Dernier acte

Chapitre 1- Amaël.

Jeudi 01 Août 2024.

— Oups, t'es vraiment insupportable, soupiré-je en soufflant bêtement sur les griffures toute fraîches sur ma main.

Je me relève du sol sur lequel j'étais assis pour jouer avec le chat et je sors de la chambre. Je m'approche de la salle de bains et referme ma main pour serrer le poing et toquer doucement à la porte : Zaven est en train de prendre sa douche. Et c'est avec sa serviette nouée autour de la taille qu'il vient m'ouvrir. Je me retiens soigneusement de baisser les yeux, parce qu'il faut bien se l'avouer : mon copain est magnifique. Une goutte d'eau roule sur sa clavicule.

— T'as du désinfectant ?

Les yeux de mon amoureux s'agrandissent au moment où il les pose sur mes minuscules blessures. Il prend délicatement ma main dans la sienne et me tire dans la salle de bains, sans faire attention à sa serviette qui glisse un peu trop à mon goût. Mon copain est un nudiste, c'est bien connu.

— J'ai le droit de l'étrangler ? demande-t-il en posant un coton enduit de désinfectant sur les griffures.

— Toujours pas Zaven, toujours pas.

Mon amoureux soupire en collant un pansement sur ma peau, même si ce n'est pas franchement nécessaire. Il termine de me soigner en déposant un baiser sur le dos de ma main, je souris joyeusement. Demain, cela fera un an que Zaven et moi sommes ensemble, et je passe vraiment les meilleures vacances de ma vie, cette fois. Un mois que nous sommes ici, j'ai accepté d'aller me baigner trois fois. C'est donc terminé pour cet été, je ne suis pas complètement fou non plus.

Zaven me rend heureux. Tellement heureux. On ne se dispute jamais, ou presque jamais, on communique beaucoup, et s'il pense m'avoir blessé, il passe beaucoup de temps à s'excuser et à m'embrasser pour se faire pardonner. Je l'aime comme un fou, de plus en plus chaque jour qui passe.

— Je comprends toujours pas pourquoi il préfère Zéphyr, souffle-t-il en se tournant pour enfin s'habiller. On est trop gentils avec lui, mon frère il lui tire sur les moustaches et pourtant il l'adore.

C'est le plus gros mystère de notre vie, découvrir pourquoi notre chat préfère le petit frère de Zaven plutôt que nous. Malheureusement, à part si Oups se décide à parler, je crois que nous n'aurons jamais la réponse.

A peine habillé, les cheveux tout mouillés, mon amoureux se précipite pour me serrer dans ses bras et je respire avec bonheur sa délicieuse odeur de menthe. Il ne sent pas la crème solaire, mais tout à l'heure sur la plage, il avait ce mélange d'odeurs que j'aime tant chez lui.

— T'as décidé ce qu'on fait ce soir mon ange ? demande-t-il doucement, le nez enfoui contre mon épaule.

— Champ de lavande.

Ce lieu me rappelle beaucoup de souvenirs, nous y allons à chaque fois que nous sommes ici. Ce n'est pas le lieu où notre relation a débuté, mais c'est un endroit rassurant, joli, et parfait puisque Zaven vient toujours avec moi lorsque je veux m'y rendre.

Nous finissons par sortir de la salle de bains. Nous rejoignons Zéphyr dans le salon, et, sans surprise, il est en train de câliner Oups qui ronronne plus fort que jamais, les yeux fermés et complètement détendu. Oups a vraiment des préférences, mais j'admets que je peux comprendre : Zéphyr est parfaitement adorable, j'adore cet enfant.

— Vous allez où ?

— On va se promener Zéphyrou, répond Zaven en glissant délicatement sa main chaude dans la mienne.

Même après une année entière, le moindre de ses contacts m'électrise encore. Et quand il m'appelle "mon ange", n'en parlons même pas. Zaven me fait toujours autant d'effet, si ce n'est pas plus. Je suis terriblement amoureux de lui. Mon copain est la perfection, et je le pense toujours avec autant de conviction que l'année dernière.

— Je peux venir ?

— Pas ce soir, mais on ira au parc demain avec toi, d'accord ?

— D'accord...répond le petit roux en faisant la moue.

Zaven détache sa main de la mienne pour aller déposer un baiser sur le front de son petit frère qui arrête immédiatement de bouder. C'est ça que j'aime chez mon copain, aussi : c'est qu'il n'est pas seulement doux et gentil avec moi, mais avec toutes les personnes à qui il tient et qui comptent pour lui. Il prend soin de toutes les personnes qu'il aime, et il le fait incroyablement bien.

Après s'être occupés de son frère, Zaven et moi sortons de la maison, main dans la main. Je me sens terriblement heureux d'être de retour ici pour les vacances. Deux mois entiers avec Zaven, Zéphyr, Loukas, Eléonore et un chat capricieux ? Parfait. Je ne pouvais pas espérer mieux. La joie d'être de retour ici est immense, même si je suis toujours dans l'incapacité de passer devant le cabinet du vétérinaire. Abby me manque toujours autant, mais j'ai appris à gérer ce manque et cette douleur.

— Demain soir, on dort au gîte ? demandé-je brusquement.

— Oui, et on va au parc avec les autres pendant la journée.

Son pouce caresse délicatement le dessus de ma main alors que nous marchons tranquillement vers le champ de lavande. J'apprécie énormément le fait d'être enfin tranquille avec Zaven, j'admets qu'avec les cours et le stress qui en résulte, on ne peut pas toujours être aussi apaisés et profiter ainsi d'être ensemble. Le repos et le calme me font beaucoup de bien.

— Je t'aime, déclare brusquement Zaven.

Je rougis et articule silencieusement un "moi aussi". J'ai toujours beaucoup de mal à parler de mes sentiments, ou à parler tout simplement, mais je trouve que je me suis beaucoup amélioré depuis l'année dernière. J'ai fait énormément de progrès, même si j'en ai encore beaucoup à faire, je suis plutôt fier de moi.

Nous arrivons enfin au champ de lavande. Mon amoureux s'assoit sur le sol, à notre endroit habituel, et il m'attire dans ses bras. Je me laisse aller contre lui, le cœur battant à toute allure, puis je pose mon menton sur son épaule. Je prends une nouvelle inspiration pour sentir son odeur si réconfortante, profitant de son étreinte chaleureuse sur moi. Je déplace lentement ma main le long de son dos pour remonter sur sa nuque, et je glisse mes doigts dans ses cheveux bruns, qui, comme toujours, sont si doux que j'en suis presque jaloux.

— Je t'aime aussi, réussis-je enfin à dire, profitant du fait qu'il ne puisse pas voir mon visage.

Il dépose un petit baiser sur ma clavicule, un frisson parcourt mon épiderme.

L'odeur de lavande est partout autour de nous, mêlée à la senteur de menthe qui émane du corps de mon amoureux. Je suis complètement détendu, parfaitement heureux, et je devine facilement que Zaven est dans le même état d'esprit que moi. Il est toujours heureux quand je le suis aussi, il est adorable.

— Joshua m'a envoyé un message, tout à l'heure. Il nous propose de le rejoindre dans un café le samedi avant la rentrée, pour discuter un peu, annoncé-je.

— Tu as accepté ?

— Oui. Il y aura aussi son copain, euh...Sam je crois, et leur amie dont j'ai oublié le prénom.

— D'accord, d'accord. J'ai oublié son prénom aussi, j'espère qu'elle nous le redira, rit doucement le brun.

Je blottis mon visage contre les cheveux de mon copain en réprimant un bâillement. Je deviens un grand-père, je suis fatigué très tôt en ce moment. Ce sont les dix-neuf ans qui me font ça, c'est certain. C'est trop compliqué d'être vieux...Zaven doit me comprendre, il a eu dix-neuf ans la semaine dernière. On est tous les deux vieux, maintenant.

— Amaëlou, embrasse-moi, s'il te plaît. Je veux des bisous...

Je rougis encore une fois mais relève la tête et pose mes lèvres contre celles de mon amoureux. Je le sens sourire, sa main se glisse derrière ma nuque pour approfondir le baiser. Mon cœur bat extrêmement vite, mon ventre me chatouille, et je suis heureux comme jamais. J'aime tellement l'embrasser.

Je l'aime comme un fou, et cela ne changera jamais, j'en suis pleinement convaincu.