Chapitre 50 : De vieux amis.

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Ce n'est pas dans mes habitudes, mais je décide d'envoyer un message dans un groupe, comprenant XiChen et Wei Ying, pour leur donner rendez-vous à la cantine pour la pause de midi. Je m'installe à ma table pour 11h30, après m'être assuré que mon père avait bien quitté les lieux. Pendant l'attend, je me dis qu'il me faudra faire quelques copies pour avoir séché les cours de toute une matinée. Mais mes pensée dérivent vite vers mon père, puis mon Shufu, et alors que je me perd dans d'inombrables hypothéses, j'entend mon Wei crier mon nom.
- Lan Zhan ! Qu'est-ce qu'il y a ? Pourquoi cette réunion ? Tu vas bien ? Tu n'as rien ? s'assure-t-il en me tatonnant le corps
- Wei Ying, ça va. Attendons XiChen.
- Je suis là, affirme mon fère le soufle court.
Je le regarde avec étonnement, lui aussi s'est dépêché pour venir me voir.
- Je ne voulais pas vous inquièter.
- C'est raté, m'assure mon amour.
- C'est Père, n'est-ce pas ?
- Mn, mais pas que.
Nous prenons place autour de ma table et je leur raconte mon entrevue avec mon père. Les yeux de mon Wei sont humides, plusieurs sentiments se disputent en lui, l'amour qu'il me porte et le questionnement sur sa famille. Je ne saurais dire lequel est le plus présent, mais je sais que mon Wei en est vraiment troublé.
- Il fallait si attendre venant de Père, que vas-tu faire ? Et s'il te coupe vraiment les vivres ?
- J'irai travailler.
- Lan Zhan, tu ne peux pas abandoner tes études, il doit bien avoir une autre solution.
- Je n'abonne pas. Mais ce n'est pas tout, Shufu est venu me voir après mon entrevue pour me donner un rendez-vous, avec vous, au réfectoire, après les cours, il veut nous parler.

C'est donc en fin de journée que nous attendons le professeur Lan dans le réfectoire. Même si je ne suis pas anxieux, je dois bien avouer que je me demande ce qu'il nous veut, après tout nous ne nous sommes jamais vraiment parlés en dehors des cours. Il arrive assez rapidement et s'installe à notre table. Nous sommes tous silencieux et attendons qu'il parle en premier puisque c'est lui qui a demandé cette réunion.
- XiChen, WangJi, WuXian, si je vous ai réuni aujourd'hui, C'est pour une bonne raison j'estime que nous devons parler de la famille en tout premier lieu. Votre père et moi avons depuis bien longtemps un désaccord sur certaines choses qui avaient été mises en place par nos ancêtres qui eux-mêmes n'étaient pas d'accord. Je sais que tout ça peut paraître très étrange et surement pour vous complètement absurde.
- Quelles sont ces choses ? Tout ceci est bien mystérieux, affirme XiChen.
- Eh bien depuis plusieurs siècles nos ancêtres, nous ont transmis votre histoire, notre histoire. Bien qu'au début, j'étais sceptique et je n'y croyais pas trop, me voilà ici devant vous, essayant de vous faire comprendre ce qu'il m'arrive. Car tout comme vous je fais des rêves de ma vie antérieure.

J'en reste sans voix, pourquoi ne pas être venu nous voir plutôt, s'ils savaient ce que Wei Ying et moi allions endurer.
- Pourquoi ? Je demande.
- Pourquoi maintenant. Parce qu'avant je ne connaissais pas l'issue de ces rêves, je n'en savais pas plus que vous sur ce qui allait se passer. Toutefois maintenant, j'ai pour vous quelques cadeaux de nos ancêtres qui nous ont été transmis de main en main depuis des générations.
Eh bien, il faut croire que malgré les siècles, mon Shufu ne change pas et attends toujours la dernière minute pour se rallier à notre cause. Il sort du grand sac avec lequel il était venu, trois épées, deux flûtes et un Guqin. Je suis estomaqué, je les reconnais tous, nous sommes à nouveau réuni avec nos armes spirituelles. Je prends Bichen et ne peut m'empêcher d'en caresser le fourreau. Je sors la lâme et regarde son brillant, son tranchant, elle est aussi belle que dans mes souvenirs. Je rengaine Bichen et pose mes doigts sur les cordes de WangJi.
- Mes vieux amis, murmurè-je.
XiChen et Wei Ying ont également pris leurs armes spirituelles, bien que mon frère ne se souviennent pas de ces vies antérieures, instinctivement, il a pris ShuoYue et LieBing. Mon Wei aussi est ému, je vois bien qu'il caresse ChengQing avec un amour et un respect inconditionnel.
- Vous les avez reconnu. Ce sont vos armes spirituelles de vos premières vies, elles aussi attendent ce moment depuis bien longtemps, affime Shufu.

Je reste silencieux durant un bon moment et profite de l'instant de retrouvailles avec Bichen et WangJi. Mon frère et mon amour eux aussi, restent silencieux ne sachant probablement quoi dire.
- Où ?
J'aurais aimé formuler une phrase entière mais mes émotions se disputent en moi et me rendent incapable de réfléchir plus loin.
- A Yun Shen Bu zhi chu, il est vrai que nous avons quitté les montagnes il y a longtemps mais nous sommes partis avec la bibliothèque et les armes spirituelles de chacun des membres de la famille.
- Est-ce que c'est nos armes qui sont responsables de votre désaccord avec votre frère ? Demande mon Wei.
- Oui, c'est le cas, j'ai toujours cru qu'il fallait vous les rendre lorsque le moment serait venu. Alors que lui voulait vous les cacher, je ne suis pas d'accord avec ça. Ces armes ont un esprit et on le droit de retrouver les personnes qu'ils jugent dignes de les porter.
- Mais pourquoi moi ? Je ne comprends pas, je ne fais pas de rêve de mon ancienne vie alors pourquoi me rendre une arme spirituelle dont je n'ai aucun souvenir, demande XiChen que j'entends pour la premier fois.
- Eh bien même si tu ne t'en souviens pas. Tu l'as quand même choisi, tu a pris ton épée alors qu'elle était posée sur la table au milieu des autres, car instinctivement, tu sais que tu es reliée à elle, tout comme elle sait qu'elle est reliée à toi. Il en va de même pour LieBing, ta flûte.
- Je sais bien que Père et vous êtes en désaccord mais pourquoi n'avons pas eu vent de cette histoire, ne serait-ce qu'une bribe d'histoire ? Nous ne connaissons même pas l'histoire entière de notre famille, alors que les règles y sont si importantes.
- C'est le choix de votre Père et j'en suis désolé. En choisissant de vous parler et de vous remettre vos armes, je vais à l'encontre de son éducation, bien qu'il ne fût, je l'admets, pas très présent pour vous.
- Mais que devons nous faire de ces armes ? Que suis-je supposée faire d'une arme dont je ne sais pas me servir ? Demande XiChen qui reste perplexe sur l'utilité de cette action.
- Tu n'as pas grand chose à faire en soi. Tu dois les chérir et les respecter, maintenant il est libre à toi d'apprendre à l'escrime ou non. Ces armes possèdent un esprit et ils font partie intégrante de ta vie passée.
Peut-être parce que Wei Ying et moi avons retrouvé nos souvenirs de notre vie passée, nous sommes en accord avec mon Shufu. Dans un même mouvement nous hochons de la tête, nous respecterons et prendrons soin de nos armes. Je pense me remettre à la pratique de l'escrime, mes souvenirs me le permettent.

Lorsque nous quittions le réfectoire, je promet à mon Shufu de reprendre contact avec lui pour lui donner des nouvelles concernant ma pratique de l'escrime. Ce qui semble le ravir. XiChen semble encore perturbé par cette nouvelle et ne comprend pas vraiment la démarche de notre oncle. Je pense qu'il lui faudra un peu de temps, le fait qu'il ne connaisse pas sa vie antérieure, ne doit pas l'aider non plus, mais je serai là pour l'aider. Peut-etre que le fait de récupérer son épée et sa flûte va déclencher en lui les souvenirs de nos premières vie. Mon Wei, pour sa part, est heureux de retrouver ces esprits gardiens mais je sais qu'il n'a plus de noyau d'or et qui lui sera impossible de pratiquer avec SuiBian. J'ai l'impression que cette nouvelle le rend un peu nostalgique de son passé. XiChen est repartit vers son dortoir avec ses armes sprituelles, et toujours dans le trouble, alors que mon Wei et moi nous nous dirigons vers mon dortoir.
- Est-ce que ça va ?
- Bien sûr que ça va. Comment pourrais-je ne pas aller bien alors que je viens de retrouver mes meilleurs amis.
- Wei Ying, je te connais mieux que personne et je sais que tu es plus triste de ne plus pouvoir pratiquer avec SuiBian, que tu ne veux le montrer.
- Ah Lan Zhan, Lan Zhan, c'est comme ça, je ne peux rien y faire. Mais au moins nous sommes d'accord, tu me connais mieux que personne.
Je souris intérieurement à cette dernière phrase, même si au fond de moi, je sais que mon Wei sera toujours un peu triste de ne pas pouvoir pratiquer l'escrime avec moi et SuiBian. Nous rejoignons notre dortoir assez rapidement car même si cet journée a été riche en émotion, je veux me perdre dans les bras de mon Wei et lui prouver mon amour comme toutes les nuits.

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