Chapitre XXVI

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Alya

Il est actuellement 5h28. Je n'ai pas fermé l'œil de la nuit, sauf pour refaire sans cesse ce même cauchemar dans lequel je me retrouve prisonnière de ces monstres. Encore et encore.

Je regarde le plafond de ma chambre, allongée dans mon lit, en espérant que le sommeil me trouve.

Je me tourne vers la porte, espérant voir Ewen franchir le seuil, m'offrant un sourire pour apaiser ma douleur. Mais il reste absent, comme une ombre qui s'évapore dans les ténèbres dès que je tente de l'atteindre.

Je me glisse hors de mon lit, abandonnant toute idée de sommeil, silencieusement, je descends les escaliers pour aller à la cuisine.

Je m'arrête subitement à l'entrée de la cuisine en voyant Ewen, assis à la table, un joint fumant entre ses doigts tremblants, un verre dans l'autre main. Une fine fumée flotte autour de lui, et je reconnais immédiatement l'odeur âcre du joint.

Un soupir de soulagement m'échappe en le voyant, bien qu'il semble être dans un état second, ses yeux vitreux trahissant son manque de lucidité, et l'alcool qu'il boit n'aide pas.

Je m'approche lentement, ne voulant pas le brusquer.

-Ewen, je murmure doucement. Tu es là depuis quand ?

Il lève les yeux vers moi, un sourire doux et rêveur étirant ses lèvres.

-Depuis... J'en sais rien...

-Tu n'as pas dormi ? Je demande

Il regarde l'horloge accroché au mur, perdu dans ses pensées.

-Non, je ne pouvais pas fermer l'œil, Explique-t-il. trop de pensées qui dansent dans ma tête.

Je m'assois en face de lui, observant ses yeux vitreux et son sourire un peu trop béat pour être naturel.

-Tu as trop fumé, arrête. Dis-je en lui prenant le joint des mains et en tirant une bouffée à mon tour.

Il hoche la tête lentement, les mots semblant lui échapper avec difficulté.

-Oui, un peu trop. Mais ça va, ça m'aide à... à oublier, tu vois ?

Je le regarde avec une pointe de tristesse.

-Tu veux en parler ? Je demande doucement, posant ma main sur la sienne.

Il hoche la tête, les yeux fixés sur nos mains entrelacées.

-Oui, mais... mais c'est difficile.

-Tu peux tout me dire, tu sais ? Je le rassure.

Je resserre ma prise sur sa main, l'encourageant silencieusement à continuer.

Après un moment de silence, Ewen soupire profondément et passe une main dans ses cheveux ébouriffés. Il me regarde avec un mélange d'émotions dans les yeux, comme s'il se débattait avec ses propres démons intérieurs, et pour un instant, j'ai l'impression de voir au-delà de la brume de ses yeux dilatés.

-Mon passé... J'ai... J'ai fait des choses horribles Alya, des choses qui me hantent encore aujourd'hui.

Je sens un pincement au cœur en l'entendant parler ainsi. Je savais qu'Ewen avait des zones d'ombres dans son passé, mais je ne m'attendais pas à ce qu'il soit aussi tourmenté.

Il prend un profonde inspiration avant de parler, comme s'il puisait dans ses dernières réserves de force.

-C'est de ma faute si ma maman est... est morte. Il me menaçait... J'étais qu'un gamin... je... murmure-t-il, sa voix empreinte d'une vulnérabilité que je n'ai jamais vu chez lui auparavant.

Même si je sais qu'au fond, il ne me dit pas tout, je suis heureuse qu'il se soit confié à moi.

-Tu te souviens de ce que tu m'as raconté quand nous regardions les étoiles ? Que ta mère est la haut, qu'elle te regarde.

Il me regarde avec reconnaissance, ses yeux brillant d'une lueur d'espoir.

-Tu n'as pas à porter tes fardeaux tout seul, Ewen. Lui dis-je doucement, cherchant à lui apporter un peu de réconfort. Je suis là pour toi, peu importe ce qu'il s'est passé. Comme tu l'as été pour moi.

Je lui souris tendrement, sentant une connexion encore plus profonde se former entre nous.

Il se lève brusquement, et son expression se durcit.

-Alya... Je... Tes colocs ont été payé par mon père... Je suis désolé... Sa voix est un murmure, fragile et tremblant.

Mon estomac se serre, je ne comprends pas de quoi il parle.

-Ewen, qu'est-ce que tu racontes ? Je demande, inquiète, en m'efforçant de rester calme.

Il prend une profonde inspiration, ses yeux cherchant désespérément les miens.

-Elles savaient pour ton accident... Elles ont été payé pour... pour t'oublier, pour t'effacer de leur vie... comme si tu n'avais jamais existé. Ses mots sont hésitants, comme s'il lutte contre un torrent de pensées confuses.

Mon cœur bat la chamade, et une bouffée d'angoisse m'envahit. Ses mots me font l'effet de coups de poings. Elles savaient ? Depuis tout ce temps ? Comment ont-elles pu m'oublier si facilement ? Et avec juste de l'argent ?

-Je... je ne sais pas quoi dire... Je balbutie, essayant de contenir la montée de colère et de tristesse en moi.

Ewen hoche la tête, les yeux perdus dans le vide.

Au fond de moi, une petite voix murmure que peut-être, c'est mieux ainsi. Peut-être que perdre ces amies superficielles était nécessaire pour que je puisse enfin trouver ceux qui resteront à mes côtés, peu importe les épreuves.

*Flash-back*

Quand je sortis des toilettes pour me rendre à ma voiture, plusieurs personnes me regardèrent de travers et me bousculèrent, j'essaie tant bien que mal de marcher plus vite mais la douleur qui traversa mon entre jambe m'en empêcha. Je vis Clara au loin, discuter avec Stacy.

-Les filles ! hurlé-je en pleure

Elles tournèrent la tête simultanément.

-On te cherchait partout ! hurla Clara

-Mais qu'est-ce qu'il t'es arrivée ! cri Stacy pour que je puisse l'entendre à travers la musique.

Mes oreilles sifflent et ma tête tourne, j'ai de plus en plus de mal à rester debout.

-Je veux rentrer...je... parvenais-je à articuler avec difficulté.

-Non t'abuse ! Me coupe Clara énervée, T'es pas toute seule, on rentre comment nous ?!

Les larmes continuent de couler alors que je regarde mes amies s'éloigner pour rejoindre la piste de danse, ignorant mes appels silencieux à l'aide.

Nous étions censées être là l'une pour l'autre dans les moments difficiles, mais aujourd'hui, je me retrouve seule au milieu de la tempête.

-Alya ? La voix d'Ewen me réveille de mes pensées. T'es sûre que ça va aller ?

Je secoue la tête pour chasser ces souvenirs douloureux, j'ai tourné la page à présent, je suis entourée des bonnes personnes.

Les vrais amis ne sont pas ceux qui restent dans les moments faciles, mais ceux qui restent quand tout s'effondre.

-Je... J'ai besoin d'oublier moi aussi.

Ewen hoche la tête, me tendant une autre cigarette, accompagnée d'un autre verre d'alcool.

Nous restons là, ensemble, dans un moment de silence confortable, la fumée flottant dans l'air entre nous. Pour un instant, les tourments de la vie semblent un peu moins lourds à porter. Même si nous savons que l'alcool et la fumée ne sont que des pansements temporaires pour nos blessures intérieures.

Parfois, oublier peut sembler être la solution la plus simple, mais souvent, c'est juste un moyen de repousser les problèmes, pas de les résoudre.

amnəsiaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant