Samedi 17 Août 2024.
Les doigts crispés autour de la poignée de ma valise, l'autre main cachée dans la main d'Amaël qui se trouve dans sa poche, je fixe nerveusement la foule de l'aéroport. Mon père n'est pas encore là, de toute évidence.
Collé à moi, mon amoureux n'a pas l'air d'être dans un meilleur état. Il est inquiet à l'idée de rencontrer mon père, et tout le monde parle anglais autour de nous. L'anglais n'est pas un problème pour lui, je le sais, mais il se dévalorise beaucoup trop pour réussir à parler devant d'autres personnes.
Déjà en français, il ne parle pas beaucoup, même si je trouve qu'il a quand même pris confiance en lui depuis que nous sommes ensemble. J'espère que nos vacances ici se passeront bien pour lui...Inconsciemment, je presse un peu plus mes doigts contre les siens.
Et c'est à ce moment que j'aperçois mon père, muni d'un grand sourire. Brusquement plus angoissé, Amaël se colle contre moi, ayant visiblement suivi mon regard, je chuchote donc :
— Tout va bien, il sera pas chiant mon ange...Promis.
Il choisit de sortir nos mains de la poche de son pull, mais ses doigts demeurent soigneusement mêlés aux miens. Mon père s'immobilise à un mètre de nous, sans se départir de cette expression de joie sur le visage. Durant un instant, la pensée qu'il aurait peut-être changé traverse mon esprit.
— Bonjour papa, dis-je en français.
Encouragé par les deux mots que j'ai prononcés, Amaël balbutie un petit "Bonjour monsieur''. Mon père répond :
— Comment était le vol ? Pas très...trop long ?
Mon père est français, au départ, mais cela fait plus de vingt ans qu'il vit ici, à Londres. Et il ne parle français que pour parler à ma mère, - car elle refuse de lui parler en anglais - donc deux fois par an grand maximum. Pendant le divorce, c'est ma mère qui a perdu une grande partie de ce qu'ils possédaient, alors autant dire qu'ils ne s'entendent vraiment pas. Tant que cela ne m'impacte pas, cela ne me concerne pas, de toute façon.
— Un peu long, je suis content d'être arrivé.
Mon père hoche la tête et tend les mains vers nos valises pour les prendre. Un peu réticent, Amaël lâche quand même le bagage. Je sens sa main se crisper sur la mienne, je comprends que son stress ne diminue pas. J'espère que ça ira mieux à la maison...
Nous sortons de l'aéroport pour rejoindre le parking et la voiture de mon père. Mais j'ai beau regarder autour de moi, je ne reconnais pas la voiture, et mon père nous guide vers un gros véhicule que je ne connais pas. Il a encore changé de voiture. Une fois les valises installées dans l'énorme coffre proportionnel à la voiture, nous nous y installons.
— Katleen a préparé votre chambre. Vous dormez ensemble, n'est-ce pas ?
— Papa, on vit ensemble, évidemment qu'on dort ensemble, réponds-je, toujours en français.
Mon père rit doucement en levant la main en signe d'excuse. Rapidement, je reconnais ce virage qui m'indique que nous serons à la maison dans une dizaine de minutes, et je concentre mon regard sur le paysage.
— On arrive ? comprend Amaël, d'un tout petit chuchotement dans mon oreille.
J'acquiesce en me tournant vers lui pour embrasser sa joue. Ce n'est que lorsqu'il se crispe, les joues écarlates, que je me rappelle qu'il déteste les démonstrations d'affection en public devant des gens plus âgés qu'il ne connaît pas, parce que cela le gêne profondément. Je me fige, sachant très bien que mon père voit tout dans le rétroviseur.
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Dernier acte
RomansUne université, deux groupes qui se rejoignent. Trois couples différents. SUITE DE CINQ ACTES ET DE LAST NIGHT !