Chapitre XXXVII

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Ewen

Quelques mois plus tôt, 4 heures avant l'accident.

-Non, je ne ferais jamais une chose pareil !

Mon père, se tenant devant moi, assis sur son bureau me lance un regard dure.

-Tu n'as pas le choix ! Je te l'ordonne !

Je ne ferais jamais ça. C'est juste...horrible. Il me demande de tuer cette fille, elle n'a rien demandé. Ce n'est pas de sa faute si elle se retrouve dans toute cette merde. Elle n'est peut-être même pas au courant.

-Papa, elle n'a rien fait ! C'est son père ! C'est lui ! Elle n'a rien à voir avec lui.

Je l'observe depuis quelques temps, Alya Garcia. La fille d'Adriano Sanchez, l'homme qui a fait tant de mal à ma famille... J'ai appris qu'elle a gardé le nom de jeune fille de sa mère, c'est pour cela qu'elle m'étais si difficile à retrouver. Mais maintenant je sais où elle se trouve, et mon père veut à tout prix la faire payer pour ce qu'à fait son père.

-Je m'en fou qu'elle n'ait rien fait ! Je compte lui faire payer !


Quelques mois plus tôt, 2 heures avant l'accident.

Je sors en trombe de chez moi, appelé de toute urgence par mon père. N'a-t-il pas compris que je refuse de faire son foutu plan ? Il m'a demandé d'aller jusqu'à une boite de nuit, qui est très loin de chez moi.

Il pense que j'ai que ça à faire ?

Lorsqu'il me rappelle, je laisse sonner un moment puis fini par décrocher en soupirant.

-Quoi, encore ?

-Maintenant tu vas faire exactement ce que je te dis. Alya est dans cette boite de nuit, quand elle s'en ira en voiture, tu vas lui foncer dedans. Compris ?

Il est fou ou quoi ?

-T'es complètement fou ! Jamais je mettrais sa vie et la mienne en danger pour ton stupide plan. Je réponds froidement.

-Je pense que tu n'as pas bien compris, mio figlio, ce n'étais pas une question mais un ordre. Ce sera ta dernière mission, après je te laisse tranquille.

Je sais très bien qu'il ment, il ne me laissera jamais tranquille. Je suis comme une marionnette qui se plie à tous ses ordres, mais s'est allé trop loin. Je ne vais pas me laisser embarquer dans un de ses plans foireux.

-C'est simple Ewen, soit tu provoques un petit accident de rien du tout, soit je la bute de mes propres mains, surtout qu'en ce moment même, je suis juste à côté d'elle.

-Non... bon sang, je ne peux pas faire ça !

-Ewen, si quand elle est partie j'apprends qu'elle n'a jamais eu d'accident, je la bute et ensuite je m'occupe de toi. Capito ?

Je soupire, sachant que je vais encore regretter le choix que je m'apprête à faire.


Quelques mois plus tôt, l'accident.

Je roule à toute vitesse, perdu dans mes pensées. Je m'approche de plus en plus de la boite ou se trouve Alya, elle ne devrait pas tarder à partir avec sa voiture.

Je vois au loin une voiture qui zigzag, ça doit être elle.

Pourquoi conduit-elle ainsi ?

Je vois la voiture se rapprocher de plus en plus, alors je fais ce que je dois faire. J'accélère.

Soudain, c'est le choc. Un bruit assourdissant remplit l'air alors que ma voiture heurte violemment celle qui se trouve devant moi. Tout se déroule en un instant, mais le temps semble s'étirer à l'infini pendant que ma voiture dérape hors de contrôle. Le monde tourne autour de moi dans un tourbillon de chaos et de destruction. Mon cœur bat la chamade alors que je sens le choc brutal de la réalité m'engloutir.

Merde.


30 minutes plus tôt, dans le bureau.

J'entre dans le bureau, suivit par mon père. Quand j'aperçois la troisième personne qui se trouve dans le bureau, je suis cloué sur place.

Adriano Sanchez.

Putain de merde.

-Ewen, Commence Pietro. Adriano et moi avons conclu un marché.

-Je ne suis pas sûr de comprendre...

-Tu n'as rien à comprendre ! Tu fais ce que ton père te dit de faire, sinon Alya meurt. C'est si simple que ça. Déclare Adriano.


Aujourd'hui.

Ils m'ont coincé, m'ont forcé à faire ce qui me semble inimaginable. Mon cœur bat la chamade alors que je regard Alya, ses yeux écarquillés par la peur et la confusion.

-Ewen, tu sais ce qu'il te reste à faire. Me murmure mon père à l'oreille d'une voix glaçante, sinon... je la bute moi-même. Tu n'as pas le choix.

Je me sens pris au piège, le poids de l'arme dans ma main me semblant insupportable. Comment ai-je pu en arriver là ? Mes sentiments pour Alya sont sincères, mais maintenant, tout est en jeu. Mon père m'a toujours contrôlé, toujours dicté mes actions, et maintenant, il m'oblige à franchir une ligne que je ne veux pas franchir. Mais si je veux qu'Alya reste en vie, je n'ai pas le choix.

Je regarde Alya, cherchant un autre moyen de la protéger. Mais le regard de mon père me cloue sur place. Je sais qu'il est capable de tout, et je ne peux pas prendre le risque de le défier. Surtout pas après la raclé que je lui ai mis. Je lève l'arme, ma main tremblant de manière incontrôlable. Alya me se retourne et me fixe, l'incompréhension et la peur dans ses yeux. Son regard me transperce, et je sens mon cœur se briser un peu plus.

Quand elle me dit qu'elle m'aime, c'en ai trop. Je ne peux pas. Moi aussi je l'aime, je l'ai toujours aimé. Je suis paralysé par la terreur et la culpabilité. Je ne peux pas faire ça, je ne peux pas lui faire de mal. Quan Chiara lui tire dessus, mon cœur tombe à mes pieds. Elle ne me pardonnera jamais.

Lorsqu'Alya parvient à tirer sur mon père et le sien, je ne peux m'empêcher d'être soulagé. Mais c'était trop beau, elle me repousse quand je tente de m'approcher d'elle. Elle a raison, elle m'en veut. Tout est de ma faute.

Avec un dernier regard vers moi, Alya quitte la maison, laissant derrière elle un chaos indescriptible. Je reste là, le cœur en miettes, ma famille en ruine et mon amour détruit. Tout ce que j'ai accepté de faire a conduit à cette catastrophe.

J'espère au moins qu'elle verra la lettre que j'ai écrite pour elle que j'ai laissé dans sa chambre,  qu'elle comprenne que mes sentiments étaient vrais, que je n'ai pas menti sur ça. Et qu'elle comprenne aussi que je n'avais pas le choix. J'étais sûr que ce moment arriverait un jour ou l'autre.

Et c'est arrivé bien trop vite.

Je pensais que ma colère ne connaissait pas de limites, jusqu'à ce que je réalise que la seule chose qui pourrait la surpasser serait de voir ma propre famille devenir les gardiens de ma douleur, éloignant de moi la seule lueur d'espoir dans ce chaos.  


***

Et bien... je ne sais pas quoi dire.

amnəsiaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant