Chapitre 33

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« En disant deux fois pardon, tu ne pardonnes pas deux fois, mais tu rends le pardon plus solide », William Shakespeare

EDOUARD

Deux coups sont donnés contre la porte de ma chambre puis la tête de ma petite sœur apparaît.

— Tout va bien ? m'interroge-t-elle en approchant. Je vous sens soucieux, depuis deux jours.
— Que faites-vous ici ? lui demandé-je plutôt que de lui répondre.
— Une lettre pour vous.

Je me tends presque tout de suite tout en priant pour qu'elle ne vienne pas de Jacques II.

— Tout va bien ? s'inquiète Anna'.
— Oui, passez-la moi.

Elle me la donne et instantanément, je souffle de soulagement quand je reconnais le sceau d'Elisabeth. Je sens même naître un sourire sur mes lèvres. Deux jours se sont passés depuis qu'elle a découvert le pot-aux-roses et deux jours que je n'avais point de nouvelles d'elle. Persuadé qu'elle m'en voulait, je n'ai pas cherché à la contacter, bien que je me sentais mal. Mais je suis content de recevoir cette lettre de sa part, ça ne peut être que bon signe.
Je m'empresse de l'ouvrir, sous le regard scrutateur de ma petite sœur qui ne rate pas une miette de mes expressions.

« My Lord,
Veuillez pardonner mon silence ces dernières quarante-huit heures, j'avais besoin de faire le point. En réalité, je ne sais toujours pas comment réagir face à vos aveux, j'ai encore tellement de questions et d'interrogations... Mais en revanche, je vous aime, ça je le sais. Ces deux jours loin de vous ont été compliqués, mais j'en avais besoin, comme je vous l'ai dit. Si vous venez me rejoindre dans le labyrinthe à 15h30, j'en serai ravie.
Votre dévouée, 'Beth. »

Mon sourire ne me lâche plus, je suis heureux qu'elle me donne rendez-vous dans... (je jette un coup d'œil à l'horloge) un peu plus d'une demi-heure. Ça va nous faire du bien de nous retrouver après tout ce tumulte.

— Je suppose que je n'ai pas besoin de vous demander qui est-ce ? À voir votre sourire, nulle doute que ce mot vient d'Elisabeth.

J'approuve d'un signe de tête.

— Allez-vous finir par me dire ce qu'il s'est passé entre vous ?

J'arque un sourcil.

— Pourquoi croyez-vous qu'il y a eu un différend ?
— Oh Edouard, je vous en prie, ne me prenez pas pour une idiote. Il n'y a qu'une dispute avec elle qui peut vous rendre aussi morose que vous l'étiez ces deux derniers jours.

Parfois, je regrette qu'elle me connaisse si bien car ce qu'il s'est passé entre Elisabeth et moi, il n'est pas question qu'elle le sache. Je refuse qu'elle soit au courant de mon véritable rôle ici, elle serait trop exposée et je ne veux pas qu'elle soit en danger à cause de moi. Elle pense que je suis ici pour ce que je lui ai dit et c'est très bien comme ça.

— On a eu... une divergence d'opinion sur un sujet, nous nous sommes quittés en colère tous les deux.
— Je ne vous crois pas. Une simple différence d'opinion ne vous aurait pas autant affecté et surtout, elle ne vous aurait pas séparé pendant deux jours. Que s'est-il passé, Edouard ?
— Alors je n'ai point le droit à une vie privée ?
— Pas si cela vous met dans un sale état, non.

Je soupire et passe une main derrière mon crâne, la tête baissée. Mes yeux croisent ma Bible. Aussitôt, je l'attrape pour ne pas qu'Annabeth la voit et la dissimule sous mon coussin. Tout a failli partir en vrille avec 'Beth  à cause de ma négligence, pas question qu'il arrive la même chose avec ma petite sœur.  Mais évidemment, elle n'est point aveugle et surtout, très futée ; elle a donc très bien vu que j'ai tenté de lui cacher quelque chose.

Vices à Versailles - S'aimer est interdit tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant