Chapitre 14

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« La musique est l'aliment de l'amour », William Shakespeare

ELISABETH

Ma nervosité est à son comble.
Trois jours après la proposition d'Annabeth de donner des cours de piano à son frère, c'est aujourd'hui qu'a lieu la première leçon, après un commun accord de notre part, après l'avoir croisé le lendemain de ma rencontre avec ma nouvelle amie. J'ai convenu avec lui qu'il viendrait dans mes appartements car de nous deux, je suis la seule à posséder un piano, mais la vérité c'est que, même si j'ai plus que hâte de passer ce moment avec lui, je n'ai pas dormi de la nuit, en proie à l'angoisse. J'ai conscience que ce que nous allons faire n'est pas dans les moeurs, si quelqu'un voit Edouard entrer ici tout en sachant que Louise et Antoine sont à l'extérieur avec les enfants, nous risquons tous les deux de gros problèmes et moi-même je risque ma réputation, mais à quoi cela sert-il de vivre si nous ne prenons aucun risque ? C'est tout de même grisant, même si c'est tout à la fois terrifiant.
Debout devant la porte d'entrée, à attendre avec impatience son arrivée, je fais les cent pas, la tête basse, à murmurer des choses que moi-même je ne comprends pas.

— Tout va bien, mademoiselle ? me surprend Marie en s'approchant.
— Oui, parfaitement bien, réponds-je. Que diriez-vous de prendre congé pendant quelques heures avec Jeanne ?
— Je... euh... c'est...
— Vous êtes partante ? Parfait ! Vous pouvez y aller, je vais apprendre un nouveau morceau et j'ai besoin d'être seule pour cela.
— Vous en êtes sûre ? Vous me paraissez pourtant très nerveuse.
— Oui, j'en suis sûre, Marie. Allez vous-en avec Jeanne et revenez dans... disons trois bonnes heures ?
— Comme cela vous sied, mademoiselle, acquiesce-t-elle.

Je soupire de soulagement quand elles quittent toutes les deux les appartements. Maintenant qu'il n'y a plus de témoins, tout va très bien se passer bien que, j'espère que ma soeur et son époux ne seront pas de retour avant ce soir, comme elle me l'a certifié il y a une demi-heure quand ils sont sortis.
Calmez-vous, Elisabeth, tout va très bien. Edouard va arriver, vous allez lui apprendre à jouer un morceau et tout se déroulera selon ce que vous aviez prévu.
Je souffle un bon coup au moment où trois petits coups sont donnés contre la porte. C'est lui. Je saute pratiquement sur place avant d'aller ouvrir la porte. Il apparaît devant moi, beau comme cela n'est pas permis et élégant au possible dans ses habits à la mode française. C'est la première fois que je le vois porter les tenues françaises, moi qui ne l'ai connu qu'avec des anglaises depuis qu'il est arrivé. Mais cela me plaît, cela veut dire qu'il s'accommode de jour en jour à la vie à Versailles et qui sait ? Même s'il est ici pour trouver une épouse afin de la ramener en Angleterre, peut-être voudra-t-il vivre ici.
N'allez pas trop vite en besogne, Elisabeth.

— Edouard, l'accueillé-je avec le sourire, ne pouvant m'empêcher de l'observer, un peu trop intensément.

Ses cheveux bruns lisses mi-long descendent jusqu'à ses lobes d'oreilles, cela me donne une envie folle de passer mes doigts dedans. Ses yeux, marrons basiques, mais qui pourtant me plaisent un peu plus chaque jour, me fixent avec tout autant d'intensité. Une petite barbe de quelques jours a poussé, le rendant encore plus attirant et séduisant et s'agissant de sa mâchoire légèrement carré, je ne préfère pas me prononcer, de toute façon, je ne trouve pas de mot pour prouver à quel point elle me plaît. D'autant plus avec cette barbe naissante.

— Elisabeth, me salut-il.
— Venez, entrez vite avant qu'on ne vous repère, lui conseillé-je en m'écartant.

Il obtempère et une fois la porte refermée, il traverse la pièce principale des yeux.

— Le... piano est dans ma chambre, expliqué-je en le voyant froncer les sourcils. Je l'ai fait déplacé là-bas il y a quelques jours pour... avoir plus d'intimité.
— Votre sœur et son époux ne sont pas là ?
— Non, ils sont allés dans les jardins avec les enfants que Louise a eu avec son premier mari. C'est pour cela que... je vous ai demandé de venir à cette heure-là, je savais qu'ils s'absenteraient.
— Vous avez pris vos précautions, sourit-il.
— Oui, c'était nécessaire si on... Enfin, c'était nécessaire.

Vices à Versailles - S'aimer est interdit tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant