Chapitre XXV

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Ewen

En repensant à ce qu'Alya m'a révélé, je sens la nausée monter en moi, un mélange de dégoût, de colère et de désespoir. Mon père... Je savais pertinemment qu'il avait fait des choses horribles, mais à Alya... Quand elle m'a révélé que la personne qui avait abusé d'elle avait une cicatrice au milieu de son visage, j'ai tout de suite fait le lien.

Comment ai-je pu être si aveugle ?

Je savais qu'il avait fait souffrir Alya, mais putain... elle est totalement détruite par sa faute. Je me sens responsable, je m'en veux tellement... Donc je compte bien la venger. Pour moi. Pour elle.

Je me tiens devant la maison de mon père, le cœur lourd et les mains tremblantes. Je ne prends pas la peine de frapper à la porte, mais quand j'entre, la maison est étrangement vide et calme. Mon père n'est nulle part en vue, aucun de ses hommes non plus.

C'est vraiment étrange.

Je vais dans son bureau, espérant trouver quelque chose, mais à la place, je trouve ma sœur, Chiara. Elle est assise à son bureau en train de feuilleter des dossiers.

Je ne l'avais pas vu depuis une éternité, depuis la mort de ma mère, elle aussi a changé.

-Qu'est-ce que tu fou ici ?

Elle lève à peine les yeux, un sourire sarcastique étirant ses lèvres fines.

-Bonjour mon frère, tu en oubli les politesse...

Elle me regarde avec mépris.

-Répond. Je m'impatiente.

-Je suis là pour gérer les affaires de papa pendant son absence. Répond-elle d'un ton glacial.

Son attitude me laisse perplexe, elle n'a jamais été très sympathique, mais aujourd'hui, elle semble encore plus froide qu'avant.

-Où est-il ? Je demande d'une voix hésitante, luttant pour contenir la rage qui bouillonne en moi.

-Parti. Réplique Chiara d'une voix froide.

-Et où ? Je m'énerve.

Elle se lève et s'approche lentement, ses talons claquant contre le sol.

-Ecoute, tu sais très bien que je ne te le dirais pas.

-Et pourquoi t'es là ?

Chiara n'a jamais été très proche de nos parents, encore moins de notre père, mais maintenant, elle semble prendre un malin plaisir à s'approprier son autorité. Je me demande ce qui la motive réellement.

-Je t'es dit que c'est pour les affaires. Ça t'étonnes autant ?

-Sérieusement, dis-moi où il est. C'est important.

-Je ne sais pas ! T'es toujours aussi chiant !

Je soupir, sachant que je n'aurais pas d'autres informations de sa part.

-Apparemment, ils n'ont pas fait semblant avec ta copine. Ricane-t-elle.

Elle commence vraiment à m'énerver.

-Ferme-la. Je réplique froidement.

Elle soupir et retourne s'assoir au bureau de notre père.

-Tu n'es même pas capable d'accomplir ta mission sans tomber amoureux d'elle, sérieux ?! Rétorque Chiara, agacée.

Je ne suis pas amoureux d'elle.

-Beaucoup de choses ont changés, et tu le sais. J'ajoute, énervé.

-Ce sont tes sentiments qui ont changé. C'est bien pour ça que papa lui a fait du mal, parce que tu ne respectes rien.

-Que je ne respecte rien !? Tu crois qu'il l'a respecté, elle ?

-Les règles qu'il t'a donné étaient claires. Tu as tout foiré depuis l'accident. S'agace-t-elle.

Elle n'a pas tort, tout est de ma faute. Mais je compte bien me rattraper.

Je m'apprête à sortir quand elle ajoute :

-Et ne t'approche pas trop d'elle, sinon elle souffrira encore plus, j'y veillerai.

-C'est une menace ? Je m'indigne.

-Prend le comme tu veux, je t'aurais prévenu.

Je pousse la porte d'entrée avec une lourdeur écrasante, les mots acerbes échangés avec ma sœur résonnent encore dans ma tête.

Je traîne mes pas dans le couloir sombre, l'atmosphère chargée de tension.

J'entre dans la cuisine et voit mon meilleur ami, Matteo, assis à la table.

-Encore une journée difficile ? Je demande d'une voix lasse, sachant déjà la réponse.

Il hoche la tête avec un sourire triste.

-Tu peux le dire. Ça ne s'arrête jamais.

Je m'effondre sur une chaise en face de lui, mes muscles tendus et endoloris. Le silence s'installe entre nous pendant un moment, seulement brisé par le tic-tac de l'horloge sur le mur.

-J'ai vu ma sœur, mon père a disparu je ne sais où...

Seul Matteo sait comme ma situation avec Chiara est compliquée, elle a toujours été vicieuse avec tout le monde.

-Et c'est quoi le plan ? Demande-t-il

Je soupire, je n'en ai aucune idée. Je ne sais pas quoi faire.

-Honnêtement, je ne sais pas.

Il réfléchit un instant et demande :

-Alya sait pour... ?

-Non, et il vaut qu'elle ne sache rien.

Il hoche la tête, et replonge dans ses pensées.

-Et il va rester longtemps Lorenzo ?

Je relève la tête vers lui, surpris de sa question soudaine.

-Euh... Autant qu'il voudra ? Il m'a beaucoup aidé à retrouver Alya, pourquoi ?

Il secoue la tête.

-Non, pour rien.

J'ai toujours eu l'impression qu'il n'appréciait pas beaucoup Lorenzo, mais sa question confirme mes doutes.

-Bon, j'y vais. Dit-il en se levant. Et, fait gaffe avec Alya, elle a besoin de toi. Ça se voit.

Je hoche la tête, sachant pertinemment qu'il a raison, et le salut.

Même si je veux m'assurer qu'Alya aille bien, je dois commencer à prendre mes distances avec elle, si j'attends encore, ce sera trop dur. Je sais parfaitement ce que ma sœur est capable de lui faire, je ne me le pardonnerai jamais si Alya souffre encore par ma faute. 

amnəsiaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant