𝙲𝚑𝚊𝚙𝚒𝚝𝚛𝚎 𝟸𝟽

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  Je sors pour laisser Aria et Kace ensemble. Ils ont sans doute des choses à se dire. Je m'assois sur le banc que j'ai quitté quelques petites minutes avant. Holt fixe un point face à lui.

  — Ça ne te rappelle rien ?

Il se racle la gorge et me regarde un instant.

— Tu sais, je t'ai peut-être menti sur certains points, mais jamais sur ce que je ressentais pour toi.

— Et aujourd'hui, qu'est-ce que tu ressens ? demandé-je à voix basse.

Comme si j'avais honte de lui demander, je ne le regarde plus dans les yeux et triture mes doigts. La chaleur de ses doigts sous mon menton me font relever la vers lui. Il ne me lâche pas des yeux et je fais de même, ne sachant pas quoi faire d'autres.

— Quelque chose sur lequel je n'ai pas encore mis de nom. Quelque chose de nouveau pour moi. Mais tu sais très bien que je suis le meilleur pour trouver des réponses à mes questions.

— Mieux que quiconque.

— Alors quand je trouverais ce que c'est, tu sera la première au courant.

Il humidifie ses lèvres et me relâche quand la porte de la chambre d'Aria s'ouvre. Kace en sort tout sourire. Je me lève et lui demande :

— Elle vas bien ?

— Oui, dieu merci. Si vous voulez aller la voir, vous pouvez.

— Merci, mais je pense qu'on vas rentrer. Je dirais la bonne nouvelle aux autres ne t'en fais pas.

Il hoche la têt en signe de réponse et nous partons avec Holt dans la salle d'attente principal. Ils sont tous avachis comme ils le peuvent et j'aperçois même Elena bailler. Je souris doucement et passe mes mains sur ses épaules.

— Aria vas bien, ont peut rentrer.

— D'accord, mai laissez-moi prendre un jus dans le distributeur avant, je meurs de soif ! supplie Cornelia.

Ils rejoignent le 4x4 tendis que je reste assise en attendant le retour de Cornelia qui est partie dans un couloir plus loin. Je souffle d'aise en m'enfonçant un peu plus dans mon siège en plastique dur. Un instant, je me laisse fermer les yeux. Je ne le montre pas, mais je déteste les hôpitaux.

« — Elle fait une hémorragie interne ! Vite emmener la au bloc ! »

J'ouvre brusquement mes paupières.

« — Qu'est-ce que la patiente a reçu pour qu'elle soit dans cet état ?

— Plusieurs coups de couteau dans l'estomac. »

Je m'efforce de renié ces images de ma mémoire. Mais elles ne semblent pas m'écouter.

Je regarde droit devant moi pour enlever ces paroles de ma tête, mais ce que je vois me glace le sang. Un homme, blanc comme neige et plein de terre me fixe dans l'embrasure d'une porte. Son tee-shirts blanc est taché par de la terre et son pantalon est lacéré ainsi que taché de sang. Ses pupilles sont presque translucides. Il me fixe, je le vois bien. Dans sa main droite il tient un couteau, qui est lui aussi taché de sang.

Son visage me revient, tout me revient. Mon cœur bat plus vite qu'il ne battait déjà. Il est l'un des cinq et fidèles clients de mon père. L'un de ceux qui m'ont souillé pendant presque deux ans. Sur mon front, des goutes de sueurs apparaissent. Il était l'un des pires d'entre eux.

Ma poitrine mon et redescend à une vitesse folle. Une infirmière qui passa devant moi s'arrête.

— Vous allez bien madame ?

Je suis dans l'incapacité de lui répondre. Tétanisé par le spectre de son cadavre. J'ai l'impression que la scène se joue de nouveau devant mes yeux.

« — Tu n'est qu'une salope !

Je lui ai assené un violent coup de poing, mais l'homme me surplombe toujours en crachant du sang à côté de moi. Je me débat et me tortille pour m'en sortir. Il fronce les sourcils et plaque sa main sale sur ma bouche. Je crie mais chacun des sons que j'émets meurt entre mes lèvres et sa paume.

Un hurlements strident m'échappe quand une lame transperce ma peau. Il l'enfonce une deuxième fois et je ne bouge plus. Tétanisée, à cause de la douleur que cela me procure.

— Maintenant tu vas m'écouter ?

Je hoche brièvement la tête, les yeux larmoyant. Dans l'inattention, il dépose sur le matelas le couteau. Ma frêle le saisit avec le peu de force qu'il me reste tendis qu'il plaise ses lèvres sur les miennes. Je réuni tout mon courage et l'enfonce dans sa jugulaire. Il se recule et plaque sa main sur son cou, cherchant de l'air pour respirer. Son corps s'écroule à côté du matelas miteux sur lequel je suis allongé. Par chance il a seulement remonter mon teeshirt et je porte toujours mon pantalon. Je compresse mon ventre avec l'une de mes mains et me lève en grimaçant de douleur.

— Merde....

Je sort de cette maison et rejoins la rue. Il était sensé appeler les sbires de mon père après avoir finit pour qu'il viennent me chercher. Je ne veux pas qu'ils me retrouvent. Jamais. Alors je marche le plus vite possible. Il n'y a aucun passant parce qu'il est au alentours de vingt-trois-heures. Je traîne littéralement mon corps avec moi.

L'entrée de l'hôpital n'est pas loin devant moi. Ce montre habite en centre ville, alors il m'est facile de m'y rendre sans voiture. Je marche, encore et encore, sans jamais voir le bout.

Quand je passe enfin les portiques de l'hôpital, deux infirmières se précipitent vers moi et attrapent une chaise roulante. Je m'y assois en gémissant de douleur.

— UN MÉDECIN ! VITE ! »

  Je ne respire plus, comme si je n'avais jamais appris à le faire avant. Cornelia accours jusqu'à et et parle avec l'infirmière qui me regarde je suppose. La tête entre mes mains, je panique, j'angoisse.

  — Air...dehors, soufflé-je.

  Ce sont les seuls mots que je parviens à prononcer. Cornelia prends ma main dans la sienne et nous sort de cet endroit. Quand mes poumons tentent de respirer à nouveau, l'air frais de l'extérieur me permet de prendre une bouffée d'oxygène. J'inspire et expire pour me calmer. Cornelia me prend dans ses bras et caresse le haut de mon crâne. Par dessus son épaule j'aperçois Holt qui arrive en courant dans notre direction, laissant sa portière ouverte.

  La rousse se détache de moi, et presque immédiatement, ses bras m'enlacent. Je ne comprends pas ce qu'il se passe, mais je dépose ma tête sur son torse. Nous sommes seulement deux. Lui et moi. Personne n'est autour. L'espace d'un instant j'ai l'impression d'être trois ans en arrière, dans ce lit où il avait la simple habitude d'exécuter ce simple geste.

  Quand un Klaxon de voiture retentit depuis la route, je me détache à son étreinte et prends le bras de Cornelia pour partir. Holt marche derrière nous, silencieux. Et j'en suis sûr : aussi perdu que moi.

𝐃𝐄𝐒𝐓𝐈𝐓𝐔𝐓𝐄 | duologie (EN CORRECTION)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant