Chapitre 24 - Knight ⚾

1.7K 180 212
                                    

J'ai déconné.

J'ai déconné comme pas permis.

Est-ce que je regrette ? Bordel, non.

Est-ce que je me sens coupable de ne rien regretter ? Putain de merde, oui.

À quel moment ai-je cru qu'il serait judicieux de me taper la fille de mon coach, qui est accessoirement la meilleure amie de la copine de mon meilleur pote ? Sans oublier que Poppy... putain, c'est Poppy.

Un mug à café fumant entre les mains, le regard rivé vers l'entrée du couloir de chez moi, j'ai encore du mal à réaliser tout ce qui s'est produit il y a encore quelques heures. C'était tellement... intense. Inattendu. Et grisant.

Cette tension ; ces confidences ; cette façon de me mettre à nu face à elle ; cette manière de m'écouter sans me prendre en pitié ; sa curiosité ; sa gentillesse malgré mon comportement de sale con... Tous ces éléments ont eu raison de moi. Une chose en amenant une autre, j'ai dérapé, et elle n'a rien fait pour me repousser. Nous nous sommes tous les deux laissés submerger par l'instant, nos émotions et Seigneur, le résultat a été des plus satisfaisants.

Ça faisait un moment que je n'avais pas couché avec une femme, alors j'ignore si c'est le manque, l'envie ou le tout combiné, mais c'était carrément explosif. Malgré les heures qui se sont écoulées, je me remémore chaque instant comme si je le vivais dans la seconde. Son souffle chaud, son odeur alléchante, son goût exquis et les spasmes qui secouaient tout son corps ; la façon dont son sexe enserrait le mien, le cajolait entre ses parois tendues jusqu'à l'amener à la jouissance ultime. Chaque recoin de son corps semblait avoir été créé pour que je m'en délecte.

À présent, à lueur du jour et alors que l'excitation est retombée, je ne peux m'empêcher de voir les choses sous un autre angle. L'esprit dégagé, je me rends compte à quel point nos décisions de la veille sont une erreur. Nous n'aurions jamais dû succomber. Ce qui s'est produit dans cette salle de bain est dément. Fais chier ! Le fait d'y songer me fait bander.

Je me revois, la pilonner sans répit contre le meuble vasque, ses jambes autour de ma taille, sa bouche contre la mienne et ses gémissements avalés par mon souffle qui se mêlait au sien. Les émotions à son maximum, une fois l'instant achevé, j'ai mis quelques instants à retrouver mes esprits.

Après ça, je l'ai ramenée au lit et l'ai bordée. Nous n'avons pas parlé, elle s'est endormie, éreintée. Quant à moi, j'ai été incapable de fermer l'œil après ça. Alors je suis parti à la cuisine, où j'ai enchainé café sur café sans cesser de cogiter, de me torturer. Est-ce que je m'en veux ? Oui. Oui, parce que je suis conscient que je ne peux pas donner à Poppy ce qu'elle convoite.

Elle n'a pas eu besoin de me le dire, je l'ai vu dans chaque regard dont elle m'a gratifié, dans chaque baiser que nous avons échangé.

En ce qui me concerne, je ne sais toujours pas ce que signifie ce qui s'est produit entre nous. C'était intense, certes, cependant une peur primitive me prend aux tripes depuis. Elle me paralyse, m'empêche de respirer à mon aise.

Les jumeaux sont partis pour l'école il y a tout juste trente minutes. Je me suis occupé de leur préparer le p'tit dej et de leur concocter un repas pour midi. Discrètement, je les ai interrogés au sujet de cette nuit. À mon plus grand soulagement, ils n'ont rien entendu, que ce soit dans la chambre ou en-dehors.

Enfoui dans mes pensées, je fixe le liquide noir dans ma tasse. Faire face à Poppy m'angoisse, j'ignore comment aborder le sujet. Peu importe la manière dont je m'y prendrai, je vais passer pour un salaud. Et je le suis, sans doute.

La seule chose que je sais, c'est que je n'ai rien à offrir et que je n'ai pas le temps de me prendre la tête. J'ai trop de choses dans ma vie, et cela fait des années que j'ai décrété que les relations sérieuses étaient à bannir. J'ai essayé, au moins deux fois, et je pense avoir suffisamment donné. Une chose est sûre : ma famille est ma priorité, ce qui signifie que ma mère, mes sœurs et mes frères passent avant tout. Même avant le baseball. Une copine a du mal à se voir reléguée à un deuxième ou à un troisième plan.

Oak Ridge Campus #2 Knight © (SOUS CONTRAT D'ÉDITION)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant