Le rêve d'une autre vie.

Chapitre 31 : Le fouet Précautionneux.

Dans les jours qui suivent, je nous prepare une "sortie en amoureux" pour quelques jours, les vacances d'hivers viennent tout juste de commencé, c'est parfait pour aller en forêt et perfectionner l'accord assin. Je réserve une chambre dans une petite auberge de village à quelques km de la dite forêt. Même si nous y allons pour un entraînement et non de l'amusement, mon Wei est impatient, il n'arrête pas de dire que de n'être que tous les deux va nous faire du bien. Je ne comprend pas vraiment puisque nous passons la plupart de notre temps libre ensemble. La veille de notre départ, je prépare nos bagages, et nous nous couchons tôt, enfin pour moi cela ne change pas beaucoup de mon habitude.

- Wei Ying, je hurle mon désespoire lorsque je vois son corps tomber dans ce gouffre sans fond.
Mon coeur et mon esprit souffrent, je saigne... je sens le désespoir envahir mon corps et mon âme, l'englober dans le noir et la terreur. Une plaie béhante s'agrandit au fur et à messure que son corps sombre dans cette abysse sombre... Je ne suis plus qu'une ombre solitaire avec un trou dans la poitrine, aussi grand que ce gouffre qui vient d'avaler mon amour. Mon coeur est en souffrance, je viens de perdre mon aimé, mais je ne peux me permettre de rester là. Je sais que les sectes vont se diriger vers le tertre funéraire, ils vont sûrement détruire tout ce qui pourrait de loin ou de près leur faire penser à mon amour. Et s'il y reste des survivants ? Comme ce petit A-Yuan, qu'il considèrait comme son fils, je ne l'ai pas vu dans les survivants Wen qui s'étaient présentés au chef de clan Jin. Mon esprit se remet en marche rapidement, je dois m'en assurer, et protèger ceux pour qu'il vient de mourir. D'un pas vif et décidé, je me dirige vers le tertre funéraire, là, dans la grotte "Fumu Dong", je le trouve. Son petit corps est couvert de sueur, il est tremblant et bien trop faible. Je pose ma main sur son front, il a une très forte fièvre, je dois le sortir d'ici au plus vite. Alors que je porte le corps frêle du petit A-Yuan, j'entend du bruit à l'extèrieur, les cultivateurs des autres sectes sont arrivés. Je cache mon prècieux trésor dans un coin près de l'entrée de la grotte, puis me dirige vers la sortie, jamais je ne les laissserai me le prendre, il est son fils... Il est le mien... c'est sans doute prétencieux, mais je m'en moque.

La plupart des cultivateurs qui sont devant moi, sont du clan Jin, je vois le chef de clan Su, un ancien disciple Lan. Ils ont tous leurs épées pointées vers moi, BiChen est dégainée, je les attends, Su She m'interpelle.
- HanGuang-Jun, qu'est-ce que cela veut dire ? Dans la ville sans sommeil, vous avez protégé Wei Ying. Bien. Maintenant, vous ne nous laissez même pas fouiller son ancien repaire ? Quelles sont vraiment vos intentions ?
Et toi quelles sont tes intentions en fouillant ainsi dans le repaire de mon amour ? Qu'espères-tu y trouver ? Il n'y a rien que tu puisses contrôler de toute façon. Tu as l'audace de me parler alors que tu as quitté le clan Lan.
- Vous n'êtes pas qualifié pour me parler.
- Tu !
Su She commence à sortir son épée, qu'espère-t-il ? Il n'est clairement pas de taille face à ma détermination.
- Chef de clan Su.
C'est Jin GuangYao, le seul fils illégitime que le chef de clan Jin a bien voulu reconnaitre. Il se dirige vers nous d'un pas décidé, je ne l'aime vraiment pas, je n'ai jamais eu confiance en lui. Mais le chef de clan Su, puisque c'est ainsi qu'il faut l'appeler, en bon chien fidèle, rengaine son épée, tout en me jetant un regard noir.
- Laissez tomber. HanGuang-Jun est un gentilhomme vertueux. Puisque HanGuang-Jun ne nous autorise pas à fouiller, nous épargnerons la "Caverne de l'assujettissement du démon".
Il se moque de moi par ses mots, mais cela m'est bien égale, je ne bouge pas. Su She hoche de la tête pour montrer son acceptation à "son maître", même si je vois bien dans son regard qu'il n'est pas d'accord avec ça.
- Nous avons encerclé le tertre funéraire. Même si le Yiling Laozu a eu la chance de ne pas mourir, il ne pourra pas se rendre à "Fumu Dong" sans être détecté.

Quelle bande d'incompétent, aucun d'entre eux n'a compris mes intentions... Après une telle chute, avec l'envie de mourir qui flottait dans les yeux de mon Wei, il y a peu de chance qu'il soit vivant... Je suis sûre que Jiang WanYin va s'en assurer. Ma poitrine se compresse et me tiraille.
- Oui, affirme Su She en s'inclinant vers Jin GuangYao.
Ce dernier me salut avec un peu trop d'affablité, se retourne pour partir, mais s'arrête...
- Oh, c'est vrai. HanGuang-Jun, votre oncle est ici. Il semble qu'il est ici pour vous ramener à Yun Shen Bu Zhi Chu.
Je suis sûr que c'est jouissif pour lui, de me dire que les seules personnes qui ont de l'autorité sur moi, sont ici pour me rappeler à l'ordre... Mais pas cette fois... Cette fois je vais tenir ma promesse faite aux cieux. Je vais sauver A-Yuan. Il ne voit sûrement pas la détermination dans mon regard, puisqu'il n'a pas pris la peine de se retourner pour me parler. Que ce soit devant mon clan, mon Shufu, ou mon frère, je maintiens ma position contre ceux de la majorité. Je sais que je cause beaucoup de problèmes en agissant ainsi, blessant les disciples et les ainés de mon propre clan, mais grâce à ça, je peux mettre A-Yuan en sécurité. Je le raméne discrètement à Yun Shen Bu Zhi Chu, et l'installe dans l'infirmerie, je demande à ce qu'il soit remis au soin d'une nourise du clan Lan, en tant que mon fils, dès sa guérison. Cela ne manque pas de faire réagir les médecins, qui me demande où est la mère de mon fils... pour seule réponse, ils ont droit à un silence chargé de douleur et une larme sur ma joue.

Mon Shufu est furieux et je sais que la punition qu'il va m'infligé sera à la hauteur de sa colère... 300 coups de fouet Précautionneux et 3 ans réclusion dans la caverne du bassin froid. Au final, cela m'importe peu, car A-Yuan est en vie et intègré au clan Lan, comme étant mon fils... Alors que le premier coups de fouet s'abat sur mon dos, je reste droit, ne cèdant pas à la colère de Shufu. Même le supplice des coups n'éfface pas celle de son absence, alors je continu de m'élever contre les régles. Je sens mon corps s'affaiblir à chaque nouveau coup, le sang s'écoule des plaies laissé par les coups de fouet. Je sers les poing, la douleur est violente, mais je repense à mon Wei, mon amour et je me dis que finalement cette douleur est supportable. Je vois que c'est aussi dure pour mon Shufu, car il ne me regarde pas dans les yeux quand je souffre, pourtant en tant que chef de clan, il me demande de réciter la 52éme régle de la famille du clan Lan.
- Ne pas être ami avec de mauvaises personnes. Je répond les dents serrés par la douleur.
- Tu viens de balancer la racine qui détermine une personne du clan Lan au fin fond de ton esprit. Comment peux-tu affronter tous les honorables ancêtres du clan Lan ?
- J'ose vous demander. Qu'est-ce que le "juste" ?  Qu'est-ce que le "mauvais" ? Je souffle la douleur restreint ma respiration, mais je continu. Qu'est-ce qui est noir ? Qu'est-ce qui est blanc ?
- Très bien. Est-ce le bon disciple à qui j'ai enseigné ?
J'entend la déception de mon Shufu dans cette phrase, mais je reste de glace. Je suis ce disciple, mais il ne m'a jamais vu dans mon entièreté, ni dans les sentiments que j'épouve. Je serre les poing, du sang coule de ma bouche, j'ai mal au dos mais pas autant qu'au coeur, alors je reste droit.
- WanJi... Tu m'as grandement déçu.
Le fouet s'abat inlassablement sur mon dos, mes vêtements blancs sont maintenant teinté de mon sang carmin. Le dernier coup frappe enfin mon corps meurtri, je m'écroule devant la salle des punitions, sombrant dans l'inconscience. A mon réveil, je sais que je serai dans la caverne du basin froid, mais ça m'est égale. Une réclusion de trois ans, pour réfléchir à mes actes, mais le seule chose que je sais, est qu'à l'heure actuelle, je ne suis plus qu'un coquille remplit d'angoisse, de douleur et peine. Cette même souffrance qui m'accompagnera encore pendant des années.
  
Je me réveil dans un sursaut, qui me fait grimaçer, mon dos est douloureux, j'ai mal à l'intérieur comme à l'extérieur. Mon sursaut a éveillé mon amour, je cherche l'étreinte de ses bras, à cette instant je n'ai besoin que d'une chose, le tenir dans mes mains. Wei Ying semble l'avoir bien compris en s'enroule comme du lière autour de moi.
- Lan Zhan, chut...
Lorsqu'il passe ses mains dans mon dos, comme il en a pris l'habitude, je resens une vive douleur, je serre les dents et m'accroche au t-shirt de mon Wei. L'élancement me parait si réel que je ne peux m'empêcher de grogner, en cachant mon visage sûrement déformer par ma détresse, dans le cou de mon amour.
- Tu as mal ?
Mon Wei semble inquièt, je le sens bouger vers la table de chevet, il allume la lampe. Je sens plus que je le vois mon amour se crisper.
- Lan Zhan.... ton dos...
Je me redresse pour le regarder, ses yeux sont rempli de peur.
- Ca va, ça ne fait pas si mal, j'assure.
- Tu...
Je vois des larmes s'accumuler sous ses yeux... Ne pleure pas pour moi mon amour.
- Lan Zhan, tu...tu...tu es couvert de sang.
Je regarde la main de mon Wei, elle est rouge foncé, je sais qu'il a peur, moi aussi, mais je dois le rassurer.
- Ca v...
Je n'ai plus de force, je retombe mollement dans les bras de mon Wei.
- Lan Zhan, reste avec moi... Tu m'entends...
Je le sens bouger, je crois qu'il retire mon haut de pyjama, tout en serrant contre lui pour voir de ses yeux ce qui a provoqué cette hémorragie.
- Lan Zhan, tu n'as pas le droit... de me faire ça, reste avec moi...
Ce sont les derniers mots que j'entend...