Chapitre 23

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Sydney:

Désormais tout me paraît réel.

Bradley est au courant pour Victor, ce qui implique que je ne peux plus rester dans le déni.

–Je sais que c'est à cause de lui que tu te caches.

–Je ne me cache pas! Dis-je plus fort que je ne voulais. Il lève les mains en signe de paix.

–Ne t'énerve pas, je suis là pour t'aider.

Je me tourne vers lui.

–Je n'ai pas besoin d'aide Bradley, je veux juste qu'on me foute la paix. Tu peux comprendre ça?

Il acquiesça, reportant à nouveau son regard sur les bâtiments qui ornent le paysage.

Ses phalanges blanchissent alors que ses poings se serrent sur la chaîne en métal me signifiant son agacement.

–Et toi? Il se tourne à nouveau vers moi, me fusillant du regard. Il se lève et se place devant moi, plantant son regard dans le mien.

–Tu sais ce que ça fait d'être marié avec toi? De devoir constamment me débrouiller avec tes sauts d'humeur et tes décisions irréfléchis dont tu ne me préviens même pas!

–Bradley qu'...

Il ne me laisse pas finir me demandant silencieusement de me taire d'un geste de la main. Il ne m'a jamais rien reprocher, il ne s'est jamais énervé contre moi.

Je suis tétanisée ne sachant pas comment réagir.

Je reste assise sur le bois de la balançoire attendant la suite sans bouger.

–J'ai toujours été là pour toi et je n'ai rien eu en échange. Jamais de reconnaissance de ta part. Je t'ai défendue, j'ai même tenté de convaincre Victor de t'envoyer dans le publique pour que tu aille batifoler avec ton abruti de stagiaire.

J'ouvre la bouche pour répondre mais il enchaîne.

–Moi, je passe constamment pour un con, je passe pour le mari qui se fait tromper, celui qui ne s'occupe pas de sa femme! J'en ai plus qu'assez Sydney, ton père a raison, tu n'es qu'un tas d'emmerdes!

Je retiens mes larmes encaissant ce que me dit mon ami d'enfance.

Je voudrais lui dire ce que j'en pense mais, les mots restent bloqués dans ma gorge m'empêchant de respirer correctement.

Si Bradley me tourne le dos à son tour il ne me reste pas grand chose.

Bien sûr j'ai toujours Stan mais, du côté de ma famille je n'ai plus rien si je ne peux m'appuyer sur Bradley.

Alors qu'il tourne les talons et remonte dans sa Mercedesse restée garée un peu plus loin, je ne tente pas de le rattraper.

Je reste assise là, pleurant en silence prise de remords.

Le pas traînant, j'arrive au bas de l'immeuble des Evans.

Les mots dur bien que vrai de mon mari tournent en boucle dans ma tête me faisant prendre conscience du sacrifice que lui a demandé notre mariage prématuré et non consenti.

J'arrive dans la chambre déserte de Stanley et tente de rappeler Bradley.

Je refuse de croire que tout s'arrête ainsi.

C'est comme si je venais de perdre mon frère.

C'est la première fois que je me dispute avec lui et je dois avouer que ça fait horriblement mal.

Il est mon seul ami.

–Quelle robe dois-je mettre?

Bradley regarde les deux robes encore sur leur cintres que je tiens à bout de bras en les lui présentant.

Il finit par hausser les épaules totalement indifférent à la conversation.

–Bradley, nous annonçons officiellement nos fiançailles.

–Je sais.

–Alors laquelle?

Je grimace alors que Bradley appuie frénétiquement sur l'octave la plus grave du piano à queu qui se trouve dans le salon de son manoir.

Notre nourrice crie complètement désespérer face à nos bêtises.

Je saute du tabouret déchirant au passage ma robe choisie par mon père, ce qui fait rire Bradley.

–Mademoiselle Cooper, mais enfin regardez ce que vous avez fait avec votre robe!

Les yeux écarquillés elle se jette au sol tentant de recoller le bout de satin qui est détachée du bas de mon vêtement.

–Cessez de rire monsieur Collins, je parlerais à vos parents de votre comportement plus qu'inconvenable en leur absence.

Bradley et moi continuons à rire tandis qu'elle sort du salon, son portable à la main.

Je crie tandis que Bradley prend un virage faisant crisser les pneus arrière de la voiture de son père.

–Bradley, ton père vas nous tuer!

Il rit prenant un nouveau virage me collant à mon siège.

Je vois le compteur battre son record sur le tableau de bord, 210 km/h.

Je ris malgré moi, impressionnée par la vitesse que nous prenons.

Mes doigts se crispent sur le siège me donnant des crampes mais je ne m'en soucie pas bien trop amusée par le paysage méconnaissable de l'agglomération de New-York.

–Plus vite!

Lui ordonnais-je en constatant qu'une voiture de police, gyrophares et sirènes activés est à notre poursuite.

J'entend mon père crier au loin dans le couloir froid dont les murs en parpaings gris me rappellent où je suis. Bradley est appuyé contre les barreaux en métal collant son front entre eux tel un détenu de 20 ans. La voix de Monsieur Collins se rapproche se mêlant au cliquetis des clefs qui vont nous ouvrir la porte. L'un des policiers responsable de notre incarcération se présente face à la porte accompagné de nos père à Bradley et moi. Monsieur Collins offre un simple hochement de tête à l'officier le remerciant. Lorsque Bradley sort avant moi, son père l'attrape par la nuque le forçant à avancer. Je reste un moment à l'intérieur de la cellule faisant perdre patience à mon père qui me fusille du regard.

–Sort de là Madeline! Je frissonne au son de sa voix dépourvu de sympathie et finis par sortir sans oser le regarder. Comme Bradley, mon père m'agrippe non pas par la nuque mais par le bras et m'entraîne à sa suite ne se souciant pas du fait que je peine à le suivre.

–Ça va?

J'ouvre les yeux sur Stanley.

Allongé dans son lit à mes côtés, sa main vient caresser ma joue.

–Oui et toi? Dis-je le ton enjoué faisant taire les souvenirs qui me hantent.

–Tu dors à cette heure-ci?

–Oui, j'étais un peu fatiguée.

Il semble se contenter de ce semi-mensonge et se couche posant sa tête sur ma poitrine.

–Je t'aime Stanley.

Je n'entend pas ce qu'il me répond replongeant dans le sommeil.

My dear husband (My dear intern T.2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant