Chapitre 11

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« Être grand, c'est épouser une grande querelle », William Shakespeare

ELISABETH
Le matin même...

J'entends ma sœur et Antoine remués dans la pièce à côté depuis vingt bonne minutes, mais même si je suis réveillé depuis assez longtemps, je refuse de me lever. Je n'ai pas envie de les affronter. J'ai peur de ce qu'ils pourraient me dire pour hier soir.
Je jette un œil à l'horloge près de mon lit. Presque dix heures. Avec un peu de chance, ils vont se rendre à la messe d'une seconde à l'autre et alors je pourrai me lever une fois seule et m'éclipser avant qu'ils ne reviennent. Je sais, tout cela est puérile car je ne pourrai pas toujours les éviter, mais aujourd'hui, c'est le mieux à faire. Je n'ai pas beaucoup dormi de la nuit, les difficultés respiratoires d'Edouard m'ayant hanté pendant de longues heures. Va-t-il mieux aujourd'hui.

— Oh, je crains qu'elle ne dorme encore, entends-je la voix de ma sœur proclamer à je ne sais qui. Ne vous inquiétez pas, je vais la lui donner tout de suite. Oui, au revoir.

La porte d'entrée se referme et j'entends des pas se diriger vers ma chambre avant que je ne vois une lettre se glisser dessous. Mes yeux s'ouvrent en grand et sans plus faire attention de faire du bruit ou non, je me précipite hors des draps et attrape la lettre. Elle vient d'Edouard. Il m'annonce qu'il va mieux et me remercie pour mon aide d'hier soir. Je suis rassurée, qu'il se sente mieux, mais cela ne me dit pas ce qui lui est arrivé. Malgré tout, mon sourire s'affiche sur mon visage. Il va bien, c'est tout ce qui m'importe.
Des petits cognements retentissent contre ma porte et quelques instants plus tard, ma sœur l'ouvre. Je me dépêche de dérober la lettre de sa vue pour ne pas qu'elle me pose de questions.

— Je savais que vous étiez réveillée, me sourit-elle.
— Vous ne partez pas à la messe ?
— Pas aujourd'hui; Vous voulez bien... venir discuter avec Antoine et moi, s'il vous plaît ? Nous avons à vous parler.
— Ce... c'est-à-dire que j'avais prévu de jouer du piano.
— Cela peut attendre, résonne la voix de mon beau-frère dans le dos de ma sœur.

Le regard suppliant de ma sœur, qui a ses deux mains sur son ventre rond, me fait céder et je la suis hors de ma chambre pour traverser la sienne et entrer ensuite dans la pièce principale.
Louise part s'installer sur le divan à côté d'Antoine, qui a le visage fermé, tandis que je reste debout devant eux, le cœur tambour-battant.

— J'imagine que vous savez de quoi nous allons vous parler ? commence Antoine en levant son regard vert vers moi.

Oh oui, je le sais et c'est bien pour cela que je ne veux toujours pas leur faire face.

— Hier soir, quand vous m'avez demandé pour sortir dans les jardins... poursuit ma soeur.
— J'avais réellement envie de me promener à la belle étoile, juré-je.
— C'est pour ça que vous m'avez échappé à peine avais-je le dos tourné ? m'accuse Antoine d'une voix sévère.

Mon cœur bat tambour-battant dans ma poitrine.

— Mais non ! m'exclamé-je. J'ai attendu que vous finissiez votre conversation, mais ensuite j'ai entendu des notes de musique et...
— Et c'est en lui suivant que vous avez atterrit dans le labyrinthe ? devine Louise.

Je hoche la tête, heureuse qu'elle ne semble pas trop en colère.

— Et dans ce bosquet, vous êtes tombé sur cet Edmond.
— Edouard, la rectifié-je. Il s'appelle Edouard et je... oui, c'est ça. C'est lui qui jouait. Du violon. Il a un vrai talent.
— Qu'il ait du talent ou non, je m'en fiche, Elisabeth. Sérieusement, vous ne voyez pas le problème ?
— Non, sincèrement je... nous ne faisions rien de mal. Il a joué deux ou trois morceaux avant que je ne le trouve puis quand nous nous sommes retrouvés au même endroit, nous avons discuté. Simplement ça.
— Le problème, Elisabeth, s'immisce Antoine d'une voix autoritaire, c'est que vous vous êtes retrouvée seule avec un homme. Vous êtes célibataire, vous imaginez les répercussions que cela aurait pu avoir si une quelconque personne vous avait surpris ainsi ?

Vices à Versailles - S'aimer est interdit tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant