62. Maman

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Je travaillais sur ma maquette finale quand mon téléphone se met à vibrer. Je me fige une seconde en voyant le nom de ma mère affiché sur l'écran.

Elle ne m'a pas appelé depuis des lustres.

Je prends le téléphone et décroche instinctivement. Je veux juste entendre sa voix.

- Félix? Tu vas bien? Commence-t-elle aussitôt.

- Oui, répondis-je sèchement.

- Je suis contente de l'entendre.

Je sens dans sa voix qu'elle a dû beaucoup pleurer ce qui me fait mal au coeur. Elle a beau m'avoir abandonné, de mes huit ans à aujourd'hui, elle a toujours été une mère formidable pour moi.

- Tu veux qu'on se voit? Demandai-je après un long silence.

- Euh...oui! Bien sûr!

- Je passe te chercher.

Je raccroche après ça.
Je crois qu'il est temps de faire table rase du passé.

[...]


Je prends une grande inspiration puis sonne à la porte. Quelques secondes plus tard, Serge vient m'ouvrir. A en juger la tête qu'il fait, il savait que je venais.

- Bonjour. Euh, ta mère se prépare. Elle sera là d'une minute à l'autre, m'informe-t-il.

- D'accord, je vais l'attendre dans ma voiture, dis-je en me retournant mais il me retient par le bras.

- On peut parler? Demande-t-il sans jamais me regarder dans les yeux.

J'acquiesce et nous nous asseyons sur les marches.
Il semble hésiter quelques secondes puis prend la parole.

- Je suis vraiment désolé pour tout ce que je t'ai fait subir. Nous étions vraiment proches et j'ai tout gâché du jour au lendemain. J'espère qu'un jour tu pourras me pardonner, s'excuse-t-il.

- Tu n'as pas à t'excuser. C'est vrai que tu t'es comporté comme un con avec moi ces trois dernières années mais avant ça, tu m'as toujours bien traité et rien que pour ça, je ne peux pas te détester. Mais tu sais ce qui m'a le plus blessé? C'est de me rendre compte que tu ne m'as jamais considéré comme ton fils.

- Non Félix, c'est faux! Je te considérais et je te considère comme mon propre fils. Ce qui m'a énervé ce n'est pas que tu sois le fils d'un autre, c'est plutôt que tu sois vraiment lié à ta mère mais pas à moi. Le fait de me dire que tu ne seras jamais lié à moi aussi par le sang et que quelque part, tu avais ton vrai père m'a brisé. J'ai préféré te détester pour que le jour où tu me quitterais je n'ai pas trop de peine. Si je savais que...

- Si tu savais que mon père était mort tu aurais mieux fait c'est ça? Tu vois, c'est exactement ça la différence entre toi et moi car même si mon vrai père était vivant, je ne t'aurais jamais tourné le dos.

Il baisse les yeux, gêné.
J'ai beau m'efforcer à le haïr, je n'y arrive pas. Il a fait des erreurs comme l'humain qu'il est mais ça n'efface pas ses bonnes actions.

- J'ai décidé de garder ton nom de famille et de le rattacher à celui de mon vrai père. J'espère que ça ne te dérange pas?

Il me regarde les yeux larmoyants, un sourire aux lèvres.

- Bien sûr que non! J'en suis même très honoré. Merci Félix! J'espère qu'un jour je pourrais regagner ta confiance. Je passerai le restant de mes jours à travailler dur pour que ça arrive s'il le faut! Me promet-il.

Je souris légèrement et lui tend la main. Il sourit de plus bel quand il réalise ce que je veux et nous faisons notre check.

Ça prendra du temps pour que les choses redeviennent comme avant mais je veux essayer d'au moins avoir une relation cordiale parce qu'il compte toujours pour moi.

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