Chapitre 8

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Sydney:

Mon sang coule dans le lavabo et se mélange à l'eau qui devient rouge.

À l'aide d'une pince en métal, je fouille ma chair à la recherche du morceau de verre qui s'est implanté dans la paume de ma main. Lorsque je le sors, mon sang coule abondamment le long de mon bras.

Je me replace au dessus du lavabo dans le but d'en mettre le moins possible sur le sol.

Les gouttes d'hémoglobine coulent sur le marbre rose dans un rythme régulier et s'en vont disparaître dans le siphon.

Je regarde un moment ce spectacle, me demandant ce que j'ai fait des pansements et du désinfectant.

Mes mains se posent sur le bord et y laissent leurs empreintes ensanglantées. J'ouvre l'eau froide et laisse le liquide nettoyer mes mains. Le sang ne cesse de couler abondamment, ne me laissant pas voir grand chose de ce que je fais.

Je trouve du désinfectant dans le meuble au-dessus de moi et l'applique sur un coton démaquillant.

L'odeur d'alcool agresse mes narines et me monte à la tête. Le coton blanc prend une teinte bleue et je grimace quand il entre en contact avec ma chair à vif.

Je colle un pansement sur ma main et pars me coucher.

Une fois la lumière éteinte et couchée sous les draps, je suis prise d'une terreur sortie de nulle part.

Je repense au regard de Victor, froid et terrifiant, restant dans l'incompréhension de la conversation qu'il a eue avec mon père.

Je sais que Victor est un monstre et qu'il est capable de faire des choses qui dépassent mon imagination, mais qu'a-t-il fait à ma mère pour que Georges soit si inquiet ?

–Mademoiselle Cooper, comment vous sentez vous en sachant que Georges Cooper n'est pas votre père? Je t'en pose des questions?

–Répondez à la question, avec qui votre mère a-t-elle trompé votre père ?

Je me dirige à la hâte vers le hall d'entrée de l'immeuble en slalomant entre les journalistes.

Je vois ma mère sortir au même moment et ils s'agglutinent tous autour d'elle.

–Madame Cooper s'il vous plaît...

Je me glisse derrière elle et l'attrape par la main dans le but de l'éloigner. Nous entrons dans l'immeuble, accueillies par la réceptionniste qui ne se soucie pas des journalistes bien trop habituée à ses jours de rush.

–Bonjour mademoiselle Cooper.

Je fais un mouvement de tête dans sa direction pour lui répondre.

–Comment tu es habillée toi ? Tu te rends compte de l'image que tu donnes aux journalistes ?

Contrairement à son mari, ma mère est restée la même qu'avant en apprenant que je savais que Georges n'était pas mon père.

Ses talons et son tailleur lui donnent son habituelle allure de femme d'affaire.

Je porte des baskets, un jean et un sweat de Stanley.

Ma mère fronce les sourcils en passant sa main dans mes cheveux détachés tandis que nous montons dans l'ascenseur.

Une fois les portes refermées, elle se tourne vers moi.

–Pourquoi tu t'obstines à nous faire honte, hein ?

–C'est quoi le problème?

–Madeline ça suffit, tu as vu comment t'es habillée, c'est Stanley qui t'a mis ce genre d'idées dans la tête?

–De quelles idées tu me parles?

–Tu vas me faire croire que les éléments de cet accoutrement ne lui appartiennent pas ?

Je regarde le jean que j'ai acheté la semaine dernière et le sweat gris qui porte encore l'odeur de mon petit ami.

–Si, mais je ne vois pas le rapport.

L'ascenseur s'arrête à l'étage où il y a le bureau de mon père.

Je reste dans l'habitacle mais ma mère m'attrape le bras, me forçant à la suivre.

Elle entre sans frapper dans le bureau de mon père qui est assis derrière son ordinateur.

En nous entendant entrer, il relève la tête dans notre direction et ses sourcils se froncent.

Ma mère me pousse à passer devant elle.

–Regarde ta fille. "Ta fille" Ça s'est de l'ironie où j'y connais rien.

Il contourne son bureau et me regarde de la tête aux pieds en détaillant chaque partie de mes vêtements et de mes cheveux.

–Sydney, mais comment t'es habillée ?

–Avec des vêtements, comme chaque jour. Je hausse les épaules comme si c'était évident.

Ma réponse ne semble en satisfaire aucun des deux puisque ma mère m'assène une tape derrière la tête et que mon père croise les bras d'impatience.

Le téléphone de ma mère sonne et elle ressort en demandant à mon père de "s'occuper de ça" comme si je n'étais qu'une corvée à réaliser.

Quand la porte se referme, il soupire en fermant les yeux.

–Sydney, c'est quoi ton problème en ce moment ?

–Il n'y a aucun problème.

–Tu ne t'es jamais habillée comme ça et aucun de tes professeurs ne t'a jamais traité d'incompétente. Me dit-il alors qu'il n'a jamais rencontré aucun de mes professeurs.

Pourtant mon prof de droit au lycée me trouvait vraiment plus qu'incompétente.

Je crois qu'il en est même venu à se demander si j'avais déjà mis les pieds dans un tribunal.

–Pourquoi tu étais à la cave cette nuit ?

Sa question me prend de court, je lève les yeux vers lui. Je sais qu'il sait pourquoi j'étais à la cave, Victor le lui a dit quand il a découvert que je prenais des bouteilles.

Je hausse à nouveau les épaules, ne sachant pas quoi lui répondre.

Il se rapproche de moi et me prend dans ses bras, ça me surprend et je ne bouge pas, gardant mes bras le long de mon corps.

Je reste un moment ainsi, à me demander ce que je suis censée faire de mes bras alors qu'il ne me touche presque jamais.

–J'avais juste envie de boire du vin, c'est tout. Dis-je sur le ton de l'évidence.

Il rit légèrement, s'éloigne de moi et me tient à bout de bras pour me regarder.

–Pourquoi du vin?

–Parce que j'aime ça.

Et que c'est presque tout ce qu'il y a à la cave.

Je garde cette dernière pensée pour moi, sachant que ça ne va pas l'amuser autant que moi.

–C'est pas commun d'avoir envie de boire du vin la nuit.

–Que veux-tu, je tiens peut être ça de mon géniteur, il est peut être alcoolique.

Mon père continue de rire et secoue la tête en regardant le sol. Dire qu'il était en colère contre moi quelques minutes plus tôt est impensable.

–Allez, file au lieu de me raconter des conneries.

Je ris à mon tour et me retourne vers la porte.

My dear husband (My dear intern T.2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant