Chapitre XXXVI

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Alya

7 heures plus tôt.

Je ferme les yeux, une prière silencieuse sur les lèvres. Que cette nuit s'achève, que cette douleur prenne fin.

C'en est trop pour moi.

Mais rien.

Aucun tire.

Rien.

Alors j'ouvre les yeux, Ewen est toujours devant moi, une arme à la main, mais il ne tire pas. Mon esprit est en ébullition, incapable de se saisir comment nous en sommes arrivés là.

-Ewen, tire ! hurle son père.

La sœur d'Ewen s'approche, un grand sourire aux lèvres.

- Ma pauvre Alya, tu croyais qu'il t'aimait ? Renchérit Chiara. Tu n'es qu'un putain de plan ! Tire, Ewen !

-Quoi... ?

-Oh, tu ne savais pas ?

-Je ne savais pas quoi ? Je parviens à articuler à travers mes larmes.

-L'accident n'était pas un hasard, c'était un putain de plan !

Je regarde Ewen, cherchant dans son regard la vérité. Je n'aurais jamais cru que l'amour puisse se transformer en trahison de cette manière.

-Ewen... Tu m'avais... T'avais dit que tu ne l'avais pas fait exprès ! Je hurle.

Il ne répond pas, sûrement honteux que je sache enfin toute la vérité, alors je continue :

-Tu te souviens que j'avais dit que je rentrerais chez moi quand j'aurais enfin retrouvé la mémoire ? Eh bien je l'avais retrouvé depuis longtemps ! Mais je suis restée ! Pour toi.

Comment ai-je pu être aussi bête ? Comment j'aurais pu croire qu'Ewen ne soit pas comme sa putain de famille de psychopathe. Il m'a trahit, menti. Il m'a amadoué avec ses belles paroles, je pensais que nos sentiments étaient réciproque. Mais maintenant je sais que je me suis trompée.

-Tu n'as pas le cran, n'est-ce pas ? Déclare Chira en arrachant l'arme des mains d'Ewen.

Ewen ne bouge pas, il reste figé, comme paralysé. Chiara lève l'arme et me vise. Mon cœur s'emballe plus qu'il ne l'est déjà, et je veux crier, mais aucun son ne sort de ma gorge. Le coup part, et une douleur brulante me traverse le ventre. Je sens une chaleur se répandre, puis le froid du sang coule.

La balle ne m'a pas touchée de plein fouet, mais elle m'a frôlée assez pour que le sang coule de plus en plus. La douleur est aiguë, mais ce n'est rien comparé à celle de mon cœur brisé en mille morceaux. Ewen, je l'aimais. Je lui ai offert mon cœur, et il a brisé le peu qu'il me restait.

Je m'effondre, tentant de comprimer la plaie avec ma main. Chiara ricane et se détourne, laissant Ewen là, choqué et impuissant. Avec le peu de force qu'il me reste, je réussis à sortir l'arme cachée dans ma botte. Ma rage dépasse ma douleur.

Je me retourne et tire à plusieurs reprise sur Pietro. Il n'a pas le temps de réagir qu'il s'effondre au sol. Coup de chance, la balle a touché ses poumons. Chiara hurle et se précipite vers lui, criant de toutes ses forces. Ewen reste immobile, le regard perdu. Il essaie de s'approcher de moi, mais je le repousse en le menaçant avec mon arme.

-Encore un pas et je n'hésiterais pas à te buter contrairement à toi ! Je crie, ma voix tremblante de rage et de douleur. Il s'arrête net, les yeux pleins de larmes.

J'espère qu'il souffre autant qu'il m'a fait souffrir.

Mon père qui est resté en retrait, s'avance vers moi, la colère et la déception gravées sur son visage. Sans réfléchir, je pointe mon arme vers lui et appuie sur la gâchette jusqu'à ce que je le touche. La balle le touche à l'épaule, je sais que ce coup ne le tuera pas, mais il fallait que je le fasse. J'en avais besoin. 

Avec un dernier regard vers Ewen, je quitte la maison, le cœur en miettes. Je cours aussi vite que je peux, chaque pas résonnant de douleur. La voiture qui nous à conduit chez Pietro est encore dans l'allé, alors j'entre et ordonne au conducteur de me ramener au Jet. Il en comprends pas tout de suite mais démarre en voyant que des hommes de mains de Pietro, je suppose, commence à courir vers la voiture.

Des heures plus tard, je me retrouve devant la porte de Mila. Mon corps est engourdi de douleur et de fatigue, mais je sais que je n'ai pas d'autre endroit où aller. Je frappe à la porte, priant pour qu'elle réponde vite malgré l'heure.

Quand elle ouvre enfin, je vois son visage se déformer par l'inquiétude. Elle me pend dans ses bras, la chaleur et la sécurité de son étreinte sont les seules choses qui me retiennent de m'effondrer complètement. Elle me conduit vers son canapé, restant à mes côtés. Je veux tout lui dire, mais les mots se bloquent dans ma gorge. Et si elle était au courant ? Et si elle savait que j'étais un putain de plan depuis le début ? Je décide de lui faire confiance alors je déclare, la voix tremblante :

-Ewen... Il... Il... C'est un putain de traitre. 

amnəsiaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant