Chapitre 35 - Poppy 🎭

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— Mesdemoiselles Turner et Sullivan, commence le doyen Spencer, l'air blasé et à la fois exaspéré. Qu'est-ce qui vous a pris, bon sang ?

Assises en face de cet homme éminant, je garde la tête haute tandis que le haut de ma robe pendouille sur mon épaule. Quant à Harper, ce sont ses cheveux qui ont pris cher. Elle m'a cherché, elle m'a trouvé.

Pourtant, ce matin, j'étais de très bonne humeur. Cela faisait des jours que je ne m'étais pas levée d'un si bon pied, et oui, le baiser torride de la veille avec Knight en était la principale cause. Enfin, pas juste le baiser, mais aussi ses gestes, ses paroles... j'ai fondu pour lui comme un glaçon sous le soleil d'un été caniculaire. Après tout, comment ne pas succomber à son magnétisme, à cette attirance qui ne cesse d'accroître entre nous ? Il m'a retourné le cerveau, le cœur, tandis qu'il m'embrassait comme s'il voulait me dévorer. J'ai adoré ce moment, presque interdit, enfermés dans la cabine de projection. Tout aurait pu partir en vrille, je voulais que ça dérape, comme quelques semaines plus tôt. J'avais hâte qu'il défasse sa ceinture et qu'il me pilonne comme il sait si bien le faire contre le mur, mes jambes autour de sa taille.

Heureusement, il a eu plus de jugeote que moi. À cet instant-là, il aurait pu me demander n'importe quoi, je me serais exécutée. J'avais trop envie de lui, mon corps le réclamait comme jamais, et cette fois, je n'ai lu aucun regret dans ses yeux. Je n'y ai vu que de la passion pure et dure, de la luxure à l'état brut. Lire toutes ces émotions dans son regard, d'abord la colère, suivie de près par le désir et finalement par une douceur extrême, a enflammé chaque particule de mon être et grillé quelques-uns de mes neurones. Je n'arrivais plus à penser, je voulais simplement qu'il vienne en moi, qu'il me fasse du bien. Et finalement, même si nous ne sommes pas allés au bout, je me suis sentie apaisée, en phase avec moi-même après des journées éprouvantes.

Pour la première fois depuis samedi, j'ai pu dormir plus de trois heures dans la nuit, et mon sommeil a été réparateur. En me levant ce matin, j'avais en tête sa dernière phrase :

« C'est toi, Pops ».

Est-ce que je lui appartiens ?

Je n'ai cessé de me poser cette question toute la matinée, un sourire niais collé sur le visage. Notre confrontation d'hier a été comme une bouffée d'air frais. Ne suis-je donc pas un peu tordue ? Mais j'aime cette dynamique entre nous, les piques, les coups bas et... cette tension qui met tous mes sens en émoi. Je suis heureuse de constater que les actes de Kwan ne m'ont pas dégoûtée des rapprochements physiques. Hier, je ne quémandais que ça.

Cependant... ma bonne humeur a été complètement effacée lorsqu'Harper a fait irruption dans la salle d'essayage, pendant notre répétition quotidienne, et a observé Amy rajuster ma robe. Elle m'allait un peu trop grand. Il faut dire que je n'ai pas spécialement mangé ces derniers jours, je n'avais pas d'appétit. Et oui, j'ai perdu un peu de poids en seulement quelques jours, ce qui n'a pas échappé à l'œil aiguisé de cette peste.

« On dirait que toute cette histoire avec Kwan t'a été bénéfique : tu as réussi à maigrir. Qui l'aurait cru ? », a-t-elle proféré alors que je me regardais dans le miroir qui me faisait face. À travers son reflet dans la glace, j'ai vu sa moue narquoise, fière de son petit effet. Puis j'ai eu une sorte de déclic, et ni une ni deux, je me suis ruée sur elle. Il y avait tellement de colère cumulée en moi, de frustration, d'humiliation, qu'elle a pris cher. Je peux encore entendre son cri de douleur lorsque je lui ai arraché une de ses extensions.

Voilà pourquoi nous nous sommes retrouvées dans le bureau du doyen, à l'instar de deux collégiennes qui se seraient battues dans la cour d'école. Elle s'est défendue, mais elle ne s'attendait clairement pas à ce que je riposte, surtout physiquement.

Oak Ridge Campus #2 Knight © (SOUS CONTRAT D'ÉDITION)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant