— Les mecs, ce sont des sacs à merde.
Habillée de mon pyjama et assise autour de l'îlot central de la cuisine de Brooke, j'avale une cuillerée de glace à la vanille. Mon amie m'imite, à l'instar de sa grand-mère qui a décidé de nous rejoindre. L'aura de mamie Bernadette est vraiment apaisante, elle a un esprit tellement jeune que j'ai parfois du mal à réaliser qu'elle a plus de soixante-dix ans. Elle est une véritable bouffée d'air frais.
Cette dernière rigole face à mon insulte, mais elle ne réplique pas. Elle se contente de prendre Milo, son petit yorkshire, dans ses bras pour lui assener quelques caresses derrière les oreilles.
Après mon départ de Richmond la veille, je me suis jurée de ne surtout pas pleurer. Et j'ai tenu bon, jusqu'à aujourd'hui, où j'ai carrément pété un plomb après ma répétition de Our Town. Disons qu'apprendre qu'on allait retirer le peu de répliques de mon personnage a été la goutte de trop. Cette garce d'Harper a eu ce qu'elle voulait, monopoliser toute l'attention et réduire mon intervention dans la pièce qu'à une simple figurante. J'aurais pu me retirer, si seulement le costume n'avait pas été confectionné à ma taille. De ce fait, je suis obligée de ravaler mon orgueil et de participer à cette pantomime. Ça m'a tellement blasé que je n'ai même pas cherché à demander des comptes à M. O'Brien. À quoi bon ? Il aurait pris la défense de cette sale peste, alors pourquoi me fatiguer ? Visiblement, se battre, s'acharner, ça ne sert strictement à rien, si ce n'est à paraître pathétique, totalement ridicule.
Ça me met tellement en colère. Je n'arrive pas à comprendre ce qui cloche, pourquoi cette pimbêche de blondasse a tellement de pouvoir. Une belle manipulatrice, voilà ce qu'elle est. Si un jour la rumeur circule qu'elle se tape cette saleté de prof, je n'en serai même pas étonnée.
Enfin bref, ça m'a miné le moral et j'ai explosé une fois le cours terminé. J'ai appelé Brooke et elle m'a proposé de venir me réfugier chez elle en ce vendredi soir. Elle a aussi invité Max, mais elle avait déjà quelque chose de prévu. Même si je pense plutôt qu'elle n'avait aucune envie de délaisser ses jeux vidéo en ligne pour m'écouter geindre. Je ne peux même pas lui en vouloir, après tout, Max est Max, j'ai appris à la brosser dans le sens du poil au fil des mois. Par conséquent, Bernadette a pris la place de notre amie.
— Tous les hommes ne sont pas des raclures, soupire Brooke, mais je comprends parfaitement ta colère, Poppy.
Oui, mieux que personne, elle sait à quel point la gent masculine peut s'avérer horrible.
— Knight n'a pas eu un bon comportement, et je suis... navrée.
Oui, moi aussi. J'aurais clairement souhaité que ça se passe autrement, surtout... Non, je préfère ne pas y penser. Pas maintenant du moins. Même si j'ai mémorisé chaque instant de ce moment volé, ce soir, je ne veux pas être ensevelie sous toutes les émotions qu'il m'a fait éprouver.
— On ne s'était rien promis de toute façon.
La voilà la vérité. Je savais qu'il y avait de fortes chances pour que le charme, notre petite bulle, éclate au matin. Mentalement, je pensais m'y être préparée, mais j'imagine que les déceptions sont toujours difficiles à encaisser, même si nous avons envisagé le pire.
— Oui, mais il te plaît, affirme Brooke.
Elle sait, je sais, Bernadette sait, et même Milo. Si ça se trouve, Oak Ridge tout entier est au courant de l'attirance que je ressens pour Knight depuis plus de deux ans.
Pathétique, pas vrai ? Le mec me jette comme une vieille chaussette, et au lieu de reprendre ma vie en main comme s'il n'existait pas, je me morfonds sur mon sort. Cette espèce de poids au creux de ma poitrine ne s'en va pas, on dirait qu'il s'ancre de plus en plus en moi, telle une enclume au fond de l'océan.
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Oak Ridge Campus #2 Knight © (SOUS CONTRAT D'ÉDITION)
Roman d'amour#campus #romance #baseball #enemiestolovers #maladie #spicy "Dans le diamant, nous brillons, éblouis par la gloire." La poisse semble coller à la peau de Knight, le lanceur vedette de l'équipe de baseball de l'université d'Oak Ridge. Que ce soit da...