Chapitre 22

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« Sur les ailes du Temps, la tristesse s'envole », Jean de La Fontaine

ELISABETH

La dernière note donnée de Marche pour la cérémonie des Trucs de Lully, j'ouvre les yeux et repose mes mains sur mes genoux, le sourire aux lèvres.

— Quelle merveille, me félicite ma sœur en applaudissant.

Je me retourne vers elle et je fais face à ses yeux rougis. Cela lui arrive souvent depuis son accouchement prématuré, je la trouve plus émotive qu'auparavant. Deux semaines après, elle va mieux, elle a quitté son lit et elle retrouve peu à peu le goût de vivre, mais la couleure noire de la quitte pas et cela m'attriste et m'inquiète encore, bien que je sois consciente qu'Antoine et moi ne devons pas la précipiter et devons la laisser faire son deuil comme elle le souhaite.

— Merci, réponds-je.

Elle se lève de mon lit, traverse les quelques pas qui nous séparent et me prend contre elle.

— Vous avez réellement un don pour le piano, Elisabeth, je ne cesserai de le répéter.

Elle me lâche et me regarde dans les yeux.

— Mais dites-moi, et si vous me jouiez votre invention, désormais ?

Je la regarde, un sourcil arqué, ne comprenant pas sa demande.

— Oh voyons, ne faites pas l'innocente ! s'exclame-t-elle. Croyez-vous réellement que je ne vous entends pas jouer, puis vous arrêter pour recommencer à nouveau depuis des jours et ce, des heures durant ?

Embarrassée qu'elle ait connaissance de mon secret, je joue avec une mèche de cheveux, toujours attachés en tresse, et baisse mon regard sur le sol. Les doigts de ma grande sœur se posent sur mon menton pour me le relever et que je fasse face à son regard émeraude.

— J'aimerais beaucoup l'entendre, me confie-t-elle.
— C'est que... ce n'est pas terminé.
— Peu importe. J'ai un peu écouté ce matin et... j'ai trouvé cela vraiment très bon. Mais pourquoi ce revirement soudain ? Je veux dire, le début est très joyeux, cela nous donne même envie de danser puis d'un coup, le ton est plus grave, plus... dramatique, dirais-je.
— Oh c'est euh... bégayé-je.

Je soupire, vais jusqu'à mon bureau où j'attrape mes partitions puis vais m'installer sur mon lit où Louise me rejoint.

— C'est euh... une chanson qui parle d'amour, révélé-je. Mais les hmmm... deux phases de l'amour. Au début, j'avais prévu que de décrire le bon sentiment de l'amour, celui qu'on ressent quand on nage en plein bonheur et qu'aucun obstacle ne se dresse sur notre chemin, mais les récents événements : le décès de votre bébé et... Mon éloignement d'avec Edouard m'ont poussé à écrire ma composition en deux parties. La première parle de l'amour heureux, celui qu'on ressent la plupart du temps, et la deuxième sera sur les mauvais côtés de l'amour, d'où... le ton dramatique. Mais... j'ai un peu de mal avec cette partie, cela ne rend pas comme je le souhaite.

La main de ma sœur se pose sur ma joue et lorsque je croise son regard attendri et peiné, le mien se rempli de larmes. Comme je suis heureuse que notre relation soit redevenue comme avant, entre nous. Je ne supportais plus nos disputes.

— Elisabeth... Pourquoi vous infligez-vous cela ? Je sais pertinemment que cette partie plus triste, vous l'avez écrite en pensant à Edouard. Comme je vous l'ai déjà dit, Antoine et moi avons réalisé que nous sommes allés trop loin et il est allé s'excuser auprès de lui. Vous avez notre bénédiction à la seule condition que vous restiez discrets et que vous ne faites rien de... trop avant le mariage, pourquoi le garder éloigner ? Pourquoi ne pas avoir répondu à la lettre qu'il vous a envoyé il y a deux jours ?

Vices à Versailles - S'aimer est interdit tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant