Chapitre 22

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Sydney:

Je regarde le traître qui m'a servi de stagiaire.

Il est vrai que dans un sens je suis fière de lui, il a réussi à me battre à partir de ce que je lui ai appris.

La voix de Georges tourne en boucle dans ma tête me répétant que je suis si incompétente que je me suis fait battre par un stagiaire.

–Sydney tu veux de la salade?

J'acquiesce et Laura me sert.

–Alors Sydney, comment ça se passe pour toi au lycée? Me demande le père de Stanley.

–Très bien merci.

–On a fait un procès fictif en droit aujourd'hui et...

–Ne fini même pas cette phrase. Dit-je en pointant Stanley avec ma fourchette.

Il rit et s'adresse à nouveau à son père.

–J'ai gagné contre Sydney.

Je lève les yeux au ciel et replonge dans mon assiette.

–Je t'ai laissé gagner. Marmonnais-je plus pour moi que pour les autres.

–Ouais, ça doit être ça.

Je mange une feuille de salade masquant mon sourire naissant.

Edgard félicite son fils et j'ai un pincement au cœur en constatant qu'il est réellement fière de lui. Ce que mon père ne sera jamais, autant Georges que Victor. Ils ont tous deux joué un rôle au long de ma vie.

Georges s'efforçait de dire haut et fort qu'il était mon père sans se soucier de moi et Victor attendait patiemment que la vérité tombe pour me récupérer.

Maintenant qu'elle est là, aussi laide qu'authentique, cette vérité me hante, me perd et me désole.

Je ne sais plus qui croire entre ma mère, mon père ou mon grand-père.

Et Célestine, elle est partie aussitôt après avoir prononcé la phrase dont découlait cette vérité.

Elle n'a donné aucun point de vue si ce n'est celui qu'elle savait vrai.

Victor est mon père. Et après?

J'ignore ce que je dois faire de cela.

Je pourrais donner cette information aux médias qui n'attendent que ça, ainsi je détruirais ce qu'on construit mes arrières grand-parents et ce que Victor s'est efforcé toute sa vie d'agrandir.

La dynastie des Cooper.

La dynastie des Collins ne serait pas épargnée par cette révélation.

Du fait de mon alliance avec Bradley, ils tomberaient probablement à leur tour.

Mais, est ce vraiment ce que je souhaite?

D'autant plus que désormais tout le monde est au courant de mon infidélité.

Le magazine paru la semaine passée me montre en plein ébat avec Stanley dans la bibliothèque du lycée.

Il n'y a aucune chance de reconnaître mon ancien stagiaire mais, on me reconnaît sans aucun doute.

L'auteur de cette photo n'a pas jugé important de citer le nom de Stanley souhaitant m'incriminer moi seule.

Je n'ai pas pris de décision concernant Victor mais, si je décidais d'affirmer au monde qu'il est mon père, ce ne serait pas le moment.

Cela passerait plus pour une tentative de détourner l'attention de moi plutôt que pour une révélation.

Si je décide de révéler ça, il me faut patienter encore un peu et réfléchir aux conséquences.

Depuis ma confrontation avec Victor qui a plus assombri mon point de vue sur la situation qu'il ne l'a éclairée, je ne suis pas rentrée au manoir.

Squattant chez les Evans, allant chaque jour au lycée et passant mes week-end avec Stanley, je ne me soucie de rien.

Je comprend enfin ce qu'est être une adolescente comme les autres, du moins presque.

Ma vision du monde à changé, j'ai changé.

Mes seules préoccupations sont celles qui concernent le lycée et les tâches ménagères pour lesquelles j'aide avec enthousiasme Laura.

Je pousse la balançoire à l'aide de mes pieds, mes chaussures frottent contre le sol en béton à chaque passage que je fais au-dessus.

Les chaînes qui me maintiennent à la structure métallique couinent à chaque fois que je recule et grincent lorsque j'avance.

Bradley tape avec dégoût dans une canette de bière vide avant de venir sur la balançoire à côté de moi.

–Tu vas vraiment rester ici?

Je m'arrête, freinant avec mes pieds, abimant mes basquettes autrefois neuves.

–Tu préfère que je retourne dans le Bronx?

Il grimace à nouveau de dégoût qu'il ne tente en rien de cacher.

–Tu déconnes?

–Oui, je ne retournerais pas là-bas.

–Alors viens chez moi, ça calmera les médias sur le fait que tu m'as trompé.

Même si Bradley ne m'aime pas comme un mari est censé aimer sa femme, j'ai consience que me voir ainssi avec Stanley dans un magazine l'a perturber, peut être même que ça l'a blesser. Je renvoie une mauvaise image de notre couple.

Je le fait passer pour un mari qui ne me satisfait pas. Même si c'est le cas, je refuse de faire du mal à Bradley.

Les journalistes ne cessent de l'harceler de questions pour avoir son point de vue.

Il s'efforce de jouer au mari qui vient de le découvrir en leur disant que nous avons réglé ce différend lui et moi.

Il maintient également qu'il ne sait pas qui est l'homme sur la photo.

Bien sûr, même s'il s'en doutais, je n'ai pas hésité à lui dire que c'était Stanley.

Je n'ai jamais rien eu à y cacher, bien que le comportement de Bradley à mon égard ait considérablement changé ces derniers temps, je ne trouve pas d'intérêt à lui cacher des détails de ma vie qui affectent directement la sienne.

Ses yeux scrutent les horizons, s'attardant sur les immeubles défraîchis et le paysage gris et monotone.

–Je me sens bien ici Brad.

–Ouais c'est vrai qu'on se sent bien au milieu des rues habitées par des poubelles. dit-il ironiquement avant de se tourner vers moi.

–Mais, je ne pourrais pas tout le temps trouver des explications aux médias sur le fait qu'on ne nous voit plus ensemble. Ça fait deux fois que tu disparais des radars en peu de temps, les gens se posent des questions, je ne te l'apprend pas.

–Je sais ce que je fais.

–Et pour Victor?

Je frissonne à l'entente de son prénom.

–Quoi Victor?

–Ton père m'a dit qui il était.

My dear husband (My dear intern T.2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant