Chapitre XXXIII

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Ewen

Je me sens comme un jongleur habile, jonglant avec des mensonges et des faux-semblants pour masquer la vérité qui brûle en moi. La première fois que j'ai croisé le regard troublé d'Alya, quand elle se réveillait de son coma, j'ai su que je devais continuer mon rôle, un rôle qui devait l'aider à retrouver ce qu'elle a perdu dans l'abime de sa mémoire. Puis mon père s'en est mêlé, et tout est parti en couille.

Et je me retrouve là, à la regarder dormir paisiblement, sans savoir ce qu'il se passera avec mon père, Pietro. Cet homme a arrêté d'être mon père le jour où il m'a forcé à tuer quelqu'un. Le jour où il a kidnappé Alya pour lui faire du mal. Le jour où il m'a forcé à... J'expire un coup, voulant oublier de penser à tout ça. Quand j'en aurais fini avec lui, j'espère qu'il pourrira en enfer.

Et j'espère qu'Alya me pardonnera, qu'elle comprendra.

Le Jet atterrit en douceur, mais mon esprit est déjà ailleurs, préoccupé par ce qui nous attend à notre arrivée. Je caresse doucement les cheveux d'Alya, son souffle régulier et apaisé, trouvant refuge dans mes bras. Je la regarde avec tendresse, sentant mon cœur se remplir d'affection pour cette femme courageuse et déterminée qui a su conquérir mon cœur.

Non, je ne peux pas tomber amoureux d'elle.

Je ne dois pas.

Trop tard...

-Alya, on est arrivé. Je murmure, la secouant doucement pour qu'elle se réveille.

Elle ouvre doucement les paupières et s'étire.

-Une voiture nous attend. Je continue.

Nous sortons de l'avion, et entrons dans une voiture noire. Je salue le chauffeur tandis que je m'installe à l'arrière, aux côtés d'Alya.

-On va où ? Demande Alya, nerveuse.

-Chez moi, dans ma maison d'enfance.

Le moteur ronronne doucement tandis que nous nous enfonçons dans les rues italiennes, la tension palpable dans l'habitacle de la voiture. Alya reste silencieuse, son regard fixé sur le paysage qui défile à travers la fenêtre, mais je peux sentir son anxiété.

-Ça va bien se passer, Alya. Je la rassure doucement, posant ma main sur la sienne qui repose sur son genoux.

Même si j'en doute, j'espère que tout se passera bien...

Elle sursaute légèrement avant de tourner son regard vers moi, ses yeux brillants d'émotion.

-Je sais, je suis juste nerveuse... avoue-t-elle, sa voix tremblant légèrement, mais je suis contente d'être avec toi, ça me rassure.

Un sourire tendre étire mes lèvres alors que je resserre doucement ma prise sur sa main.

-Moi aussi.

Elle acquiesce, un léger sourire apparaissant sur son visage tendu. Nos mains s'enlacent alors que nous continuons notre trajet pour arriver chez moi, chez lui.

-Tiens. Dis-je à Alya en lui tendant une arme. C'est au cas-où ça se passe mal.

Alya écarquille les yeux de stupeur.

-Bordel de merde ! Non, je ne prendrais jamais ton flingue ! s'exclame-t-elle.

-C'est juste au cas où, peut-être que tu n'auras même pas besoin de t'en servir. J'insiste.

-Bon sang, mais t'es fou !! Je ne sais même pas m'en servir ! Et comment ça « au cas où » ?!

-Ecoute, je suis sûr que tout ira bien, mais on ne peut pas savoir ce que mon père à prévu. S'il te plait, garde-le.

Elle me regarde sans rien dire, tandis que je lui tend le flingue puis lui explique rapidement comment enlever le cran de sureté. L'arme est petite, je peux donc la caché dans sa bottine sans que l'on puisse la voir.

-Ewen, je te jure que si je dois m'en servir, je te tue avec.

Nous franchissons le grand portail tandis que la voiture se gare dans l'allée, ça fait des années que je ne suis pas venue, et pourtant, rien n'a changé. La maison est toujours aussi grande et majestueuse et le jardin est toujours aussi fleuri.

La voiture s'arrête, et la porte d'entrée s'ouvre au même moment.

Il nous attendait.

Il savait que nous allions venir.

Sans grande surprise, Pietro franchit le seuil avec un grand sourire aux lèvres, accompagné de ma sœur, Chiara.

L'équipe de choc...

-Ewen, mio figlio ! Alya... Je vous attendais...

Pour l'effet de surprise, c'est raté...

Je lance un regard à Alya pour la rassurer sentant son regard nerveux sur moi.

Nous nous approchons doucement vers la maison, vers eux.

-Papà, bisogno di parlare. Je déclare fermement. 

amnəsiaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant