Chapitre 3 - Poppy 🎭

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Les yeux écarquillés, je m'extirpe de mon lit à toute vitesse en réalisant l'heure.

La poisse, je suis en retard !

J'attrape les premières fringues que je trouve et les enfile à la hâte. Je ne peux pas me permettre de rater le cours de Mme Blake, elle serait capable de ne plus m'accepter au prochain. Ses leçons de scénarisation sont essentielles pour valider mon année. Cette prof est connue pour être l'une des plus strictes de ma spécialisation.

En quittant ma chambre, je passe en quatrième vitesse à la salle de bain, et plus rapide que mon ombre, je descends les escaliers, mais avant d'atteindre la porte principale, ma mère m'intercepte.

— Je peux savoir où tu vas avec autant d'empressement ?

— Je suis en retard !

— Il est hors de question que tu partes sans prendre ton traitement, Poppy Turner.

Mince, avec toute cette agitation, j'étais à deux doigts d'oublier ces fichus médocs.

— Je le prendrai dans la voiture.

— Tu sais très bien que tu ne dois pas le faire le ventre vide, me gronde-t-elle. Alors viens déjeuner avec nous. C'est non-négociable, jeune fille.

À cet instant, Mary Elisabeth Miller a l'air beaucoup plus âgée par rapport à la réalité. Ses sourcils froncés et ses traits fermés ne laissent aucune place à la réplique. Je me vois obligée d'obtempérer.

— La prochaine fois, si tu ne veux pas être en retard, lève-toi plus tôt.

Au lieu de répliquer, je me contente d'acquiescer et de la suivre jusqu'à la cuisine, où mon petit frère se trouve assis autour de l'îlot central en train de dévorer ses Chocapics. La bouche pleine, il me dit bonjour à l'aide d'un grand sourire. Je me penche pour lui embrasser le sommet de la tête et prends place à ses côtés.

Il est rare que je ne prenne pas mon petit dej' avec eux. Beth est une excellence cuisinière. Lorsqu'elle n'écrit pas ses livres de développement personnel, elle est forcément derrière les fourneaux. D'ailleurs, aux dernières nouvelles, son éditeur lui a demandé de faire une deuxième partie à son plus grand succès, « Comment gérer les échecs et les affronter ». Étant psy, elle a quitté son travail dans son cabinet avant de venir nous installer à Oak Ridge et depuis, elle écrit, toujours en tentant d'aider les autres.

Ma mère me sert un jus d'orange récemment pressé ainsi qu'une assiette bien garnie avec des œufs brouillés, deux tranches de bacon croustillantes, des fraises et deux pancakes. Et pour finir, mon petit verre en plastique où se trouvent mes immunosuppresseurs que je dois prendre deux fois par jour. Tous ont pour but d'empêcher mon organisme de rejeter ma greffe de cœur. Ils affaiblissent mon système immunitaire, voilà pourquoi je dois faire très attention avec les infections. En somme, je ne peux pas prendre le risque de tomber malade. Une grippe pourrait sans grand mal me causer la mort.

Avant de les avaler d'un coup sec, je mange d'abord quelques fraises et une partie de mes œufs. Après quoi, tel un shot de téquila, je les descends cul sec grâce au jus de fruit.

— Ton père m'a appelé ce matin, me confie-t-elle.

Face à cette nouvelle, les pilules me restent coincées en travers de la gorge. Cela fait près de deux ans que je n'ai pas revu mon paternel. Les pères absents, ce n'est pas ce qui manque dans notre société. J'ai toujours compris son amour et son obsession pour son travail. Ma mère n'a pas supporté ce mode de vie, alors lorsque j'ai eu huit ans, elle a demandé le divorce et m'a emmené avec elle. Il n'y avait pas d'autre option possible. Elle savait que mon père ne s'occuperait jamais de moi, et il n'a jamais réclamé la garde partagée. Non, il était bien trop occupé à chasser les tornades.

Oak Ridge Campus #2 Knight © (SOUS CONTRAT D'ÉDITION)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant