Chapitre 18

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« Le monde n'est qu'un menteur : il nous promet des plaisirs et ne donne que des peines », Madame de Maintenon

ELISABETH

— C'est totalement inadmissible, Elisabeth ! crie ma sœur alors que nous rentrons dans la pièce principale des appartements.
— Et votre comportement à vous deux, on en parle ? m'insurgé-je.
— Notre comportement, comme vous le dites, était totalement approprié vis à vis de la situation, prenez-en conscience, ma sœur ! Non, mais enfin, qu'est-ce qui vous a pris ? Allez le retrouver dans ses appartements pour lui apprendre le piano et sortir de ses quartiers avec votre main dans la sienne, sans aucune discrétion !
— Je... c'était... inapproprié, je l'accorde, mais... tempéré-je.

Ma grande sœur se pince l'arête du nez.

— Je vois bien que vous commencez à vous attacher à lui, mais Edouard à frapper Antoine, Elisabeth ! Bon sang, réveillez-vous, il est violent et impulsif !

Je n'arrive pas à croire à ce que j'entends. Je déteste ces disputes incessantes avec Louise, mais je ne peux plus supporter ses critiques envers Edouard.

— Il l'a fait parce qu'Antoine l'a cherché, Louise ! Il l'a menacé et l'a lui-même agressé verbalement ! Que vouliez-vous qu'il fasse ? Qu'il se laisse faire ?
— Ça suffit. J'ai essayé de faire un effort avec lui, mais je ne peux cautionner cela. Non, mais enfin, vous imaginez si le Roi apprend pour cette bagarre ? Cela pourrait très mal se passer, autant pour mon époux que pour Edouard ! Et si jamais il...

D'un coup, elle se tait, ne terminant pas sa phrase. Une main posée sur son ventre et une autre sur le mur pour se maintenir, elle se tord de douleur et grimace. Inquiète, je m'approche d'elle, le cœur tambour-battant, notre dispute déjà passée aux oubliettes.

— Louise, est-ce que vous vous sentez bien ? demandé-je dans un ton inquiet.
— Antoine. J'ai besoin d'Antoine, m'implore-t-elle, le visage tordu par la douleur.

Je hoche la tête et avance de quelques pas, près à aller chercher mon beau-frère, avant que ma grande sœur n'attrape ma main et m'envoie un regard suppliant en la serrant fort.

— Jeanne, l'appelle-t-elle, de la douleur dans la voix, en grimaçant une seconde fois. Allez chercher mon époux, il doit se trouver chez le Duc d'Orléans, et dites-lui de me rejoindre rapidement.

La domestique reste quelques secondes stoïque.

— Dépêchez-vous, imbécile ! la commandé-je.

Cette fois, elle ne se fait pas prier pour sortir de la chambre.
Lorsqu'une autre douleur assaille ma sœur, mon coeur se serre si fort que j'en ai du mal à respirer.

— Louise, qu'est-ce qui se passe ? paniqué-je.

Elle regarde entre ses jambes et son visage devient soudain blême. Je regarde là où elle l'a fait, mais je ne comprends pas ce qui lui arrive.

— Je... je crois qu'il y a un problème avec... le bébé, je... la poche d'eau s'est rompue.

Horrifiée, je la prends contre moi et l'aide à rejoindre le lit où elle s'y allonge avec difficulté, toujours une main sur le ventre. Alors que j'allais lui verser un verre d'eau, elle accroche si violemment la main que j'en ai mal, mais consciente que sa douleur à elle est plus forte, je ne lui fais pas la remarque.

— Restez avec moi, Elisabeth, je vous en supplie, m'implore-t-elle d'une petite voix.
— Je reste, j'allais simplement vous chercher de l'eau.

Elle secoue la tête en fermant les yeux. La voyant souffrir, mes yeux s'embuent et mon coeur me fait de plus en plus mal.

Vices à Versailles - S'aimer est interdit tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant