Chapitre 36

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Sydney:

Stanley me colle contre son torse dans une étreinte où je me sens en sécurité.

Nous finissons par nous séparer et je distingue mon père aux côtés de mon mari.

Ils nous regardent tous deux quand Victor fait son entrée.

Son regard froid s'attarde un moment sur le bras de Stanley dans mon dos.

Bradley me regarde avec dégoût plissant un coin de sa bouche dans une grimace qui déforme son visage dont les narines laissent échapper quelques gouttes de sang rouge.

–Vous voyez Victor. Il agite son bras dans notre direction pour attirer l'attention de mon grand-père sur nous. Vous voyez bien que nos dynasties sont en danger.

Le contrat.

Je regarde cet homme avec lequel j'ai grandi.

Enfant, Bradley était pour moi la seule personne sur laquelle je pouvais compter.

En grandissant c'est dans ses bras que je me réfugiais quand mon père me faisait regretter ma présence ou quand Victor réapparaissait au manoir pour plusieurs jours.

Désormais il n'est pour moi qu'un obstacle qui me sépare du bonheur.

Sa présence m'empêche d'être avec Stanley et son absence mettrait nos dynasties en danger.

Si je parviens à remettre Victor de mon côté, il pourrait éloigner les Collins en me rapprochant de Stanley.

Mais Victor n'a jamais été de mon côté et il n'a rien à gagner à se mettre du côté de Stanley.

C'est un gouffre sans fond, une boucle sans fin il n'y a pas de mots pour décrire ma vie telle qu'elle est.

Comme le montre le contrat qu'il soit vrai ou faux, Bradley et moi sommes conventionnellement destinés l'un à l'autre mais, mon âme elle, elle est destinée à Stanley.

À quoi sert d'avoir une âme sœur si on ne peut vivre avec? À quoi bon tenter d'arranger les choses quand des gens comme les Collins ont des avis si différents?

Le regard que Victor pose sur moi me brûle au plus profond de mon âme.

Je sais qu'il va prendre une décision, et je sais que mon avenir avec Stanley va dépendre des mots qui vont sortir de sa bouche.

La tête qu'affiche madame Collins quand mon père annonce que nous prolongeons la réunion vaut le détour.

J'installe Stanley à côté de moi face à Bradley qui boue de colère en s'asseyant sur sa chaise.

Les Collins regardent leurs fils avec cet air qu'ils affichent quand ils ne comprennent pas quelque chose.

–Pourquoi votre stagiaire est ici?

Demande le père de Bradley à mon propre père.

Victor s'asseois à sa place et ouvre à nouveau le dossier qui contient le faux contrat.

Il en sort deux tas de feuilles de la même épaisseur et les jette vers les Collins.

–Vous pensiez vraiment que je ne me rendrais pas compte que ce contrat est un faux? Sa voix est étonnamment calme.

Madame Collins prend le dossier dans ses mains et le feuillette.

–Je ne vois pas de quoi vous parlez.

Finit-elle par dire la voix légèrement tremblante.

Le coup de poing que Victor assène à la table en verre nous fait tous sursauter, mon regard

croise celui de Stanley et je lui souris sans grandes convictions à l'idée qu'il est impliqué dans tout ça par ma faute.

–Vous savez parfaitement de quoi je parle madame Collins, vous avez créé un faux contrat profitant de mon état de faiblesse pour votre profit.

État de faiblesse?

La mère de Bradley, les cheveux parfaitement attachés en un élégant chignon bas, semble retenir des larmes. Peut être de la crainte, ou de désespoir.

Je ne comprends pas tout ce qui se passe devant mes yeux.

J'ai une nouvelle fois cette impression de voir ma vie se dérouler devant moi sans que je puisse faire pause.

Monsieur Collins s'empare du second tas de feuilles et le feuillette attentivement.

Je devine au regard de Bradley par-dessus l'épaule de son père qu'il s'agit du vrai contrat.

Il l'arrache de ses mains et glisse ses yeux sur les nombreuses feuilles, le regard livide.

Sa peau est tellement pâle que l'on pourrait presque voir à travers lui.

Ses doigts se crispent sur les feuilles qui se froissent sous sa poigne.

Ses phalanges blanchissent sous les nombreuses bagues à ses doigts.

Il chuchote quelque chose à son père que je ne peux entendre.

Ce dernier lui répond sur le même ton bas.

Victor assit non loin d'eux semble très attentifs à leur échange.

Il croise ses doigts devant lui et aborde un air sérieux et concentré. Il sait visiblement quelque chose qui m'échappe.

Georges se relève et prend les feuilles des mains de mon mari.

Ce dernier bien trop perdu dans ses pensées ne semble pas s'en rendre compte.

Avant qu'il ait le temps de tourner la première page, je m'en empare à mon tour.

Je vois du coin de l'œil le regard de Victor qui s'accroche à moi mais je tente d'en faire abstraction m'apprêtant à découvrir à mon tour la vérité.

Il semble analyser mes moindres faits et gestes ce qui me fait comprendre l'importance de ce que j'ai dans les mains.

My dear husband (My dear intern T.2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant