Chapitre 20: Ton absence.

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Jiang WanYin et moi attendons dans la chambre depuis un quart d'heure, je ne peux m'empêcher de faire des allé-retours dans la petite chambre assigné à Wei Ying.
- WangJi pose ton cul, tu m'énerves encore plus que je ne le suis déjà, m'assure Jiang WanYin.
Je m'asseois bien que mon corps est en souffrance de par ce geste, je commence à faire sauter mon genoux avec anxiété. J'entend du bruit dans le couloir, je me lève tel un ressort, suivit de WanYin. Une infirmiére pousse doucement un lit d'hôpital dans la chambre, le place au millieu de la pièce, replace toutes les perfusions et rebranche toutes les machines. Mon Wei est là sur ce lit stéril, il respire doucement et semble endormie, un bandage entoure sa tête, pour couvrire les strips de sa plaie recousu. Mon coeur se serre à cette vision, je sens que mes yeux accumulent des larmes, Jiang WanYin est dans le même état que moi. Alors que l'infermiére nous laisse seuls, je m'approche du lit, mes yeux ne peuvent pas quitter mon amour. Il semble tellement serein, sa respiration est si régulière, lentement j'attrape sa main. Je sens sous mes doigts quelques aspérités dû aux blessures, je les carresse doucement avec mon pouce, comme si ce geste pouvait les soigner.
- Wei WuXian, pourquoi ? Tu vas encore tracasser papa et maman ? Et Jiejie ? Y as-tu pensé ? Ne méritent-ils pas mieux ?

Jiang WanYin rage comme si cet accident était de son fait. Je ne peux que lui lancer un regard noir...
- Ce n'es pas lui le fautif dans cette histoire, assurè-je.
- WangJi, sans vouloir t'offenser, que fais-tu ici ? Tu ne fais même pas parti de la famille.
J'allais répondre mais la voix grave et bienveillante d'un homme s'éleve dans la petite pièce et m'en empêche.
- A-Cheng ! Il y a des choses qui ne peuvent pas être dites, même dans les moments de rage.
- Oui, père.
Ce dernier se fige.
- Si tu les dis, cela signifie que tu ne comprends pas la devise de la famille.
- La devise... hein ! Toujours cette devise ! S'indigne la mère de Jiang WanYin.
Le père adoptif de Wei Ying est un homme au regard doux et bienveillant, je l'apprécie tout de suite, il est le contraire de son fils. Je me présent comme il se doit, en tant qu'ami de Wei Ying. Mais je suis vite corrigé par sa ShiJie, que je vois pour la première fois, qui fait remarquer à son père que je suis le "petit-ami" de Wei Ying. Il me sourit avec toujours autant de bienveillance et m'invite à rester au près de son fils autant de temps que je le souhaite. Yu furen ne dit rien, mais je vois bien qu'elle n'apprécie pas notre relation ou Wei Ying... Je saurais le dire... ou peut-être les deux... Je vois en elle, le caractère colérique de son fils.

Toute la famille Jiang reste au chevet de Wei Ying, lui parlant de choses et d'autres, de notre inquiètude, de l'état des autres élèves. Ce qui me surprant le plus, est le monologue de sa ShiJie, qui lui dit qu'il a bien choisi son partenaire et qu'elle m'aime beaucoup. Je ne dis rien et reste impassible, mais fait un léger mouvement de tête en remerciment. Cela me fit sourire intérieurement. Sur le coup de 18h30, la famille de mon amour prend la décision de partir, le voyage les a fatigués et ils ont besoin de repos. Je ne veux pas partir maintenant, je les salue donc comme il se doit, puis retourne au près de mon Wei. Vers 20h, les blouses blanches sont venues faire les soins de mon Wei, j'aurais voulu faire sa toilette mais ne faisant pas parti de sa famille, je ne pus que sortir de la chambre. Je tiens la main de mon amour, ma tête est posé sur le lit au coté de son corps, je sens des larmes coulées le long de mes joues maintenant que je suis seul et c'est ainsi que je m'endors à 21h.

Une première année s'est écoulée depuis ta mort, le cauchemar de ta chute hante toutes mes nuits. Ton absence me tiraille chaque jour et chaque nuit, ce n'est pas tant le fait de ne pas t'avoir à mes côtés, mais le fait que tu ne sois plus de ce monde. Que jamais plus, je n'entendrais le son de ta voix, ni ton rire si communicatif, que jamais plus, je ne verrais ton immense sourire, ni tes grands yeux gris. Les plaies laissées par les coups de fouet disiplinaire se sont refermés il y a peu de temps, mais je n'ai que faire de cette douleur, elle n'a rien de comparable à celle de mon coeur. Trente-trois coups pour avoir sauvé A-Yuan d'une mort certaine, je ne regrette rien. A chaque fois qu'il vient me soigner, XiChen me dit que je ne devrais pas me lever pour guèrir plus vite... Je dois dire qu'avoir volé jusqu'à la ville sans sommeil, pour te voir par moi-même, ne m'a pas aidé... Mais je devais savoir... au final, je n'avais rien trouvé de plus. Je suis toujours enfermé, ma réclusion a commencé à peine l'annonce de ta disparition prononcée, lorsque je suis revenu de la ville sans sommeil. Malgré l'absence de réponse, je continue de jouer "question aux esprits", peut-être qu'un jour... je saurais ce qu'il est advenu de ton âme.

Voilà trois ans que tu es parti, je viens de sortir de ma solitude forcée, je suis retourné aux ruines de la ville Wen. Je sais que tu n'es pas là, mais je veux le voir de mes yeux, en être certain, peut-être que Jiang WanYin est passé à coté de toi sans te voir... Comme il l'a fait si souvant dans le passé. Je continu de jouer "question aux esprits", mais personne ne me répond. Les cauchemars me hantent toujours et comme souvant des questions me submergent, pourquoi m'avoir forcé à te lâcher ? Pourquoi ce sourire serein ? Pourquoi m'avoir abandonné ? Et je pleure, comme souvant quand je suis seul et que je pense à toi.

Cela fait cinq que tu as disparu, je parcours le monde dans l'espoir d'apercevoir ton ombre. Je ne suis pas le seul à penser que tu puisses renvenir, ton frère traque tous les cultivateurs démoniaques. La rumeur cours qu'il les enferme, puis les interroge sous la torture pour être sûr qu'aucun d'eux n'est toi. Je ne sais pas si cela est vrai, mais ce qui l'est, est qu'il cours après les pratiquants des arts démoniaques. A plusieurs reprises nous nous sommes croisés, lui traquant, moi protègeant. Mes rêves ne cessent pas, pourtant j'ai l'impression que ton souvenir s'éffrite... Alors je pense à ton sourire immence et au gris de tes yeux brillant de couriosité, la peine me hante et mon coeur souffre. J'ai toujours aussi mal... je ne peux que vivre avec cette douleur, qui maintenant fait partie intégrante de mon être.

Aujourd'hui, c'est le dixième anniversaire de ta disparition, je te cherche encore et toujours mon amour. Je sais que ton âme et la mienne se retrouverons mais je ne sais pas quand. Tu es mon âme-soeur, il ne peut en être autrement, depuis dix ans, je ne veux toujours que toi, je ne pense toujours qu'à toi. C'est toi et seulement toi qui occupe mes pensées, chaques secondes de chaques minutes de chaques jours de chaques années... Et ce depuis notre rencontre. Chaque année, en ce jour funeste, je pleure ta disparition, mais je ne perd pas espoir de te revoir et tous les soirs, je joue "question aux esprits". Tu ne le sais sûrement pas mais A-Yuan est un Lan à présent, il est considéré par tous comme mon fils, personne ne sait d'où il vient, ni qui est sa famille... Personne ne se doute que son premier père adoptif, c'est toi. Cet enfant est une bénédiction... J'ai l'espoir qu'un jour tu sois fière de lui, comme je le suis... Il ne le sait pas mais c'est lui qui me retient dans ce monde...

Voilà seize ans que je t'attend... c'est long et ma peine ne faiblie pas, bien au contraire. Je ne pourrais pas te raconter tout ce qui s'est passé en ton absence, bien trop de chose qui m'ont changé. Je pense que les esprits ne veulent plus m'écouter, mais comme tous les soirs, je joue sur mon Qin... Mais je n'obtiens jamais de réponse. A-Yuan est assez grand pour parti en mission, hier il était au manoir Mo, il a du faire face à un esprit redoutable pour son jeune âge, il a bien réagit... Même si je suis fière de lui, je suis surtout surpris de trouver des traces du Yin Hufu, en ce lieu... Ta chute refait surface dans ma mémoire, Wei Ying, est-ce toi ? Un nouvel espoir prend place dans mon esprit... Je sais que les juniors doivent participé à la chasse du mont Dafan, alors que nous nous y dirigons mon esprit est ailleurs, il est avec toi, mon amour.

Quelque chose me réveille, comme une douce caresse qui me surprend. J'ouvre les yeux sur ma main qui tient toujours celle de mon Wei. A la différence d'hier, le pouce de mon amour fait de lent va et vient sur le dos de ma main. Ma respiration accélére, je me redresse rapidement mais avec délicatesse. Les yeux de mon Wei Ying sont toujours fermés, je regard son beau visage.
- Wei Ying, si m'entend, montre le-moi.
Le pouce de Wei Ying qui avait arrêté ses caresses, reprend ses doux mouvements. Des larmes menacent de couler, mais je les retiens.
- Wei Ying, tu es là...
C'est tout ce que j'arrive à dire, je pose mon front sur le sien, évitant soigneusement sa blessure. Jiang Fengmian entre à ce moment là dans la petite chambre, me faisant me redresser, il se retourne vers Jiang YanLi.
- Va chercher quelqu'un !
- Oui, père.
- Qu'est-ce qui s'est passe ? Demande Jiang WanYin.
- Je lui ai demandé s'il m'avait entendu et il a bougé son pouce.
Un immence sourire s'affiche sur chaque visage de la famille de Wei Ying, montrant que eux aussi sont rassurés.
- Jeune homme avez-vous dormi ici ? Me demande soudain Jiang Fengmian.
- Mn.
Il dû voir que je n'ai pas changé de vêtements, je dois avoir encore un visage froissé de la nuit, mais cela m'est égal.
- Vous devez être fatigué ? Que pensez-vous d'aller vous reposer ?
- Non, ça va. Merci. Je vais demandé à mon frère de m'apporter des vêtements propres.

Le rêve d'une autre vie.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant