Chapitre 24

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« La ligne qui sépare la santé parfaite de la maladie est extrêmement ténue [...]», Eschyle

ELISABETH

C'est le sourire aux lèvres après mes retrouvailles avec Edouard et notre baiser enflammé que je rentre dans les appartements. Antoine est là, assis sur le divan de la pièce principale, l'air préoccupé, ce qui n'augure rien de bon. Presque automatiquement, mon cœur augmente sa cadence et m'essoufle.

— T... tout va bien ? lui demandé-je, anxieuse.

Il lève son regard vers moi et se remet sur ses jambes pour venir me prendre contre lui et embrasser le haut de mon crâne.

— Je vais bien, me rassure-t-il. Votre sortie vous a fait du bien ?

J'acquiesce simplement, ne souhaitant pas m'épancher bien qu'en effet, pendant quelques minutes, j'ai eu l'esprit ailleurs que préoccupé par la santé de ma grande sœur.

— Comment va Louise ? l'interrogé-je quand il s'éloigne.
— Elle est réveillée. Elle voulait bouger, j'ai préféré lui dire de rester au lit jusqu'à ce que le médecin arrive, juste par précaution.
— Vous avez eu raison. A-t-elle encore des douleurs ?
— Encore un peu, mais elles sont supportables, m'a-t-elle dit.

Des larmes se forment sous mes yeux.

— Croyez-vous qu'elle a quelque chose de grave ? me renseigné-je d'une voix tremblante.
— Non, je suis certain qu'il n'y a rien d'alarmant, ayez confiance, Elisabeth.

Je décide de croire en ses paroles car sans cela, je m'effondrerai. Si par malheur... Je secoue la tête. Non, Louise va bien.

— Liselotte est-elle venue la voir ? Je l'ai informé de sa forme et elle m'a dit qu'elle viendrait.
— Oui, elle est venue, mais elle n'est point restée longtemps quand elle a vu Louise dormir. Mais elle était rassurée à l'idée que le médecin royal l'examine.
— Savez-vous quand va-t-il arrivé ?
— Cela ne saurait tarder, je pense. En attendant... que diriez-vous de jouer du piano ? Vous savez, pour nous occuper l'esprit avant son arrivée.

Je lui adresse un faible sourire, mais Antoine n'avons pas le temps de nous diriger vers ma chambre que des coups contre la porte sont donnés. Mon beau-frère et moi nous lançons le même regard : plein d'appréhension et nous dirigeons en parfaite synchronisation vers la porte. Je ne vois aucune trace de nos domestiques, cela ne m'étonnerait pas qu'Antoine les ai congédié le temps de la visite du médecin.
Derrière la porte se trouve l'homme de Santé et, à ses côtés, le Roi. Je ne parviens pas à cacher mon étonnement quant à sa présence.

— Docteur. Votre Majesté, les salue Antoine, révérencieux.
— Votre Majesté, répété-je en m'inclinant. Docteur.

Je prends quelques secondes pour observer le médecin. La cinquantaine, les cheveux grisonnants, il m'inspire confiance. En même temps, il s'agit tout de même là du médecin royal et si le Roi lui-même l'a choisi pour surveiller sa santé, c'est qu'il est compétent. On peut s'y fier.

— Où est la patiente ? nous demande-t-il une fois qu'ils sont à l'intérieur des appartements.
— Dans la chambre, lui indique Antoine.

Le médecin, sa mallette à la main, s'y dirige, mais il est arrêté tout net par le Roi qui le retient par le bras, posant sur lui un regard... suppliant.

— Découvrez ce qu'elle a et soignez-la.
— Comme si j'avais affaire à vous, Sire.

Satisfait, le souverain le relâche et le médecin marche tout droit vers la chambre.

— Je viens avec vous, annonce Antoine d'emblée.
— Non, j'ai besoin de la voir seul, refuse le médecin.
— Mais c'est mon épouse... tente encore mon beau-frère, désespéré.
— Et c'est ma patiente. Sa Majesté m'a confié sa santé alors que je vais m'y atteler méticuleusement. Votre présence ne me permettra pas de faire parfaitement mon travail.

Vices à Versailles - S'aimer est interdit tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant