Vendredi 23 Août 2024.
— Zaven, il faut que j'aille aux toilettes...
Il n'a pas besoin d'en dire plus, je comprends qu'il faut que je l'y accompagne : Amaël déteste être seul devant d'autres personnes, encore plus s'il doit faire quelque chose. Et marcher devant des gens, c'est déjà beaucoup pour lui.
Je l'accompagne donc jusqu'à la porte des toilettes et je m'adosse à la paroi juste à côté pour l'attendre. En sortant, il me remercie, et je lui réponds d'un bisou sur le front qui le fait rougir. Il est trop mignon.
Nous retournons à nos places, et c'est exactement à ce moment qu'il est annoncé que l'avion va amorcer la descente pour atterrir, et qu'il faut donc boucler nos ceintures. Amaël glisse nerveusement sa main dans la mienne, il n'aime vraiment pas l'atterrissage.
— Ça va aller ? m'inquiété-je en cherchant à capter son regard.
— Oui...me lâche pas, murmure-t-il, suppliant.
— Jamais, mon ange.
Il laisse sa tête tomber sur mon épaule. Il va falloir qu'on appelle ma mère en arrivant, je viens seulement d'y penser. Je ne pense pas qu'Amaël l'ait fait, il a déjà appelé un taxi, et je suis tellement fier de lui.
Une trentaine de minutes plus tard, nous avons enfin récupéré nos valises, et je peux maintenant appeler ma mère.
— Coucou maman, euh...
— Tout va bien ? Tu appelles tard ce soir...
— En fait, on est à l'aéroport, on est rentrés, je t'expliquerai. Tu penses que tu pourrais venir nous chercher ? demandé-je, hésitant.
— Je serai là dans deux heures, d'accord ?
— Merci maman, expiré-je, soulagé.
***
— Il a demandé "qui faisait la femme" entre Amaël et moi, m'a dit qu'il éspérait que j'arrête la danse, qu'il était "sûr que j'étais une tapette" et qu'il avait hâte que Amaël et moi réalisions que nous ne sommes qu'amis. Il n'avait jamais été si loin, par appels et par messages il avait l'air content pour moi...
Maman est énervée, énervée à un point que je n'ai jamais vu auparavant. Elle prend une sortie vers une aire de repos, se gare et prend son téléphone. Amaël comprime ma main dans la sienne.
— Ecoute-moi bien. J'espère que tu regrettes bien tes paroles, parce que si tu veux revoir mon fils, ce sera avec des excuses ou sur ton lit de mort. C'est toi qui vois, mais en tout cas, il ne viendra plus chez toi. Si tu veux le voir, ce sera chez moi, et avec tes meilleures excuses. Compris ?
Et elle raccroche sans lui laisser une seule chance de répondre ou de se défendre.
Purée, j'adore ma mère.
— Merci, chuchote Amaël en même temps que moi.
Et purée, qu'est-ce que je suis amoureux de mon copain.
Je m'installe plus près de lui, la tête appuyée contre son épaule alors que ma mère reprend tranquillement la route, beaucoup plus apaisée et soulagée.
Maintenant que tout est réglé, la fatigue me tombe dessus, je ferme donc les yeux. Je me sens enfin chez moi, c'est-à-dire dans un endroit où Amaël et moi pouvons être tranquilles ensemble. Mon père n'est plus un problème, maintenant. Je n'irai plus chez lui. Comme l'a dit maman, s'il veut me voir, il n'a qu'à venir. Ce n'est pas comme si l'argent lui manquait de toute façon.
— Oups est à la maison ? demande Amaëlou.
— Sûrement avec Zéphyr, oui : il s'en est vraiment bien occupé. J'ai prévenu tes parents, d'ailleurs, je me doutais que tu y penserais pas, explique-t-elle. Il est déjà tard, tu dors à la maison ce soir j'imagine ? Il reste de la salade au frigo, si vous avez faim...
— J'ai surtout envie de dormir, intervint-je, sans même ouvrir les yeux.
Amaël écarte doucement les cheveux de mon front, avec une douceur qui lui est propre. S'il continue ainsi, je vais m'endormir avant même d'arriver à la maison.
— T'endors pas, je serai incapable de te porter jusqu'à ton lit...J'ai pas tes muscles, moi.
Un minuscule rire m'échappe. Malgré ma fatigue, je ressens brusquement le besoin de voir mon amoureux, et je force mes yeux à s'ouvrir. Dans la faible luminosité de la soirée, les yeux d'Amaël s'illuminent à la moindre lumière, créant des étoiles dans ses prunelles bleues.
Et enfin, nous arrivons à la maison. Je me dirige directement vers ma chambre après avoir dit bonne nuit à ma mère, et Amaëlou me suit avec nos valises. Il est parfaitement adorable.
— Tu veux pas aller te doucher ?
Je fais la moue, j'ai surtout envie de dormir. Mais mon amoureux est extrêmement malin :
— On prend une douche ensemble, viens.
Comment résister ? Ce mec est un horrible manipulateur, vous le voyez bien. Je le laisse m'entrainer dans la salle de bains, un sourire idiot collé sur les lèvres.
— Je t'aime, chuchoté-je quelques minutes plus tard, blotti contre lui sous le jet d'eau.
Il ne répond pas, mais si j'en crois la brusque chaleur de sa joue contre la mienne, il est content.
Dire qu'il m'aime, c'est vraiment compliqué pour lui. Mais je sais qu'il fait de son mieux, je sais qu'il m'aime, alors tout va bien. Je suis heureux lorsqu'il réussit à le dire, et il me le prouve très bien avec des gestes. Tout est parfait.
— Je suis tellement amoureux de toi, Amaël.
— Moi aussi, je te le promets.
— T'es parfait. Le meilleur copain du monde. Épouse moi, murmuré-je.
Il faut que je m'entraîne à dire ces mots sans bégayer.
— Quand tu veux.
Mon cœur loupe un battement, je me sens rougir d'une manière incontrôlable. J'ai tellement hâte de lui faire ma vraie demande en mariage. J'espère que j'arriverai à être un minimum imprévisible...
Je baille, m'accrochant un petit peu plus à Amaël. Ce dernier décrète alors qu'il est temps d'aller dormir. Nous nous lavons rapidement avant de rejoindre ma chambre.
Là encore, je me blottis contre lui, mêlant mes jambes aux siennes avec fatigue. Je refuse qu'il s'éloigne pendant qu'il dort, j'ai trop besoin de lui. J'ai besoin de lui en général, évidemment, mais le sommeil, c'est sacré. Une nuit n'est pas une bonne nuit si je ne suis pas collé contre mon amoureux.
— J'ai appris un truc, murmure Amaël. Je me dis que ça sera peut-être plus facile qu'en français...
Curieux, je ne dis rien et j'attends qu'il continue.
— Es mīlu Tevi. C'est je t'aime, en letton. Il y a aussi salanghaeyo, c'est en coréen...Et Minä rakastan sinua, en finnois.
J'écoute tous ces mots, prononcés avec l'accent le plus adorable de tous les temps. Les joues rouges, je dépose des baisers sur son cou.
— Je t'aime, Amaël. T'es adorable. Merci d'être toi, vraiment.
— Jag älskar dig, réplique-t-il. Suédois.
Je passe la main dans ses cheveux, me redresse pour embrasser tendrement son front avant de me rallonger contre lui. Sa main passe doucement dans mon dos, me faisant frissonner, et je souris. Je sens que je vais très bien dormir.
Tout va pour le mieux : Amaël est là et mon père est loin. Je suis heureux.
La porte, laissée entrouverte, grince. Je souris en entendant un petit miaulement, et Amaël chuchote :
— Oups, tu viens ? Viens dormir avec nous mon grand.
Un petit poids tombe sur nos corps enlacés, accompagné de gros ronronnements. Je souris contre le cou d'Amaël, terriblement joyeux.
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Dernier acte
RomansaUne université, deux groupes qui se rejoignent. Trois couples différents. SUITE DE CINQ ACTES ET DE LAST NIGHT !