Chapitre 29- Amaël.

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Samedi 31 Août 2024.

Je suis seul. Complètement seul. Zaven. Où est Zaven. Pourquoi Zaven n'est pas là. Pourquoi je suis seul. Zaven. Zaven. Zaven. Pourquoi Zaven n'est pas avec moi. Pourquoi est-ce que je suis seul.

Zaven, Zaven, Zaven. Pitié.

Il fait noir autour de moi. Complètement noir. Je ne vois rien, ne sens plus rien. Je suis comme détaché du monde.

Zaven, pitié...

Une sensation. Du froid. Du froid sur mes joues. Mes joues. Je sens mes joues. Je sens du froid sur mes joues. Non. Du glacé sur mes joues. Quelque chose de glacial est sur mes joues.

Glacial. Et mouillé.

Je pleure, je crois. Mes joues sont trempées de larmes glaciales. Où est Zaven. Pourquoi je suis seul. J'ai besoin de Zaven. J'ai besoin de lui. Je ne peux pas rester seul.

Je n'en peux plus.

Une autre sensation. Un bruit. J'entends à nouveau. Mais à peine. Ce bruit est une voix. Non. C'est sa voix. La voix de Zaven. Mais je ne comprends pas ce qu'il dit, et cela me fait pleurer encore plus. Je suis sûr que ce sont des larmes, à présent. Je pleure.

Une troisième sensation, ma gorge qui se serre. Ma gorge qui ne laisse quasiment pas passer d'air. Mes larmes roulent sur mes joues, inlassablement. Et je n'arrive pas à respirer ni à comprendre Zaven. Je n'arrive pas à inspirer, je n'arrive pas à expirer. L'air reste bloqué dans ma bouche et dans ma cage thoracique.

Je vais mourir. Je n'arrive plus à respirer. Je vais mourir ici, sans avoir pu parler à Zaven une dernière fois. Sans même avoir réussi à lui dire à quel point je suis amoureux de lui.

Encore une. Les mains de Zaven sur mes joues. Il chasse le glacé. Ses mains sont chaudes. Mais je ne comprends toujours pas les mots qu'il me dit. Je ne comprends rien. Tout est flou.

Son souffle. Son souffle s'échoue sur mon visage. Je veux ouvrir les yeux. Je veux le voir. Je veux l'entendre. J'ai besoin de Zaven. Mes larmes redoublent d'intensité, un sanglot secoue mon corps. Mon corps. Je sens à nouveau mon corps.

Mes yeux restent désespérément fermés alors que je fais tout pour les ouvrir.

Au secours. Zaven, Zaven, Zaven.

J'ai l'impression que sa voix se rapproche. La sensation de ses mains sur mes joues devient plus réelle. Plus proche.

Zaven.

Mais c'est toujours trop loin pour que je puisse le comprendre. Je n'en peux plus. J'ai besoin de lui. J'ai besoin d'être avec lui.

Amaël, Ama-... il faut... tu ouvres les... Ouvre...yeux. Je...là, dit-il, collé à mon visage.

Je sais qu'il est collé à moi. Je le sens. Mais sa voix me semble si lointaine que j'ai du mal à comprendre chaque mot. Je veux l'entendre. Je veux entendre Zaven, je veux désespérément comprendre ce qu'il me dit.

Je prends une grande inspiration qui me déchire et me brûle les poumons. Mais la voix de Zaven me semble plus proche suite à ça :

Respire, mon cœur. Respire. Avec moi.

J'ai compris tout ce qu'il a dit. Mes larmes augmentent en intensité, mais de soulagement. Zaven est là. Je ne suis pas seul. Il est là. Avec moi. Il ne m'a jamais laissé tomber. Je l'aime.

J'ouvre soudain les yeux, au prix d'une intense douleur qui me vrille le crâne et qui me ferait tomber si je n'étais pas allongé.

Le visage de Zaven apparaît devant mes yeux, recouvert de larmes. Il pleure. Probablement à cause de moi. J'en ai marre, je le fais toujours pleurer. Je suis minable.

Amaël, putain, j'ai eu la peur de ma vie, souffle-t-il d'une voix blanche.

Je n'arrive pas à parler. Je passe mes bras derrière son dos avec précipitation, me colle contre lui alors que de violents sanglots me secouent. Mon visage plaqué contre son épaule, je pleure comme jamais, relâchant toute l'angoisse des dernières minutes. Minutes ? Heures ? Secondes ? Je n'en ai pas la moindre idée. Je ne sais pas combien de temps il s'est écoulé.

Zaven, Zaven, Zaven, prononcé-je faiblement, entre deux sanglots.

Je suis là mon ange, je suis là...

P-pardon, p...pardon...

Chut, tout va bien. T'as pas besoin de t'excuser. T'as aucune raison de t'excuser. Tout va bien Amaëlou, tout va bien.

M-mais...tu pleures...

Zaven inverse délicatement nos positions. Ses bras m'entourent, sa main caresse mon dos avec douceur. Mes larmes sont maintenant brûlantes, mais c'est supportable. Je sanglote désespérément contre son cou, incapable d'oublier la sensation de ne rien ressentir. J'étais absolument terrifié. Seul.

J'étais inquiet pour toi, mais ça va maintenant, regarde. Je suis là pour toi.

Il glisse sa main dans mes cheveux, défaisant patiemment les nœuds pendant que je pleure sans réussir à m'arrêter. Je hoquète faiblement contre lui, trempant son tee-shirt de larmes.

Tu peux me dire ce qui s'est passé ? chuchote doucement Zaven.

J-je sais pas, j-je sais pas...J'ai pas com...compris ce qui se passait...

Calme, doucement. Parle doucement mon ange, te précipite pas...Prends ton temps.

Je renifle piteusement. Je ne comprends rien à ce qui s'est passé tout à l'heure, mais ça me fait vraiment peur. Une sorte de cauchemar très terrifiant. Vraiment très terrifiant.

Merci...

Zaven se redresse et m'aide à m'asseoir sur ses cuisses. J'ose timidement croiser son regard alors que mes larmes se calment enfin. Mon regard est cependant encore brouillé. Les bras passés autour de ma taille, Zaven me regarde attentivement, son nez à quelques centimètres du mien. Je prends une grande inspiration tremblante, les mains crispées sur le tee-shirt de Zaven.

Tu veux boire de l'eau ? Prendre une douche ? Aller marcher un peu dehors ?

Dehors...On peut aller dehors ?

Il n'y a pas de champ de lavande, ici. En tout cas, pas de champ de lavande accessible à pieds, malheureusement. Zaven a eu le permis avant les vacances, mais il n'a pas encore de voiture : son père est censé lui en offrir une, mais je ne sais pas si cela se réalisera après ce qui s'est passé. On verra bien. La voiture me stresse beaucoup trop, je ne serais pas tranquille si Zaven prenait la voiture tout le temps.

Mais malgré l'absence de lavande, je pense que l'air frais de la nuit me ferait du bien.

Zaven et moi sortons du lit et nous habillons rapidement. Nous sortons silencieusement de l'immeuble, il fait noir dehors malgré la présence rassurante de la lune au dessus de nos têtes. Je me rapproche de Zaven pour glisser ma main dans la sienne, sa paume est chaude.

Tu veux aller quelque part en particulier ? chuchote mon amoureux en levant ma main près de son visage pour y déposer un baiser.

Pardon de t'avoir inquiété, dis-je en baissant honteusement la tête.

Zaven m'attire dans ses bras, entourant fermement ma taille. J'appuie mon front contre son épaule, les yeux fermés.

Tu vas bien, alors tout va bien Amaëlou. D'accord ? T'excuses pas, s'il te plait.

Je crois que j'aimerais voir un psychologue. J'ai déjà essayé au collège, mais j'aimerais tenter le coup. Je ne veux plus faire peur à Zaven comme cela. Je vais demander à Joshua, je sais qu'il en voyait une au lycée...Peut-être qu'il voit encore quelqu'un maintenant.

Je t'aime.

Pour toute réponse - pour le moment en tout cas, il me regarde et je n'arriverai pas à parler tout de suite - je colle mes lèvres à celles de mon amoureux. C'est à la fois pour lui dire que je l'aime aussi, mais également pour le remercier d'être toujours à mes côtés. Il est génial.

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