Chapitre 28

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« Plus l'amour est parfait, plus la folie est grande et le bonheur sensible », Erasme

EDOUARD

Le mois et demi qui est passé était phénoménal. Parfait. En tous points. Entre Elisabeth et moi, c'est l'amour fou. Désormais, j'ai du mal à passer une journée sans la voir, je me sens trop bien quand on est ensemble. Je lui donne quelques cours d'anglais, elle se débrouille plutôt bien. Outre cela, j'ai enfin réussi à calmer le Roi d'Angleterre et à le convaincre que tout va bien, que je gère ma mission du mieux possible. Ça s'est arrangé aussi du côté de ma famille, mon frère est retourné à la maison auprès de Mère, c'est encore compliqué du côté de Père, mais j'ai espoir quant à la gratitude du Roi. Et enfin, en plus de cela, le temps s'améliore, les températures deviennent de plus en plus douces, en ce début du mois de mai, ce qui n'est point pour me déplaire.

— Cela fait du bien de ne pas vous entendre jouer que du Lully, m'interpelle ma sœur, me faisant sursauter, en entrant dans la pièce principale de nos appartements.

Je baisse mon archet et lui sourit quand elle se place en face de moi.

— Oui, j'avais envie de changement, avoué-je.

Lorsque nous passons du temps ensemble, il nous arrive de jouer pendant des heures, avec Elisabeth et la majorité du temps, nous jouons du Lully. Mais depuis quelques temps, elle a une envie folle d'apprendre The Tempest de Locke et comme elle est enfin parvenue à dénicher une partition pour piano, nous avons  fait quelques duos. Aujourd'hui, c'est la première fois depuis longtemps que je le reproduis sans elle.

— Votre début de journée a été bonne ? m'intéressé-je. J'ai été surpris de constater que vous étiez déjà partie lorsque je me suis réveillée.
— Oui, j'ai oublié de vous prévenir hier soir que madame de Maintenon sollicitait ma présence tôt ce matin. Ce pourquoi je suis déjà ici. Et vous ?
— Oh j'ai...

Je suis interrompu par Odile qui passe la porte et se dirige tout droit vers moi.

— Une lettre pour vous, monsieur.

Elle me la tend et se recule de quelques pas avant qu'elle ne soit sollicitée par ma soeur qui décide de changer de robe, celle-ci étant un peu sale.
Je regarde la lettre et souris en reconnaissant le sceau de mon amour. Je la décachète et commence la lecture, mais en fait, ce n'est qu'un petit mot :
« My Lord, rejoignez-moi dans le labyrinthe dès que vous aurez reçu ce message. Votre dévouée 'Beth. »
Je souris davantage en la voyant employer le surnom que j'adore lui donner, mais pressé de la retrouver, je préviens Annabeth que je sors puis je quitte les appartements rapidement.
Cela se sent qu'il fait meilleur dehors, les courtisans sont de sortie et semblent plus joyeux. Pendant ma marche, je croise le Roi accompagné de quelques dames de la cour que je salue d'une révérence puis je m'empresse de rejoindre le labyrinthe ou Elisabeth m'attend. Je dois me rendre jusqu'au centre de celui-ci pour la trouver. Elle me semble très agitée. Marchant de long en large, on dirait qu'elle marmonne quelque chose, à voir ses lèvres bouger. Elle est même en train de lever les yeux au ciel. Que lui arrive-t-il ? Pourquoi semble-t-elle si nerveuse ? Interrogateur, je m'approche d'elle. Quand elle me voit, son visage s'illumine et elle me saute au cou.

— My Lord... souffle-t-elle contre mon oreille.

Depuis quelques jours, elle adore me surnommer ainsi, ce qui n'est point pour me déplaire.

— My love.... dis-je sur le même ton en la serrant si fort contre moi que je crains l'étouffer.

Trop vite, elle s'éloigne et le regard qu'elle me lance me semble étrange. Comme paniqué ou... anxieuse ? Ou bien même les deux ? Cela m'inquiète et me pousse à me rapprocher d'elle et à poser mes mains sur ses avant-bras.

Vices à Versailles - S'aimer est interdit tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant