Chapitre 39

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« La déception est bien moins pénible quand on ne s'est point d'avance promis le succès », Sénèque

EDOUARD
Palais de Withehall, Londres, Angleterre

Ce voyage jusqu'à Dunkerque, puis Douvres et enfin jusqu'à la capitale m'a achevé, je suis littéralement éreinté et ne rêve que de dormir pendant des jours afin de pallier cette fatigue, mais aussi et surtout pour oublier mon éloignement d'avec Elisabeth. Elle me manque déjà atrocement, j'espère qu'elle est saine et sauve, je ne supporterai pas le contraire.
Lors de mon arrivée à Londres, j'ai eu l'idée de me rendre directement chez nous, mais finalement, j'ai décidé de me rendre au château, plus vite je fais mon rapport au Roi, plus vite j'en serai débarrassé et plus vite je pourrai rentrer chez moi.
Je descends de mon cheval que j'ai acheté à mi-chemin et lève les yeux sur le palais qui se dresse devant moi. La ville ainsi que le palais n'ont pas changé. Cela est étrange de revenir ici après des mois en France, ça m'a manqué, mais je ne suis pas ravi d'être de retour, surtout sans 'Beth. Je me dirige vers l'entrée du palais ou deux gardes gardent la porte. Oui, effectivement, tout est resté comme dans mon souvenir. À ceci près qu'au lieu de me laisser passer comme la dernière fois, l'un d'eux s'approche de moi, le bras tendu, pour m'empêcher d'aller plus loin.

— Bonjour Lord Godwin, Sa Majesté vous attend.

Je fronce les sourcils.

— Le... Attendez, comment sait-il que je suis de retour ? Je n'en ai informé personne.
— Suivez-nous, s'il vous plaît.

Complètement perdu, je les suis néanmoins jusqu'au Roi, qui se trouve dans la salle du trône, au centre du château. Assis, il me fixe quand j'arrive dans la pièce en m'inclinant pour le saluer. À chaque porte se trouve un garde, à sa droite, il y a son épouse, Marie de Modène, à sa gauche, un jeune homme d'à peu près mon âge et autour, quelques courtisans.

— Ah, Lord Godwin ! m'accueille-t-il en se levant. Comment s'est passé votre voyage ?
— Assez épuisant, mais heureux d'être de retour au pays, mens-je avec un trou dans le cœur en pensant à Elisabeth, si loin de moi désormais. L'un de vos gardes m'a dit que vous m'attendiez, pourtant...
— Des informateurs m'ont indiqué votre retour sur nos terres.

Il se retourne pour s'installer de nouveau sur le trône puis fais un geste de la main en direction des autres personnes présentes.

— Laissez-nous, Lord Godwin et moi devons parler, ordonne-t-il d'une voix autoritaire.

Tout le monde, même la Reine, se retire, outre les gardes, bien sûr. En sentant la présence des deux hommes derrière moi, ceux-là même qui m'ont escortés jusqu'ici, un mauvais pressentiment me saisit.

— Je dois vous avouer que je suis surpris de votre retour, Lord Godwin.
— La mission que vous m'avez confié s'est déroulé sans accroc. Cela a été difficile de trouver des informations cruciales, mais j'y suis parvenu avec acharnement.

Le Roi se gratte le menton, semblant réfléchir.

— Et votre... état, c'est pour quoi ?

Je regarde mon accoutrement et même si je suis bien conscient qu'il ne doit point parler de cela, mais plutôt de mes ecchymoses encore bien visibles, je fais mine de ne pas comprendre de quoi il parle, tout de même pas serein.

— Mon état, Sire ?
— Vos hématomes sur votre visage. À quoi sont-ils dus ?
— Une... altercation avec un passager du bateau.

Il plisse les yeux. Dans ma poitrine, mon cœur bat plus vite et plus fort face à la nervosité que je ressens.

— Il m'a... provoqué et comme je suis assez impulsif, je n'ai pas pu m'empêcher de..., me justifié-je.
— Cela suffit ! hurle-t-il en se levant, me faisant sursauter.

Vices à Versailles - S'aimer est interdit tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant