans ce cas, pourquoi... m'a-t-il avoué être ici en tant qu'ambassadeur de Jacques II pour trouver un accord concernant cette religion avec Louis XIV ? Peut-être a-t-il cette bible pour comprendre les rites et coutumes de cette religion et ainsi travailler plus efficacement ? Non, ça n'a aucun fichu sens. Mais alors cela voudrait dire...
La porte s'ouvre en grand fracas sur Edouard qui s'arrête quelques secondes, sans doute surpris de me voir ici. Je tourne mon visage plein de larmes vers lui.

— 'Beth ? m'interroge-t-il, les sourcils froncés. Que faites-vous là ? Que vous arrive-t-il ? Quelque chose ne va pas ?

Il se plante devant moi, inquiet, et pose une main sur mon bras. Je me recule car à cet instant, son touché me répugne.

— Ne me touchez pas, marmonné-je si bas qu'il n'a pas dû m'entendre.
— Que dites-vous ?
— Ne me touchez pas, espèce de sale menteur ! hurlé-je cette fois en le poussant de toutes mes forces, mes mains sur sa poitrine, en ne cessant de pleurer, le cœur brisé.

Peu de temps après, je m'effondre au sol. Paniqué, Edouard tente de me rattraper, mais mes genoux s'écrasent sur le sol.

— 'Beth... Dites-moi ce qu'il se passe, m'implore-t-il en se mettant à mon niveau.

Il tente une nouvelle fois de prendre mes mains, mais je les éloigne et lui envoie un regard assassin à travers mes larmes. Mon cœur saigne, je n'arrive pas à croire à ma découverte. Je suis en colère, ça oui, mais je ne sais pas comment réagir autrement, tout est si... flou, dans ma tête.

— Elisabeth... me supplie-t-il encore.
— Comment vous appelez-vous ? demandé-je d'une voix si faible que je me demande s'il m'a entendu.

Cependant, à voir sa tête déconfite, je sais qu'il a compris.

— Edouard Godwin, mais cela vous le savez depuis longtemps déjà. Pourquoi vous...

Je plante mes yeux ombrageux sur lui, mais trop embrouillée, je n'arrive pas à réfléchir convenablement. Dans ma tête, c'est un véritable capharnaüm. Je ne sais plus quoi penser, mais ce que je sais, en revanche, c'est que je ne peux plus rester ici. Il faut que je m'en aille. Que je m'éloigne de cet homme que j'aime, mais qui m'a menti des mois durant. Alors, je me relève sur mes jambes, prête à déguerpir, mais je ne suis pas assez rapide pour Edouard qui me rattrape en deux enjambées et me prend le bras pour me stopper. Une nouvelle fois, c'est mon regard noir qui l'accueille.

— Je vous interdis de me toucher, grogné-je, en colère et déçue comme je l'ai rarement été.
— Alors dites-moi ce qu'il se passe.

Un rire jaune sort de ma gorge. Eh bien sûr, il fait comme s'il ne se doutait de rien...

— Votre sœur est au courant ?

Il retrousse le nez.

— Que vient faire Annabeth dans cette conversation et dans votre état ? Et de quoi parlez-vous, enfin ? De quoi devrait-elle être au courant ?

Vices à Versailles - S'aimer est interdit tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant