My dear husband (My dear intern T.2)

Chapitre 6

Stanley:

De mes pouces, j'essuie les nombreuses larmes qui inondent le beau visage de Sydney ne sachant pas quoi faire de plus pour l'aider.

Complètement tremblante de froid et trempée par la pluie qui tombe dehors, elle frissonne dans mes bras sous les couvertures.

–Je ne sais plus vers qui me tourner Stan.

Sa voix est méconnaissable, brisée comme elle.

–Peut être que tu devrais entrer en contact avec Church, pour être sûre.

–Oui mais comment ?

Elle se redresse, ses cheveux tombent négligemment sur ses épaules, du bout du doigt je trace les fins traits de son visage, ce qui la fait sourire.

–Stanley, si ce mec est vraiment dangereux, je ne peux pas aller le voir.

–Dans tous les cas, il sait qui tu es, tu peux mettre les choses à plat et tu lui feras comprendre que tu ne veux rien avoir à faire avec lui.

Elle me lance un regard sceptique alors j'ajoute :

–Tu n'as rien à perdre.

–Mais Georges...

–Et depuis quand Georges est parfait hein ?

Elle rit légèrement.

Ses joues prennent de la couleur, se teintant de rose. Ses lèvres s'étirent, m'offrant leur plus beau sourire.

Elle vient se nicher dans mes bras, collant son nez dans mes cheveux.

–Je t'aime.

Je n'ai jamais aimé la politique et je n'ai jamais cherché à faire semblant que ça m'intéressait.

Faux sourire scotché aux lèvres, costume cravate hors de prix sur le dos et une Sydney plus discrète que ce qui est humainement possible, je serre la main de Tobias Church.

Ce dernier m'envoie un sourire poli et ne cesse de regarder "ma stagiaire" avec un intérêt qui me déplait fortement mais que je tente de camoufler.

Il nous invite à le suivre dans son bureau tellement lumineux qu'il me fait mal aux yeux.

Mais je suis là pour Sydney alors je prends sur moi.

Je garde en tête que ça reste une mauvaise idée mais je m'abstiens de tout commentaire et entre dans mon rôle d'étudiant en politique.

–Merci de nous recevoir monsieur Church.

–Alors, qu'est ce qui vous amène ?

Je sens Sydney se tendre à côté de moi et je me retiens pour ne pas prendre sa main.

Je perds mes moyens et oublie mon texte.

J'ai beau chercher dans mon esprit, tout ce qui me vient est l'angoisse grandissante de Sydney à mes côtés.

–Je...

Church me regarde attentivement mais je ne sors rien de plus.

Les mots restent bloqués dans ma gorge tandis que je me dis que tout ça est stupide.

S'il est vraiment le père de Sydney et qu'il est au courant, il l'aurait déjà reconnue.

Soit il est bon acteur et il nous fait croire qu'il est convaincu sur le fait qu'elle est ma stagiaire, soit il ne la connaît vraiment pas, ce qui serait étonnant étant donné qu'ils font pratiquement partie du même monde.

–Monsieur Church, je suis Sydney Cooper.

J'écarquille les yeux et croise ceux de Sydney qui semble avoir compris à son tour que tout ça est ridicule.

Il reporte toute son attention sur Sydney, les mains jointes devant lui attendant patiemment la suite.

–J'imagine que vous n'êtes pas sans connaître les rumeurs qui courent sur...

Elle s'interrompt en baladant ses yeux de gauche à droite sur le sol, cherchant probablement ses mots.

–Je me doutais bien que vous n'étiez pas vraiment venu pour cette histoire d'étudiant en politique. Lui répond-t-il avec un sourire amical fendant ses lèvres.

–Nous étions si peu crédibles ?

Il rit légèrement à la question de Sydney, fixant ça potentiel fille alors que cette dernière semble à la fois légère et angoissée.

N'ayant plus aucun rôle dans cet échange, je me sens soudainement de trop.

–J'y ai cru jusqu'à ce que je vous reconnaisse mademoiselle Cooper. Il est évident que la politique n'est pas votre domaine de prédilection.

Elle acquiesce, semblant moins tendue qu'au départ. Il redevient sérieux.

Son regard bleu comme celui de Sydney se pose sur elle.

–Je ne suis pas votre père, je n'ai même jamais rencontré votre mère. Pas directement en tout cas.

Je suis étonné de voir la vitesse à laquelle il a compris la véritable raison de notre présence.

Sydney semble à la fois soulagée et déçue.

S'il avait été son père, elle aurait pu tourner la page et avoir des explications. peut-être pas dans cet ordre là. Elle se retrouve à nouveau à la case départ.

–Très bien...

Ses yeux continuent à vagabonder sur le sol, elle semble absente, complètement déconnectée de la réalité.

Le trajet est long et silencieux, Syd est perdue dans ses pensées et ne m'accorde aucun regard ni aucune parole.

Julian me dépose devant chez moi et Syd refuse de venir avec moi. Elle me lâche un "au revoir Stanley" d'un ton distant et referme la portière de la voiture.

Ils partent en me laissant ici sur le trottoir.

Je me sens terriblement inutile et il est temps pour moi de me changer, ce costume de riche commence à peser une tonne et je ne me sens pas à mon aise.

Je passe ma nuit à ressasser en boucle les derniers événements dans mon esprit.

Church n'est pas le père de Sydney, Georges ne l'est pas non plus.

J'aimerais vraiment pouvoir l'aider à avancer mais je crois que je suis aussi largué qu'elle.

La pluie ne cesse pas de battre contre mes fenêtres simple vitrage, s'accordant parfaitement à mon humeur du moment.

J'ai l'impression d'être le personnage principal d'un livre dramatique qui se retrouve au milieu d'une intrigue qu'il ne comprend pas.

Sauf que ce n'est pas un livre, c'est la réalité et ce n'est pas une intrigue sortie tout droit du cerveau d'un auteur sénile mais la vie de ma petite amie.

Et il n'y a pas de mot "fin" marqué en gras au bas d'une page blanche apparaissant après un épilogue qui expliquerait que Sydney et Stanley ont finalement eu une fin heureuse.

que Sydney a rencontré son père, que nous nous sommes mariés et avons eu beaucoup d'enfants.

Mais il n'y a pas d'épilogue concluant et aucune page blanche pour raconter notre histoire.

Aucun bouquin pavé qui retrace notre passé et notre avenir.

Nous sommes les seuls auteurs, narrateurs et personnages de notre histoire.

Celle d'une avocate qui tombe amoureuse de son stagiaire et d'un dépravé du Queens qui ne peut plus se passer d'une gosse de riches qui a grandi dans une puissante dynastie qu'il détestait plus que tout.