𝙲𝚑𝚊𝚙𝚒𝚝𝚛𝚎 𝟸𝟶

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Him & I - G-Easy, Halsey



  Je touche la table, les chaises, comme un aveugle privé de sa canne

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  Je touche la table, les chaises, comme un aveugle privé de sa canne. Quant aux sanglots de Roam, ils se font plus violents. Je n'entends qu'eux, ils résonnent en moi comme d'insupportables secousses. C'est une tortue de l'entendre pleurer. Parce que je sais que c'est de ma faute, parce que je ne lui réponds pas. Mais je donnerai mon âme et mon corps pour l'appeler par ce nom qui lui va si bien, rien que pour la rassurer, au risque de lui dévoiler que je sais depuis le début.

Je finis enfin par toucher le haut de son crâne. Elle est assise sur le sol, les jambes recroquevillées sur elle-même. Je me baisse à son niveau. Mais des spasmes de plus en plus nombreux et violents la prennent quand mes mains enveloppent ses joues. Mes yeux arrivent enfin à contraster son visage dans l'épais brouillard blanc.

Mon ange c'est moi. Je suis là, tu n'es pas seule, je chuchote.

Sans perdre de temps, j'attrape une de ses mains, me relevant sur mes deux jambes. Elle fait de même.

— Summer, Connor ! Tout va bien ?

— Ouais ! répondent-ils en cœur.

— Trouvez le voyant de la porte de sortie et accompagnez les survivants à l'extérieur. Connor appelle les hommes, j'ordonne.

— Toute suite ! rétorque-t-il.

— Viens !

Je tire Roam derrière moi jusqu'à la sortie. Mais j'les jambes s'arrêtent net devant un corps au sol. Max. Il gît dans une mare de sang, son sang. Même si lui et moi nous ne nous apprécions pas, le connaissons depuis l'enfance. Nos pères aussi, je lui dois au minimum une chance qu'il s'en sorte. Malgré qu'il soit le plus gros connard que je connaisse. Je m'agenouille à son chevet.

— Max ! Eh, ça va aller d'accord ?!

Il tousse un bon coup avant de commencer :

— C'est mon karma, Baxter...j'ai fait trop de merde...pour que le type là-haut ne me rende pas l'appareil. Sauvez-vous avec les autres...

Ses paupières se ferment délicatement. Dans un dernier souffle, un sourire s'affiche sur son visage adouci.

— Merci pour tout...Holt...

— Dit pas de conneries ! Aller, arrête de jouer aux cons !!

J'essaie tant bien que mal de le relever, mais rien à faire. Tout son poids repose aux bouts de mes doigts. Une main vint se poser sur mon épaule.

— Il est parti, Holt...il faut qu'on s'en aille. Les autres ont besoin de ton aide..., murmure difficilement Roam.

Je me lève, regardant une dernière fois le corps inanimé de Max. La brune tire doucement mon avant-bras. Je le descends pour entrelacer nos doigts ensemble. Maintenant un peu plus dissipée, la fumée nous permet une meilleure vision. Quelques hommes et femmes que je reconnais sont au sol, les autres sont sortis.

— Venez !! nous crions un des gardes du corps.

Nous sortons précipitamment de la pièce, sans jamais se lâcher. Tous, nous courons à l'extérieur du bâtiment. Des hommes y retournent pour récupérer nos dossiers confidentiels. Mais alors que je regarde dans tous les coins, une personne manque à l'appel. Mon père. Il n'est pas là. Je fais volte-face à Roam, et j'aperçois une peur inexplicable dans ses yeux.

— Je vais chercher Alexio. S'il te plaît, reste là.

— Non, pas encore une fois Holt, je te l'interdis !!

Ses yeux s'embuent au fur et à mesure qu'elle tape de ses poings sur mon tors.

— Summer, reste avec elle !

NON !! hurle-t-elle.

Je lâche sa main, et m'empresse de courir à l'intérieur. Il ne nous a pas sauvés ce jour-là, et je ne ferai jamais la même erreur. Tout le monde crie dans tous les sens, courent et s'affolent. Je rejoins vite la salle de réunion. Maintenant totalement dissipée, je vois mieux l'intégralité de la salle.

Assis et adossé au mur, il est là. La main sur une plaie gisante sur sa jambe. Et il semble que lui n'a pas eu qu'une simple explosion. Tout s'explique, il est la cible de cette attaque, depuis le début. Et je sais parfaitement pourquoi et qui a fait ça.

Les Destitute Angel n'ont pas aimé que nous les suivions l'autre soir et que nous fassions brûler leur entrepôt... Alors ils ont voulu le rappeler à l'ordre. Mais je le jure, ma riposte sera bien pire et Darko ne sera en rien épargné.

On va sortir d'ici, papa ! j'accoure à son chevet.

J'attrape son bras et le place sur mon épaule, peinant à le porter. Mais en un instant, il devint plus léger. Quand je tourne mon regard sur lui, le visage d'ange de Roam m'observe. La brune ravale durement ses larmes.

— Tu m'as dit que tu serais toujours là pour moi, alors je le serais aussi pour toi, déclare-t-elle.

Sans plus attendre, nous nous sortons d'ici. Et c'est dans un instant comme celui-ci que j'aurais aimé être tout à elle. Mais encore et toujours, son lourd mensonge me rappelle à l'ordre. Mais cette fois-ci, j'espère ne pas l'entendre. Parce qu'elle est prête à mourir maintenant pour moi et mon père. Alors que tout ça est de la faute des siens. Elle pouvait s'éclipser avant l'attaque, n'avoir aucune séquelle. Mais elle est restée. Parce que la vérité, c'est qu'elle-même n'en savait rien. Et j'en suis persuadé. Signe évidemment qu'elle n'a eu aucun contact avec eux depuis longtemps. Sûrement depuis le soir où je l'ai défendu au péril de ma vie devant son père.

De nouveau à l'extérieur, des hommes prennent directement mon père et l'emmènent dans un des 4x4 pour l'emmener à l'hôpital, dans le centre-ville. Quant à tous les survivants, nous prenons rapidement des voitures pour partir le plus vite possible. Roam et moi jusqu'à la maison du lac.

Il est trop risqué de retourner chez moi. Et celle-là est inconnue des radars. Pas même mon père n'est au courant que j'ai acheté cette maison. Alors c'est le plus sûr pour elle, comme pour moi.

Dans la voiture, elle n'a pas pipé mot. Et quand nous sommes rentrés, elle s'est endormie dans ses larmes. Pendant une dizaine de minutes, elle s'est enfermée dans la salle de bain. J'ai préféré la laisser seule. Quant à moi, je suis maintenant assis au bord du lit, et la contempler. Son surnom prend encore une fois tout son sens...

Je me relève doucement, pour ne pas la réveiller et espérer rejoindre le canapé du salon. Mais un petit grognement de mécontentement s'échappe de ses lèvres.

— Reste...

Elle déglutit difficilement alors, je contourne le lit, m'allongeant dos à elle. Je replace le drap sur mon corps. Mon bras s'enroule autour de sa fine taille, sa main recouvre la mienne. Ce n'est que là, une fois que j'entends sa respiration s'alourdir, que je m'autorise à fermer à mon tour les yeux. Parce que c'est comme ça avec Roam, sa respiration, ses mimiques quand elle est endormie, tout ça, c'est exactement ce qui vous prouve que tout va mieux quand elle vous a près d'elle. Et si notre passé avait été différent, j'aurais aimé être le seul à pour avoir ce privilège. Être le seul à toucher sa peau, à voir ses larmes lorsqu'elle vous implore de rester auprès d'elle, le seul qui puisse voir son côté provocateur. Le seul qui puisse voir ce qu'elle ne montre pas à tout le monde. Parce que contre mon gré, cette fille s'est fait une petite place inexpliquée en moi.

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𝐃𝐄𝐒𝐓𝐈𝐓𝐔𝐓𝐄 | duologie (EN CORRECTION)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant